Jouac

La commune
L’origine gallo-romaine
La seigneurie
Le bourg
L’église
L’instruction primaire
La mairie
Personnalités laïques et religieuses
Lieux habités

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La commune

La commune, de Jouac, qui est partagée en deux parties à peu près égales par la Benaize, occupe l’extrémité septentrio­nale du canton. Elle est bordée au Nord par les communes de Bonneuil et Beaulieu (Indre), à l’Est par Cromac, au Sud par Saint-Léger, à l’Ouest par Lussac et Saint-Martin.
La Benaize, qui l’arrose pendant 8,4 km, a sur son territoire deux affluents, les ruisseaux de Ménussac et de Catoget. Le premier prend naissance au Sud de Ménussac et baigne la commune sur 2,300 km ; le second a un cours de 1,3 km.
La forme de cette commune se rapproche de celle d’un rec­tangle de 6,5 km de longueur sur 3,1 km de largeur. Son pourtour est d’environ 22,85 km.
Presque tous ses villages sont groupés le long de la rivière, sur le penchant des coteaux qui limitent la vallée, de telle sorte que les plateaux sont en grande partie inhabités. Le territoire compris entre la rivière et. la route de Lussac à Saint-Sulpice était autrefois couvert de bruyères et d’ajoncs. Ces brandes, connues sous le nom de brandes du Cherbois, se défrichent tous les jours.
Le recensement de 1906donne à cette commune 657 hab. Nous trouvons précédemment :
1790,  465 h
an IV, 482 h
1806,  428 h
1834,  557 h
1837,  590 h
1891,  677 h
1896,  681 h
1901,  659 h
En 1762, le nombre des Communiants est de 300. “ Le Pouillé ” de Nadaud porte 800, chiffre inexact.
Cette commune était traversée du Nord au Sud par la voie romaine déjà signalée ; le grand chemin de Poitiers à Guéret la limitait au Sud
Le pont de Jouac est mentionné dès 1580 ; une délibé­ration de l’an XII constate que les marchands et les voya­geurs, qui, du Berri, se rendent aux foires et marchés du Dorat, de Magnac et de Lussac, sont souvent obligés, malgré les mauvais chemins, de faire un détour par Jouac, où le pont est toujours praticable, même au moment des plus grandes crues, tandis qu’à Mailhac, route la plus directe, la rivière est souvent infranchissable.
Les deux ponts actuels ont été construits en 1876 et 1886.

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L’origine gallo-romaine

L’origine gallo-romaine de « Jouac » est certaine ; il appar­tient au groupe des Joué, Jouy, si nombreux en France, et dont la forme primitive a été diversement altérée par les prononciations locales. A première vue, on pourrait y retrouver le nom de Jupiter (Jovem) ; mais une localité de la Vienne, qui porte actuellement le nom de Joué, est nommée eu 904, Gaudiacum, dont le radical gaudium (joie) est tout différent *

*Cf. Réde, Dict. topog. De la Vienne, VJoué

Pour notre localité, les diverses formes rencontrées sont :
Joac, 1257
Joat, 1262
Johac, 1295-1463
Jouhac, 1458-1668.

