Jeanne Pot

Le 4 août 1594,  Jeanne faisait procéder à un inventaire au château de Lavaupot, en présence de ses beaux frères. A cet inventaire comparurent tout d’abord  les créanciers de Christophe : Jean Martin, seigneur de la Goutte-Bernard, pour 150 écus ; Laurent Sallet, Pierre Bonnet, marchands de La Souterraine ; Martial Bonnet réclama ses gages, 20 écus et 3 écus pour une paire de chausses d’estamet et des tricousses ; Simon Lemoyne, 8 écus pour ses gages, « comprins un escu qu’il auroit employé pour avoyr des linceulx pour mettre le dict deffunct ayant esté tué « ; Thomas Moreau, 28 l. 5 s. pour ses gages de soldat.

On représente I’inventaire qui fut dressé le 18 déc. 1581, après décès de Jacques Pot et on procède à un récolement:
En la salle basse deux chaslictz de menuiserie, l’un à coulonnes guarny de surciel et de rideaulx de cadit rouge et l’aultre sans quenouilhes et sans surciel; lesd. chaslictz ayant chascun un lict guarny de couhettes, coussin et  de couvertes, l’une de catlhelongue rouge, l’aultre (le gris de Bellat, mentionné au premier article dud. inventaire, 10 escus, une table de chesne garnie de traicteaulx et ung dressouer 2 escus… Plus en la chambre haulte estant sur lad. Salle deux chaslictz de menuiserie à quenouilhes sur lesquelz il y a deux lictz guarnis de couhette, coussins et de deux couvertures, l’une rouge et l’aultre de drap gris de Bellat et de chascun un tour de lict de cadit rouge, 10 escus; ung buffet guarny d’armoyres, 20 s. ; deux coffres de bois de menuiserie fermantz à clef, contenant chascun à mectre deux charges de blé, 2 escus ; deux landiers de fer de petite valeur, 2 testons. Plus en la chambre haulte estant dessus la chambre précédente, deux chaslictz de boys de chesne de grosse menuiserie, l’un guarny de quenouilhes, de surciel et de courtines de cadit rouge, y ayant sur  chascun d’iceulx ung lict guarny de couhette, coussin et couverte de drap blanc, 20 l., plus une chaise, 2 ecus 1/3.

Plus en la cuisine deux chaslictz, l’un guarny de quenouilhes, surciel et courtines de cadit jaulne et l’aultre sans quenouilhes guarny d’ung pavillon de cadit rouge, 8 écus ; deux arquebuses à mèches, 40 s. Du contenu au 30e article de l’inventaire. ne s’est trouvé que deux bastons, l’ung espieu, l’aultre une langue de boeuf *, l’aultre s’est perdu, 10 s. ; une hallebarde, 20 s.

* Les maçons appellent langue de bœuf un instrument fait d’une plaque de fer en forme de cœur et dentelé tout autour avec une tranche qui va s’insérer dans un manche en bois  (Dict. de Trévoux). Il s’agit plutôt ici d’une arme.

Plus sommes montés en une tour dud. chasteau, au bout d’une grande salle non planchonnée,  la dite tour estant du costé du septentrion la dicte tour ayant ung cabinet dans lequel avons trouvé les habillemens dud’. feu Christophe Pot, scavoir ung manteau de pou de soie (1) verte doublé de velours verd guarny de trois tresses d’argent tout autour ; ung pourpoinct de satin verd guarny de ung gallon de soye, 5 écus ; des grègues (2) de. satin incarnadé (3) mouchetté, 4 escus ; un’ aultre paire de grègues usées, 100 s. ; une ceinture et pendant (4) faict en broderie d’argent, 3 escus ; deux chappeaulx de castor, l’ung verd et l’aultre viollet, guarny chascun d’ung cordon de tresse d’argent, ung escu ; 5 chemises de lin fort usées. 50 s. ; une cuyrasse noire, 6 escuz une arquebuse à mèche et une escoupette guarny d’un rouhet (5), 3 escus.

(1) “ Poui ou pou de soie, grosse étoffe toute de soie toute unie et sans lustre qui a un grain pareil au gros de Naples et un peu moins serré que le gros de Tours, mais qui jette un gros grain. Il y a apparence que ce mot est corrompu de tout de soie ” (id.).

(2) “ Haut.de-chausses qui serre les fesses et les cuisses que tous les hommes portaient au siècle passé ” (id.).

(3) Beau rouge qui représente la chair vive et fraîchement coupée.

(4) Ouverture où passe l’épée.

(5) Il y a plusieurs espèces d’arquebuses et principalement l’arquebuse à mèche et l’arquebuse à rouet. L’arquebuse à mèche partait au moyen d’une mèche qu’un ressort abaissait sur le bassinet. Au XVIe siècle, on ne mit plus le feu avec une mèche, mais avec un silex qui par la détente d’un rouet portait contre la platine et faisait jaillir des étincelles.
L’escopette était une petite carabine qui se portait à l’arçon de la selle.