Journal d’un Artilleur pendant La Commune

Remarque préliminaire :

Comme dans de nombreux récits de l’époque écrits par les soldats versaillais, lors de la Commune, les commentaires de cet Artilleur sur les ordres reçus, les impressions personnelles sur la situation, les avis sur le ressenti face aux « Insurgés » ont été volontairement évités. En effet, si la hiérarchie ou toute personne malintentionnée prenait connaissance du journal et tombait sur ce genre de propos, le soldat incriminé était lourdement sanctionné… Il était, par exemple, déporté en Nouvelle-Calédonie au même titre que les Communards.

Carte des lieux cités dans le récit :

CarteContenu du journal :

Pour mieux comprendre le récit : La Commune de Paris (1871)

Le mouvement ouvrier, dans la décennie 1860, connaît une renaissance, tant sur le plan politique que syndical, si bien que l’on arrive à une situation révolutionnaire dès 1858. Cela précipite le gouvernement de Napoléon III dans la guerre contre la Prusse : il a en effet besoin d’un succès de prestige avant de laisser le trône à son fils.
De juillet 1870 au 18 mars 1871, la France connaît une suite de défaites contre la Prusse du chancelier Bismarck : le régime de Napoléon III s’écroule…

Le nouveau gouvernement français signe un armistice, ce qui ouvre la voie à la guerre civile. La nouvelle Assemblée Nationale est en effet surtout composée de monarchistes partisans de la paix, élus par la province. Les élus de Paris, ville qui vient de subir un siège très dur, sont avant tout des républicains « pour la guerre ».

L’Assemblée nationale, avec Thiers à sa tête, conclut donc hâtivement une paix payée très cher à Bismarck. En effet, celui-ci extorque à la France la somme de 5 milliards de francs-or ; il exige l’entretien de 500 000 soldats prussiens sur le sol français et l’intérêt à 5% des échéances en retard ; les Prussiens devaient rentrer à Paris par groupes de 30 000 hommes à partir du 3 mars et occuper les Champs Elysées ; les forts de l’est de la France doivent être occupés jusqu’au versement des 500 premiers millions et les départements de l’est jusqu’au paiement final. Enfin, Bismarck arrache à la France l’Alsace avec Strasbourg et le tiers de la Lorraine avec Metz pour les incorporer à l’Allemagne.

Les tensions s’exacerbent quand l’Assemblée transfère son siège de Paris à Versailles en mars 1871 et quand elle vote des lois défavorables aux Parisiens.
Le soulèvement commence en mars 1871 quand Adolphe Thiers et son gouvernement décident de désarmer les Parisiens. Les insurgés, ouvriers, artisans ou employés, se sentent menacés et s’opposent aux troupes venues chercher les canons entreposés à Belleville et à Montmartre.
Dans la nuit du 17 au 18 mars, l’armée récupère les canons mais les troupes fraternisent avec les insurgés. Thiers repart à Versailles et une bonne partie des habitants des quartiers aisés de la capitale quitte aussi Paris.

La Commune administre alors Paris et, sous l’impulsion de gens comme Louise Michel, prend diverses décisions : délai de 3 ans pour le règlement des dettes, pensions versées aux veuves et aux orphelins de guerre, mesures concernant la presse, l’émancipation des femmes… Mais une grande partie des actions de la Commune concerne la lutte contre les troupes régulières qui obéissent au gouvernement de Thiers et que les Communards appellent les Versaillais.

Thiers bénéficie de l’appui du chancelier allemand Bismarck. Ce dernier est disposé à faire tout ce qui est en son pouvoir pour l’aider, mais sans risquer la vie de soldats allemands. Il libère plusieurs dizaines de milliers de prisonniers français qui rejoignent les 12000 soldats dont Thiers dispose. Les Allemands laissent aussi passer les troupes versaillaises qui veulent contourner Paris.

La Commune, de son côté, essaie de mobiliser le plus de soldats possible (des hommes de 19 à 40 ans et des volontaires plus jeunes) mais ce sont des combattants sans expérience…
Les Versaillais attaquent en mars et s’emparent vite de lieux stratégiques comme le fort du Mont Valérien ou occupent divers villages comme Les Moulineaux ou Clamart. Les affrontements s’accompagnent de trahisons, de prisonniers fusillés ou de sabotages.

Le rapport des forces finit par basculer en faveur de Versailles.
Le 21 mai, les Versaillais entrent à Paris par la porte de Saint Cloud et Thiers donne l’ordre du massacre général.
Du 21 au 28 mai a lieu la Semaine sanglante : 30 000 Parisiens sont tués, 45 000 sont arrêtés, dont beaucoup sont fusillés (nombreuses exécutions sommaires). Au total, on décompte 100 000 morts et déportés, parmi lesquels beaucoup de femmes comme Louise Michel déportée en Nouvelle-Calédonie et même d’enfants.

La Commune est vaincue après avoir vécu 72 jours. Les derniers combats se terminent au Cimetière du Père-Lachaise.
De grands élus républicains donnent leur accord à Thiers pour que s’exerce la répression : Gambetta, Jules Ferry ou encore Jules Grévy veulent avant tout préserver la République alors bien fragile.
Bismarck, quant à lui, est satisfait. Pour lui, il s’agit non seulement de l’extermination de la Révolution, mais aussi de l’extinction de la France, désormais décapitée, et par le gouvernement français lui-même !

À l’emplacement du point de départ du soulèvement parisien, la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre a été construite, pour « expier les crimes des fédérés ».

La Commune n’a duré que quelques mois mais a fortement marqué les esprits : elle a souvent été commentée, critiquée mais a aussi été revendiquée comme modèle.