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La seigneurie

La seigneurie de Jouac ou de La Tour de Jouac relevait de Brosse et valait 30 l. de rente en 1552. Elle fut désignée à partir du XVIIe siècle, sans doute après l’abandon du donjon féodal qui commandait la rivière, sous le nom de seigneurie du Peu de Jouac, village qui dominait les restes de la tour : la Tour du Peux de Jouhat, 1562.
Dès le XIIIe siècle, elle appartenait à la puissante famille des La Trémoille. Par son testament du 1er  janv. 1262, Aliénor de Châteauguillaume donne 12 d. à l’église de Joat et une somme de 100 s. à son fils, Guillaume de La Trémoille, seigneur de Joat. En testant le 24 fév. 1295, celui-ci donne à l’ab­baye de La Colombe une rente de 10 s. sur sa terre de Johac. Le 8 juin 1303, sa fille, Horcinais, lègue au même établis­sement une rente de 25 s. sur cette même seigneurie (Dom Fou­teneau, cartulaire de La Colombe).
Au siècle suivant, la Tour de Jouac est entre les mains d’une famille Mestivier : Jean, écuyer époux de Louise de Sauzet, vivait eu 1452-1479.
Le 7 oct. 1495, François Mestivier, seigneur de La Tour de Jouhac, baille pour 4 ans à sa sœur Catherine, mariée à Pierre de Puyslinet, seigneur de Ferrabeuf, toute la chevance de deniers qu’il possède au Bourg de Jouac. Il vivait encore en 1510. (G.M.).
Gabriel de Sauzet est seigneur en 1554 ; sou fils, Florent, porte ce titre en 1556 ; le 21 déc. 1577, Marguerite de Bolinard, veuve de ce dernier, rend aveu à Brosse pour Jouac, comme tutrice de ses enfants (Arch. Vienne, E1 19). Léonard de Sauzet, un de ceux-ci, céda le 16 juin 1634 à Léonard Guillemin, notaire à Monternon, le lieu noble et métairie de La Tour de Jouac, cens, rentes, droits de sépulture, de banc et autres droits honorifiques dans l’église de Jouac. Dans le partage de sa succession, en 1664, on trouve au lot de Gabriel Guillemin, son fils, “ une tour appelée La Tour de Jouhac, avec une métairie étant au pied ”. A partir de cette époque, le titre de seigneur de La Tour de Jouac est abandonné pour celui du seigneur du Peu (G.M.).
La tour de Jouac, d’après M. de Beaufort, était carrée elle avait 8m de côté et 16m de haut ; les angles étaient fortifiés par des tourelles pleines de 1m de diamètre, à base conique ; il y avait trois étages éclairés par une petite fenêtre ; les murs avaient 1,20m d’épaisseur.

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Le bourg

Le bourg, qui avait 76 h. en 1793, a donné 121 h. en 1901 et 114, en 1906.
Il se présente d’une façon fort pittoresque au voyageur, de quelque côté qu’il arrive ; ses maisons semées sur les ressauts d’une pente abrupte, le long d’une route aux tour­nants brusques et rapides, tapissent les parois d’une gorge étroite au fond de laquelle coule la Benaize, déjà forte et enjambée presque côte à côte par deux ponts. C’est une vraie surprise que l’apparition de ce petit bourg surgissant, après une route maussade, de ce pli de terrain, avec son groupe scolaire tout neuf et tout blanc, la tour curieuse de l’église couverte de planchettes de châtaignier, et, de l’autre côté de l’eau, perché au sommet du coteau à pic entamé par deux routes taillées en plein schiste, le château du Peu, mettant, avec ses briques rouges, une note gaie dans le paysage.


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L’église

Elle est en fort mauvais état, est vaguement romane ; le chœur, plus étroit que la nef, est seul voûté ; celle-ci est couverte en planches.
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L’instruction primaire

L’instruction primaire était organisée à Jouac dès l’an II. Nous avons déjà relaté les plaintes de la Société populaire à. ce sujet ; l’école était commune à Jouac et à Saint-Martin.
En 1833, lors de la réorganisation de l’instruction, on réunit encore ces deux communes ; Jouac contribua pour 50 F au loyer de l’école ; le traitement de l’instituteur fut fixé à 200 F ; la rétribution scolaire à 1,5 F par mois pour les commerçants et à 2 F pour les autres ; 24 élèves devaient être reçus gratuitement.
Le groupe scolaire de Jouac, qui comprenait aussi la mairie, a été édifié en 1889-1890 ; il a coûté 18797 francs.

Le tarif de Brosse porte qu’au bourg de Jouac, les jours de lundi de Pâques et de Saint-Pierre d’août, le vicomte perçoit un droit de plaçage de 4 d. sur chaque marchand y étalant et 5 s. et un pot de vin sur chaque cabaretier.
Ce qui veut dire qu’à ces jours se tenaient des assemblées.

On trouvait au bourg, au début du XXe siècle, 4 cabaretiers ou marchands de vin, soit 1 pour 28 hab.
Nous avons déjà dit qu’autrefois cette commune fournis­sait surtout des sabotiers émigrants ; voici quelques chiffres à l’appui de cette assertion. De 1690 à 16194, sur 100 actes d’état civil, 17 concernent des sabotiers et 6 des maçons ; de 1705 à 1710, sabotiers, 14 %, maçons, 6 % ; de 1740 à1749, sabotiers 11%, maçons 18 % ; de 1781 à 1790, sabotiers, 9 %, maçons, 28 %. Ces chiffres sont des minima, car très fréquemment les professions ne sont pas indiquées.
A l’encontre des maçons, les sabotiers émigraient l’hiver pour aller travailler en Brie (L. 546) ainsi dans une délibération d’août 1789, on note 13 sabotiers et 4 maçons sur 25 habitants.
Dès le commencement du XVIIe siècle., nous avons rencontré des sabotiers de Jouac à Moulins, en Loudunais, en Bretagne.

