La famille La Trémoille

La famille La Trémoille ayant fait l’objet de nombreux travaux généalogiques, nous ne relaterons que très sommairement la suite des seigneurs de Lussac lui ayant appartenu.

 Son fils, Gui 1er prit part à la première croisade en 1096; il est père de Guillaume. Viennent ensuite Guil­lebaud, Audebert, Humbert, mort avant 1240, laissant : Audebert (voir ci-après) Amiel, seigneur de Lussac en partie, mort en 1257, dont nous parlerons à propos du Fief ; Guillebaud et Gui, tous co-seigneurs de Lussac.

Audebert de La Trémoille sénéchal de la Marche, légua, par son testament de fév. 1247, 12 d. à l’église de Lussac : il avait épousé Aliénor de Chateauguillaume, qui fait pareil don le 1er janv. 1262.

C’est à leur fils, Gui II, que se rapporte l’intéressante charte d’affranchissement que nous publierons à la notice sur Montbon.

Gui II, Gui IV et Gui V, grand pannetier de France, furent enterrés dans l’église de la Colombe ; Gui VI, cham­bellan du roi, garde de l’oriflamme de France, surnommé le vaillant chevalier, accense le 6 sept. 1392, à Guillaume Alanyecte et à sa femme, “ nostre homme et femme de Lussac, une place assise en nostre ville de Lussac-les-Eglises, joute et touchant au grant chemin par lequel l’on venait de la grant église au Dorat, et joute et devant le vivyer de Lussac, led.. chemin entre deulx, et joute nostre four, et joute les foussez ”. Il mourut en 1398.

Son fils, Georges de Trémoille, fut premier ministre d’Etat et chambellan de Charles VII. Il mourut en 1446 en laissant Louis, vicomte de Thouars, époux de Marguerite d’Amboise.
Celui-ci, après les guerres anglaises, s’occupa de repeupler le pays où de nombreux héritages et domaines étaient en “ guasf, ruines et non valeur ”. Le 15 janv. 1469, il donnait tous pouvoirs à son receveur, Guillaume Touzeau, pour les bailler à rente à de nouveaux tenanciers. Le 5 août 1473, il mandait au même de percevoir sur ses sujets de Lussac les aides que ceux-ci lui devaient à l’occasion du mariage de sa fille avec le comte de Tonnerre*.

*  Les La Trémoille pendant cinq siècles, t. II, p. VII.

Louis, peu de mois avant sa mort, se remaria à Annette Maincet du Breul ; par son contrat du 14 sept. 1482, il fit don à sa femme des seigneuries de Veraix, près Tours, et de Lussac-­les-Eglises valant ensemble 3oo l. de rente ; elle les rétrocéda aux héritiers de Louis par acte du 22 avril 1484 moyennant 2250 écus d’or*.

