François de Bourdelle

François de Bourdelle naquit à Lussac, mais nous n’avons pas retrouvé son baptistère dans les registres de Lussac qui renferment cependant un grand nombre d’actes concernant cette famille.
Les terriers Successifs de Lussac nous montrent qu’il existait au bourg une tenue dite des Bourdelles qui était possédée en 1523 par Etienne de Bourdelle, maréchal, Gervais de Bourdelle, cordonnier et Jacob de Bourdelle, maré¬chal ; en 1543 par Jacques, Jean et Simon de Bourdelle, tous âgés de 35 à 40 ans, et, en 1636, par notre François de Bourdelle ; il est donc presque certain qu’il appartenait à cette famille.
Son testament nous apprend qu’il avait pour neveu et nièce, Maximilien de Bourdelle et Catherine de Bourdelle, femme de Jean Chavignat ; Léonard de Bourdelle, chirurgien à Lussac, était aussi son parent.

Nous savons peu de choses sur son existence : en 1636 nous le trouvons qualifié de chirurgien de Gaston d’Orléans. En 1653, il est dit chirurgien ordinaire du roi, titre qu’il possédait au moment de sa mort. Il habita peu Lussac : « durant l’espace de cinquante ou soixante ans, j’ay esté absent auprès des rois en leurs armées et auprès de leurs personnes », nous dit-il dans le testament qu’il dicta le 1er septembre 1677 aux notaires du Chastelet à Paris. En 1667, il se trouvait au siège de Lille.
Possesseur d’une grosse fortune, il en employa une partie à fonder à Lussac un hôpital sur lequel nous reviendrons plus loin et fit de nombreux dons à l’Hôtel-Dieu de Paris : il lui lègue tout d’abord une somme de 20.000 livres, dont les revenus serviront à faire dire deux messes quotidiennes, l’une à l’autel qui est au milieu de l’Hôtel-Dieu, l’autre dans la salle où l’on met les malades de maladies contagieuses. Il lui donne aussi les rentes qu’il possède sur diverses personnes de Paris, ses vieux gages qui lui sont dus par le roi qui s’élèvent à 2 ou 3.000 livres ; plus 300 livres de rente dues sur l’hôtel d’Andresel à M. Bourgerim ; sa maison devant l’église de Saint-Louis-en-l’Isle, avec tous ses meubles, afin de participer aux bonnes Œuvres qui se font à l’Hôtel-Dieu « et à la sonnent cloche les pauvres malades seront obligés de dire un paster noster et un de profundis ». Tous les meubles qui sont dans sa chambre, avec l’or et l’argent qui se montent à plus de 20.000 livres seront remis au même établissement, qui aura aussi une autre maison à Paris.
Il veut être inhumé dans l’église de Saint-Louis-en-l’Isle et donne 300 livres au curé.

Au cas où l’hôpital de Lussac ne pourrait être organisé, il laisse les biens qu’il lui destine à l’Hôtel-Dieu de Paris « à charge d’acheter des lits où l’image saint François soit mise et un malade en chaque lit », nommé par ses parents ou le curé de Saint-Louis.
Il fait aussi des dons à l’Hôpital général.
Il lègue divers immeubles à ses parents ; donne 200 livres à M. Trébillon, procureur en parlement. Il charge M. Bastide, à qui il laisse 100 livres, de recouvrer sur le seigneur de Lussac ce que celui-ci, ses fermiers et métayers ont usurpé sur sa métairie des Essards aux Bourdelles. Il se plaint aussi que le seigneur lui a fait saisir ses troupeaux dans ses pâturages, lui a fait tuer et manger « le plus grand et gras bœuf », battre ses fermiers, les jetter par les fenêtres, rom¬pre les jambes, les accabler de corvées, démolir deux maisons au bourg. Bien que précédemment, il « l’ai traité d’une fistule à l’anus où tous les médecins et chirurgiens de Paris désespéroient de sa santé, comme aussi madame sa femme, lui avoir ôté une loupe sur la paupière et la traiter de mal aux yeux jusqu’à complète guérison ; M. le marquis de Lussac, leur fils, d’ulcère aux jambes dans la province, l’avoir traité malade à Paris et mesme la plupart de ses gens et à l’armée d’une blessure à la jambe au siège de Lille. »
Il se plaint aussi des usurpations faites au village de Lavault par M. Dallez, avocat.
Il mourut à Paris, Montagne Sainte-Geneviève, paroisse Saint-Etienne-du-Mont, dans la maison du nommé Yssard, maître chandellier, dans une chambre au premier étage donnant sur le collège de la Marche, entre le 5 et le 9 novembre 1678.
Son portrait est conservé au presbytère de Lussac.