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La mairie

La mairie de Jouac est la seule du canton à posséder un registre révolutionnaire ; il est d’autant plus intéressant à parcourir, que, fait remarquable et rare, il n’existe pas, dans cette commune, de bourgeois, qui, partout, prennent la direction du mouvement et souvent le faussent à leur profit : le corps municipal, la Société populaire ne com­prennent que des paysans presque tous illettrés. Ses quel­ques pages nous font donc assister à une application pure­ment paysanne des idées nouvelles.
Ce registre comprend à la fois les délibérations de la muni­cipalité et celles de la Société populaire.
Celle-ci, qui tenait ses séances dans le temple de la Raison une fois par décade, changeait son bureau tous les mois. Ses occupations étaient très variées au cours des séances, on donne lecture des lois nouvelles, on les explique et on les commente ; on y lit les lettres des volontaires qui sont toujours fort applaudies. On réconcilie les voisins brouillés, on surveille les réquisitions, l’approvisionnement de la commune, l’instruction des enfants ; on ne craint pas au besoin de s’insurger contre l’autorité du district, et de la menacer. Enfin, elle a la haute main sur la municipalité.
On lui voit faire aussi une curieuse application des principes de solidarité sociale nouvellement affirmés. Le 10 vent. an II, la société invite les cultivateurs aisés à labourer les terres des citoyens qui ne possèdent ni bœufs ni harnais aratoires. Cette invitation ne fut pas immédiatement écoutée car le 10 floréal elle constate avec peine que ces champ sont encore incultes et désigne, parmi les habitants qu possèdent le moins de terre, deux d’entre eux qui seront tenus de les travailler ; ceux-ci ayant prouvé qu’ils ne pouvaient être chargés de cette mission, il est arrêté, le 20 que le maire labourera ce qu’il pourra.
L’année suivante, le conseil municipal, s’inspirant de ces difficultés, divise en six lots les terres incultes ou abandon­nées et celles des défenseurs de la Patrie et charge six habi­tants de les cultiver, à peine de 500 l. d’amende et de contrainte par corps comme en matière de délit national.
Il n’est point besoin de dire que les réquisitions de den­rées et de bestiaux étaient fort mal reçues dans ce milieu exclusivement rural ; en voici un exemple entre plusieurs : le 4 fructidor an II, le district réclame 113 quintaux de seigle à la municipalité qui les répartit entre 47 proprié­taires. Mais la Société veillait ! le 20 suivant, elle se réunit et constate que du recensement auquel elle a procédé, le 15, il résulte qu’il ne reste plus dans la commune que 229 q. de seigle, 94 q. de froment, 23 q. baillarge et 9 q. avoine ; la population étant de 465 hab, ces quantités ne seront pas suffisantes pour sa consommation, par suite on ne peut distraire quoi que ce soit de cet approvisionnement.
“ D’autant plus que la grande crue du 12 juillet 1793 a ruiné le pays en enlevant toute la terre et en ne laissant que les rochers ; puis en floréal, les brouillards et les pluies ont perdu les deux tiers de la récolte en développant une rouille jaune et chancreuse qui a détruit les grains, les réduisant en poussière rouge, si bien que douze gerbes qui, l’année commune, donnent un quintal à un quintal et demi, n’ont produit cette année qu’un demi quintal et même un quart de quintal dans la vallée. ” La Société décide donc qu’il n’y a pas lieu de fournir les quantités demandées et qu’elle s’adressera à Paris même, s’il est nécessaire, pour obtenir décharge.
Forte de cet appui, la municipalité prend une délibération en conséquence et fait la sourde oreille à toutes les injonc­tions du district adressées les 2, 13, 17 vendémiaire ; un commissaire envoyé par celui-ci le 20 n’a pas plus de succès; enfin ce n’est que le 30, sous la menace d’être dénoncé au Comité de Salut Public, que le maire se décide à délivrer des réquisitions.