  *  Id., p. 21

Après son décès, des commissaires furent nommés pour régler sa succession et se transporter dans tous ses domaines. Le 2 juin 1484, ils étaient à Lussac, où ils convoquèrent le juge et, divers personnages du pays ; sur leurs indications, ils dressèrent un état de la seigneurie de Lussac, auquel nous avons fait de nombreux emprunts.
A la suite de ces opérations, un partage fut dressé et Lussac attribué à son fils cadet, Georges, seigneur de Jonvelle, qui fut chambellan du roi et lieutenant général en Bour­gogne.
De ce dernier Madeleine d’Azay ne laissa qu’une fille, Jacqueline, mariée le 13 janv. 1529 à Claude Gouffier, duc de Roannès, grand écuyer de France, capitaine de cent gentilshommes de la maison du roi, à qui elle apporta Lussac. Elle mourut à Chinon, où elle avait été transportée, par ordre du roi, le 4 oct. 1544. Sa fille unique, Claude, épousa, le 15 fév. 1549, Léonor Chabot, comte de Charny, grand écuyer de France, lieutenant général en Bourgogne, d’où Charlotte Chabot, femme, en 1578, de Jacques le Veneur, comte de Tillières, bailli et gouverneur de Rouen, lieutenant général en Normandie.
Le 6 avril 1595, Jacques le Veneur et sa femme vendirent la terre et châtellenie de Lussac à Marie Mauclerc, baronne du Ris-Chauveron, veuve de Jacques de Saint-Savin et d’An­toine Lignaud, moyennant 6,666 écus 40 s.
Cette somme avait été stipulée payable à Paris le 1er nov. suivant devant les notaires du Châtelet, mais le 2, ceux-ci constatent que Marie Mauclerc “ faisant acheminer son argent, auroit esté rencontrée et volée par les gens de guerre estans à Nantes, son fils et autres de sa suite, emmenéz prisonnier et jugéz de prise avec tout l’argent trouvé avec elle ”.
Lussac était en vente depuis déjà quelque temps, car par lettres du 19 avril 1593, données à Nantes, le roi avait gratifié Jean de La Chaise, secrétaire ordinaire de sa cham­bre, président en l’élection d’Abbeville, des deniers qui pourraient lui être dus pour droits de lots et ventes lors de l’aliénation de Lussac. La chambre des Comptes trouva ce don exagéré et ne le ratifia que pour les deux tiers par son arrêt du 29 nov. 1595.
Marie Mauclerc, qui rendit aveu pour Lussac le 14 mars 1598, mourut le 5 mars 1604. Elle avait fait son testament le 22 mars 1596 à Tours, où elle était tombée malade à l’hôtellerie de la Réalle. Elle veut que son corps soit apporté en son château de l’Age-Bernard d’où le curé de Lussac, son vicaire, les prêtres habitués au nombre de 13 et 6 cordeliers le conduiront à l’église d’Azat où elle désire être enterrée. Son corps sera accompagné par 60 pauvres de Lussac, chacun portant une torche ardente d’une livre et demie de cire, à chacun desquels il sera donné une aune de drap noir du prix de 100 s. qu’ils porteront sur leurs épaules et à chacune des torches sera attaché un écusson portant les armoiries de lad. Dame ; chaque pauvre recevra 2 s. Il sera également acheté un seau ou ampoule du poids de 6 l. de cire qui sera porté devant le corps. Chaque prêtre touchera 15 s. et chaque cordelier 30 s. Un de ces derniers prononcera l’oraison funèbre et touchera 2 écus. Elle veut en outre qu’à sa sépulture y “ assiste 5 filles des plus pauvres de ses châtellenies de Lussac et d’Azat, lesquelles seront choisies par ses exécuteurs, à chacune desquelles elle donne 20 écus pour ayder à les marier ”.
Elle donne une rente de 15 écus pour fonder 3 messes par semaine dans la chapelle de l’Age-Bernard. Elle lègue à ses enfants du second lit ses meubles et ses acquêts, parmi ces derniers se trouvait la terre de Lussac, et elle les charge de faire mettre une ceinture timbrée des armes de lad. dame à toutes les églises de ses châtellenies et à ses chapelles du Ris et de l’Age, pour lesd. timbres y demeurer perpétuellement.

Son fils aîné, René Lignaud, baron du Ris-Chauveron, seigneur de Lussac, l’Age-Bernard, le Fief Lussaçois, fut successivement chevalier de l’ordre du roi, gentilhomme ordinaire de sa chambre, lieutenant de la compagnie de M. de Sully, puis capitaine de 100 hommes d’armes des ordonnances*.

*  De Jeanne de Saint-Savin, il eut un fils naturel, Jean, baptisé à Lussac, le 15 nov. 1602.

Il fut tenu en grande estime par Henri IV et Louis XIII et nous avons dit plus haut que c’est à sa prière que le premier octroya des foires à Lussac. Le 6 août 1620 le roi lui écrivait, de La Flèche, une lettre par laquelle, après avoir fait l’éloge de son mérite, il l’exhorte à le servir avec le même zèle et la même affection qu’il avait accoutumé de le servir dans toutes les affaires qui s’étaient présentées. Au siège de Montauban, Sully l’envoya aux protestants qui défendaient cette place pour les ramener au roi. Son panégyrique, dû à Robert du Dorat, se trouve dans dom Fonteneau, t. XLV, p. 476.
René Lignaud, avait épousé, le 1er sept. 1605, Esther de Rabaine, et laissa trois fils et deux filles : Maximilien, suit ; Georges ; Olivier, seigneur d’Orville capitaine de gens de pied, mort le 6 sept. 1652 ; Jeanne, religieuse à La Règle de Limoges ; Esther, mariée par contrat du 9 juillet 1628 à François Estourneau, elle avait abjuré le 16 nov. 1625 devant un récollet du Dorat.

