La Tâche

11 m, 44 h

Il y avait autrefois dans ce village un château détruit vers 1820, qui relevait de Mondon à hommage lige à mutation d’homme et de seigneur, au serment de fidélité, et qui possédait un fief important ; le dénombrement rendu le 1er mars 1439 par Guiard de Brilhac en fait foi.
Ce seigneur dit posséder :
– Son hébergement de La Tâche avec ses dépendances, vergers, garenne, prés et bois le moulin du dit lieu avec les mousnans et l’écluse ;
– Les hom­mes taillables et corvéables de ce village ;
– Les villages de La Lédatière, L’Age-du-Larc, Le Peu-de-la-Tâche, La Cro­chepalière, La Gréminière, La Lande ;
– Des rentes sur Mont­brugnaud, Margot,
– Le lieu et tenue Jean Gilet, paroisse de Saint-Sulpice ;
– Le lieu et tenue de Guilhot de La Salesse, paroisse d’Arnac ;
– La dîme du Reclou, même paroisse, sur les hommes de La Lédatière ;
– Le bois de La Fa contenant. 50 s. ou arpents ;
– Le lieu Aufier tenu par Ponche de La Lédalière ;
– 40 s. de terres en friche,
– etc.

Guiard, qui avait épousé Marthe de Pompadour, laissa La Tâche à sa fille Marguerite, mariée à Georges Imbault, seigneur de Villemexant celui-ci vendit cette terre le 24 mars 1517 à Antoine Benoist, curé de Saint-Benoit-du-Sault, moyennant 500 l. Il rendait aveu le 18 août 1518 (9400).
Quelques années après, cette seigneurie est entre les mains de la famille de Montbel, originaire de Savoie ; la communi­cation de ses archives nous permet de lui consacrer une notice détaillée.

Le premier fixé dans notre contrée est François de Mont­bel, qui, d’après un mémoire du XVIIe siècle, vint accompagner eu France le prince de la maison de Savoie dont nous avons indiqué l’internement à Mondon. Le duc de Savoie, pour le récompenser de ses services, le nomma gouverneur de ses châteaux de Fleix, Marval et Mondon.
Le 20 juillet 1500, il baillait à rente une maison située à Bort, paroissede Saint-Hilaire ; de François Vergnaud, sans doute de la famille des seigneurs de Grand Fa, il laissa Jean, qui suit Maurice, capitaine de Fleix et Mondon, qui testait le 15 sept. 1532 ; Jacques, aussi capitaine de Mondon, époux de Jeanne de Vérines.
Jean de Montbel, seigneur de La TAche et Champeron, capitaine des mêmes terres, obtenait, le 12 févr. 1527, des lettres royaux lui permettant de poursuivre les habitants de Fleix qui refusaient de lui payer le droit de guet. En 1529, lui et son frère Maurice, traduits en justice par le procureur du duc de Savoie pour mauvaise gestion, furent relaxés à l’assise de Mondon tenue le 29 déc.
En 1536, se trouvant en qualité d’homme d’armes des ordonnances du roi au camp et pays de Prouvence. il obtenait des lettres de répit. Le 10 janvier 1538, lui et se femme, Françoise de Bridiers, font donation à leur fils Nicolas, étu­diant à Poitiers, en faveur de ses études, du lieu noble de La Tâche et de la métairie de Bonnevault, dépendant de Fleix ; ils eurent encore le suivant et deux filles.
Guillaume de Montbel, seigneur de La Tâche, épousa par contrat du 21 avril 1558 Gillon Pot, fille du seigneur de Lavaupot. Il rendit aveu à Mondon le 15 sept. 1597 pour le fief de La Tâche comprenant maison noble, fuye, garenne, moulin bannier, et tenant au chemin qui va de Pierre Levée à la rivière de la Grêle, aux bois de Lavaupot, au chemin de Piégut, au moulin de La Tâche et au chemin qui va des gorces de Chez-Nicaud à la rivière de la Roche.
Le 8 mars 1609, il dicte son testament au vicaire de Mailhac ; il veut être inhumé dans l’église de Mailhac, aux tombeaux de ses prédécesseurs ; il ordonne une charité à tous les dimanches, pendant un an, comme pour un gentil­homme, et un dîner à tous ceux qui accompagneront son corps. Il fonde une messe tous les 15 jours dans sa cha­pelle de La Tâche et donne, à cette fin, le pré de La Prade. Il distribue ensuite à son fils Jean, La Tâche, à Guillaume, son autre fils, Champeron, à sa fille Jeanne, dame de Noboys, 400 l., une vache et son veau. Il les charge de donner à l’église “ une chappe bell et honeste ”. Il eut aussi, croyons-nous, Jean de Montbel, religieux de l’abbaye du Bourg-Dieu, prieur de Mouhet et Mailhac, aumônier du prince de Condé.
Jacques de Montbel, seigneur de La Tâche, fut exempt des gardes du roi et écuyer de sa grande écurie ; il se maria trois fois par contrat du 15 sept. 1585 à Jeanne L’Huillier, par contrat du 30 juill. 1595 à Avoye de L’Age ; enfin par contrat du 25 avril 1599 à Anne d’Eaux, fille du seigneur de La Counilière.
Il avait embrassé le parti de la Ligue, et nous le trouvons en 1591-1593 à la fameuse défense de Poitiers, sous le com­mandement du vicomte de La Guerche ; celui-ci et le conseil de la ville lui firent allouer, par la suite, une somme de 200 écus pour ses services ; cette somme ayant été rayée sur les rôles de l’élection du Blanc, le roi ordonna le réta­blissement par lettres du 6 janv. 1600, attendu que l’art. 21 de l’édit sur la réduction de la ville de Poitiers porte que les deniers dus aux gens de guerre étant dans cette ville seront payés par le trésor royal ; au besoin, le roi déclare lui faire à nouveau don de cette somme en considération de ses services.
Il obtint en fév. 1614 et juin 1627 des lettres de sauve­garde pour lui et sa famille.
De son dernier mariage, il laissa Jean, Bonaventure, femme du seigneur de Masmeau, et Anne, mariée à Jacques Robert, seigneur du Chaslard, frère de l’historien du Dorat.
Jean de Montbel, seigneur de La Tâche et Grand-Fa, gouverneur de la vicomté de Bridiers, fut dispensé, le 4août 1635, par le comte de Parabère, gouverneur du Poitou, de se rendre au ban de la noblesse convoqué eu Champagne, “ à cause de l’incommodité qu’il a au bras gauche dont il est estropié, d’autant que le seigneurdes Fontaines-Montlebeau lui a promis, moyennant qu’il lui aide à son équipage, de servir pour deux ”.
Il épousa :
– 1° à Arnac le 16 fév. 1632, Isabelle Guillot, fille de Jean, seigneurdu Bois, et de Claude Philippes ;
De ce premier mariage, il eut André, qui suit ; Marie, femme de François Igonin, seigneur de La Gorce
– 2° le 22 déc. 1637, Catherine Pignonneau. ;
De ce secondmariage, il eut Henri, blessé au combat de Senef, puis brigadier des gardes du corps ; Jean, qui accom­pagna le duc de la Feuillade, allant secourir Candie, assié­gée par les Turcs, et qui, le 9 mars 1677, se trouvant au siège de Valenciennes, dans les gardes du corps, eut le bras gauche emporté par un boulet de canon ; il mourut des suites de cette blessure trente jours après.