On ne trouve à Jouac qu’une seule famille importante, celle des Guillemin, qui, dans la suite, se transporta à Saint­-Martin et à Lussac. Un document judiciaire du XVIIe siècle (Cf. Manuscrits de l’abbé Dufour 1169) la fait remonter à N. de Ménussac dit Guillemin, vivant en 1383 au XVe siècle le nom de famille originaire fut abandonné et Guillemin, qui n’était qu’un surnom, pré­valut. Son représentant actuel, M. de Montplanet, possède de très riches archives de famille qu’il a bien voulu nous confier ; il nous permettra de lui exprimer ici nos très res­pectueux remerciements*.

*  Ces archives ont été classées par M. de la Ville du Bost qui a dressé la généalogie de cette famille.

La plus ancienne pièce de ce fonds important pour l’histoire de notre pays remonte à 1401 ; on y trouve aussi des minutes de notaires de Jouac et Saint-Martin pour la fin du XVIe siècle. et le commencement du XVIIe siècle
La filiation suivie remonte à Vincent Guillemin vivant au XVIe siècle. De Mathurine Pillonat, il laissa Mathurin, notaire à Jouac dès 1591 et en même temps — signe de cette époque de politique militante — archer des gardes du corps du maréchal d’Aumont, et Jean. Ce dernier eut Pierre, qui habitait Barcelone en 1611 ; Denis, curé de Saint-Martin, et Léonard, seigneur de Monternon, notaire en ce lieu, greffier des rôles de la paroisse de Saint-Martin. En 1634 il acheta la seigneurie de la Tour de Jouac ; le 11 oct. 1655 il se démit de ses biens en faveur de ses enfants : Pierre, seigneur du Mont, Gabriel, seigneur du Peu de Jouac, et des filles.
Ce dernier qui épousa Claire Naude de Montplanet, est père d’Antoine, qui suit, et d’autre Antoine, seigneur du Peux (1656 † 1725), conseiller du roi et. juge en l’élection du Blanc.
Antoine, seigneur des Plaignes (1666 † 1736), marié à Marguerite Berneron, laissa entre autres, Pierre, abbé de l’abbaye de La Colombe Jean, seigneur du Couret, auteur d’une branche éteinte ; Joseph, seigneur de La Chaume, et le suivant
André Guillemin de Montplanet, procureur fiscal de la châtellenie de Lussac (1690 † 1740), marié à Arnac le 24 nov. 1716 à Aune Gaucher du Mazier. Son fils, Silvain-Pierre Guillemin de Montplanet * (1735 † an XI), faisait partie de la municipalité de Lussac suspendue par le représentant du peuple Brival et, comme tel, fut incarcéré.

*  Nous avons rencontré deux placards imprimés portent des positions de thèses le concernant : la première, de 1756, pour la baccalauréat : de usufructu et de sacramentis non reiterandis, l’autre pour la licence, en 1760 de inofficioso testamento et de bigamis non ordinanlis. Tous deux ont été imprimés à Poitiers par Braud (G.M.).

De sa femme, Madaleine-Geneviève Goudon de Belleplaine, il laissa François-Pierre (1771 † 1817), qui, après avoir passé  sa licence en droit à Poitiers, eu 1792, s’engagea aux volontaires de la Vienne et fit les campagnes de 1792-1793 avec l’armée de Sambre et Meuse comme lieutenant, puis comme capi­taine. La femme de ce dernier, Silvine-Julie Vrignaud, lui donna Silvain-Victor, substitut du procureur général à Poi­tiers, marié à Hortense de Cullon de Trois-Brioux, père de M. Albert Guillemin de Montplanet, inspecteur général des finances honoraire, officier de la Légion d’honneur, maire de Montmorillon. M. de Montplanet a deux fils, Henri et Christian.
Au XVIIIe siècle, la famille Surun, originaire de Nanteuil, s’est fixée dans la paroisse par l’acquisition de la seigneurie des Bastides cette famille compte 58 années de mairie à Jouac.

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Personnalités laïques et religieuses

Liste des Conseillers généraux, Présidents de l’administration municipale du canton, Maires et adjoints, Juges de paix, greffiers, curés, vicaires…
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Lieux habités

Liste des villages de la commune de Jouac tels qu’ils sont décrits dans la 1ère Monographie.
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