Maximilien Lignaud, qui était filleul du fameux ministre Sully, prit d’abord le titre de baron de Lussac (1654), puis celui de marquis (1661).
Il servit à l’armée de Picardie et reçut une blessure à la jambe au siège de Lille. Il fut maintenu dans sa noblesse par ordonnance de l’intendant du 18 sept. 1669*. Il décéda le 12 oct. 1674, ayant eu Anne de Barbançois : Robert, suit; Antoine-François, né en 1652 et baptisé le 12 février 1647; il eut pour parrain le marquis de Magnac; Louise, mariée à Antoine de la Couture-Renon, et Marie-­Esther, épouse de François de Gain.

*  Il rendit aveu pour Lussac le 12 déc. 1665 ; cet acte est scellé d’un cachet de cire rouge, portant 2 écussons : l’un écartelé au 1, 3 merlettes (Lignaud), au 2, 3 coquilles (de Rabaine), au 3, une croix (Mauclerc ou Couraud) ; au 4, semé de fleur de lis ? ; l’autre écusson porte les 3 têtes de léopard des de Barbançois.

Robert Lignaud, marquis de Lussac, naquit à L’Age-­Bernard le 19 juin 1639. Il porta les armes d’abord en Picardie, puis rejoignit l’armée de Flandre et se comporta vaillamment le 11 août 1674 au combat de Senef. Le 26 février 1680 il fut nommé lieutenant des maréchaux de France et juge sur le point d’honneur pour les provinces du Poitou et Basse-Marche. Il fut enseveli le 15 janvier 1693 dans le chœur de l’église de Lussac. Il avait épousé, le 21 août 1680, Françoise le Roux.
A l’occasion du décès de son fils, Louis-Léon, chevalier de Malte, il voulut faire reconnaître ses droits de sépulture dans l’abbaye de la Colombe, dans les tombeaux qui sont à droite en entrant devant la chapelle Saint Jean. Le 2 septembre 1691, il charge ses officiers de justice d’aller trouver les religieux et de les informer qu’il veut y transporter son fils, décédé la veille. Ceux-là se rendent à la Colombe et font sommation à l’abbé Pierre de la Salle qui répond que depuis 350 ans que les tombeaux sont dans l’église on n’y a enterré que les descendants des La Trémoille et ce, par grâce spéciale accordée par les abbés, et qu’il n’ouvrira ses tombeaux que si le marquis de Lussac lui présente un titre; il conteste aussi que l’abbaye soit dans la châtellenie de Lussac.
Le procureur d’office du seigneur réplique que l’antiquité des tombeaux sert de preuves, et que si depuis Georges-Louis de la Trémoille, personne n’y a été enterré, c’est que les seigneurs de Lussac n’habitaient pas le pays. On ne connaît pas la suite de cette contestation.
Il eut encore
–          Etienne (v. ci-après),
–          Antoine, baptisé le 22 août 1688, vicomte de Comblizy, prieur-curé de Gremon­ville;
–          Claude, capitaine de cavalerie, décédé le 27 janvier 1726;
–          Madeleine, anti-prieure au couvent de Lapuye, morte à l’Age le 16 mars 1748, à 67 ans;
–          Françoise, religieuse au même couvent, inhumée le 21 octobre 1740 dans le caveau sépulcral de la chapelle de N.-D. de Pitié;
–          Marie, religieuse à Blessac;
–          Geneviève, née le 26 octobre 1692, mariée à monsieur du Breuil

Etienne Lignaud, marquis de Lussac, naquit au château de Bouges en Berri, et fut baptisé le 23 septembre 1683; il servit dans la marine de Malte sur les galères de la religion et mourut, peu de temps après son retour, des blessures qu’il avait reçues au service et qui s’étaient rouvertes. De sa femme, Anne de Villelume, il avait eu Jean-Louis, qui suit;
–          Catherine (7 mai 1721);
–          Antoine (16 juillet 1722);
–          Charles-Gabriel (20 août 1724) ;
–          Constant-Silvain-Robert (23 septembre 1725);
–          Catherine-Henriette (3 octobre 1726), prieure des hospi­talières de Magnac;
–          Armand-Louis-François (28 avril 1728).
Le 31 décembre 1742, la marquise de Lussac, au nom de ses enfants mineurs, donne à bail à Jean Laborye, sergent, et à Jean Bot, tailleur, 20 boisselées de brande dans la tenue des Fontriviers, moyennant un denier de cens et 20 paires de poulets “ et en outre seront obligés de venir au château de l’Age-Bernard, le jour des Rois de chaque année, danser des danses du pays et crier trois fois: Vive le seigneur de Lussac ! ” Ce tènement s’appellera la tenue des poulets.