André de Montbel, seigneur de La Tache et Aureis, fut maintenu noble le 19 juill. 1669 ; le 2 juin précédent, il avait épousé Louise de la Chastre (1) ; celle-ci fut inhumée dans l’église de Mailhac, près de l’autel de la Vierge, le 21 juill. 1702, laissant Jean-Gabriel ; Balthazar, capitaine au régiment de Bretagne, mort, célibataire en 1707 ; Marie, pensionnaire à Saint-Joseph de Montmorillon.

(1)  Les généalogistes font remarquer que cette dame était la cousine germaine de Jean Sobieski, roi de Pologne ; celui-ci, en effet, avait épousé Marie-Casimire de la Grange, fille de Henri et de Françoise de la Chastre ; cette dernière, sœur de René de la Chastre, père de Madame de Montbel.

Jean-Gabriel de Montbel, seigneur de La Tâche, né au dit lieu le 6 juill. 1670, capitaine au régiment de Limoges, s’allia par contrat du 15 mars 1698 à Marie-Thérèse de Nollet ; il fut inhumé dans l’église de Mailhac le 30 juin 1733 ayant eu : Louis-Jacques-Joseph (1er mars 1699), baron de La Tâche, mort le 22 mars 1785, sans enfants de Marie-Anne d’Anglebert ; François-Balthazard, lieutenant au régiment d’Archiac, mort dans les guerres d’Allemagne ; Pierre (23 juill. 1702), seigneur des Cicardières, brigadier des gardes du corps, garde de la manche de S. M., chevalier de Saint­-Louis, mort pensionné du roi en 1766 ; Louis (1704 † 1755), garde de la manche ; François-Xavier, qui suit ; Marthe (1707), admise à Saint-Cyr en 1729, etc.
François-Xavier de Montbel, né le 3o juill. 1706, garde de la manche, capitaine de cavalerie, épousa la fille du seigneur de Lascroux, dont il eut Joseph, ci-après François-Sébas­tien, seigneur des Cicardières, lieutenant au régiment d’Auvergne
Marguerite-Scholastique, admise à Saint-Cyr en 1762 ; Marie­ Justine, admise en 1767, mariée le 9 janvier 1787, dans la chapelle du château de La Tâche, à Jean-Jacques de Pons ; François-Esprit-Marie, seigneur de Lascroux.

Joseph, marquis de Monlbel, seigneur de La Tâche, comme héritier de son oncle, Louis-Jacques-Joseph, épousa par con­trat du 2 nov. 1779 Marie-Rosalie Lignaud de Lussac, fille du marquis de Lussac. Né au Dorat le 20 janv. 1755, il fut admis en 1765 à l’Ecole militaire et servit ensuite comme lieutenant au régiment d’Artois. Le 19 av. 1774, il reçut la croix de chevalier de Saint-Lazare. A la Révolution il émigra et ses biens furent vendus nationalement. Il eut au moins trois enfants Charles-Adolphe-Zéphirin (20 déc. 1787)

Marie-Jeanne-Eulalic (11 fév. 1782), nommée le 28 mars 1821 chanoinesse de Sainte-Anne de Munich, et Marie-Jus­tine-Antoinette (13 janv. 1784). En ces derniers s’éteignit cette branche ; ajoutons que les deux ministres de ce nom n’appartenaient pas à cette famille