Jean-Louis Lignaud, marquis de Lussac, né à l’Age le 25 août 1723, eut pour parrain Jean de Montmorency, marquis de Châteaubrun, brigadier des armées du roi ; il fit dans la cavalerie, comme cornette, les campagnes de Bohême, d’Allemagne et de Flandre ; il acheta, en 1761, les châtellenies de Flez, Mareuil et Brigueil-le-Chantre et, par lettre d’avril 1785, obtint du roi l’incorporation de cette dernière à son marquisat de Lussac pour ne faire qu’une seule justice.
Marié en 1751 à Anne-Nicole Fumée de la Boutelaie, il eut
– Antoine, suit;
– François-Maximilien, né le 27 juillet 1758, mort le 9 janvier 1782, lieutenant de cavalerie; Sylvie, née le 6 mars 1754, mariée le 20 décembre 1773 à Joseph-Louis des Marais;
– Anne, née le 15 juillet 1752, décédée le 17 août 1773;
– Marie-Anne-Rosalie, née le 1er septembre 1759, épouse, le 3 avril 1779, Joseph, comte Montbel;
– Barbe-Louise, mariée à Joseph, comte de Vérines;
– Marie-Anne, mariée le 16 mai 1786 à Julien-René-Amable, comte de la Bourdonnaye, maréchal de Camp.
Jean-Louis Lignaud, chevalier, marquis de Lussac, Champéron, Tilly, Coulonges, Saint-Martin-le-Mault, Fleez, Mareuil, Brigueil, baron de la Boutelaye, Buxeuil, vicomte de Combezis et autres places, mourut à l’Age le 1er mai 1785*.

*  En 1784, il fit dresser un terrier de la terre de Lussac qui était accompagné d’un atlas contenant 7 cartes, celui-ci a disparu.

Antoine Lignaud, marquis de Lussac, née le 7 mars 1755, entra au service dans les chevau-légers de la garde du roi ; nommé capitaine, il fut chargé du commandement des écoles de cavalerie de Béthune et Hesdin en 1787 et 1788.
A la Révolution, il émigra et prit part à diverses campagnes. A la Restauration, il fut maréchal de camp, puis devint commandant en chef de la succursale des invalides d’Avi­gnon ; le 16 mars 1821. Il fut appelé au commandement de l’Hôtel royal des Invalides de Paris dont il a été gouverneur par intérim du 19 mai 1821 au 1er  janvier 1822. Il était grand-croix de Saint-Louis et officier de la Légion d’honneur ; il mourut du Choléra, à Orléans, le 20 août 1832, ayant été marié deux fois, à Adélaïde-Jeanne-Charlotte de Carvoisin et à Constance-Joséphine-Hyacinthe Thérèse du Parc.
Du premier lit, il laissa :
–          Alexandre-Louis, suit ;
–          Pauline, née le 9 avril 1778, mariée au chevalier de Gibot ;
–          Aline-Angadrème, épouse du vicomte de Montbas,
–          et une autre fille.

Alexandre-Louis Lignaud, marquis de Lussac, né à l’Age le 1er juillet 1780, servit en Vendée sous les ordres de d’Auti­champ. A la Restauration, il ne revint pas à Lussac, mais se fixa en Indre-et-Loire ; il a été membre du conseil général de ce département de 1818 à 1830. Marié à Aglaé-Marie-­Félicité du Bois des Cours de Saint-Cosme, il eut une fille, mariée au marquis de Bridieu et un fils : Maximilien-Louis-Charles Lignaud

Maximilien-Louis-Charles Lignaud, marquis de Lussac, né à La Flèche le 6 février 1810, mort le 13 juillet 1878, laissant de Marie-Amable-Antoine de Rouen de Bermonville, qu’il avait épousée en janvier 1845 : Antonin-Marie-Maximilien-­Auguste-Alexandre Lignaud, marquis de Lussac, né à Tours le 9 octobre 1847, marié le 30 août 1876 à Marie-Sophie-Joseph de Tailfumyr de Saint-Maixent ; de ce mariage sont issus deux filles et deux fils : Maximilien-Marie-Michel-Antonin, né au château de Comacre le 10 mai 1879, et René-Marie-­Maximilien, né le 26 novembre 1893.