Puylaurent

La seule des localités de notre canton qui ait accrochée à son nom un lambeau d’histoire générale: nous avons conté plus haut la vie agitée du duc de Puylaurent.
Le château est entièrement détruit ; il comprenait, d’après Monsieur de Beaufort, qui l’avait vu dans sa jeunesse, un grand corps de logis avec premier étage qui faisait un des côtés de la cour; dans celle-ci se trouvait un donjon carré assez élevé. Un autre côté de la cour était clos par des servitudes au milieu desquelles s’ouvrait le portail d’entrée. Les deux autres côtés étaient fermés par des murailles. Ce portail était précédé d’une avant-cour dans laquelle on entrait par une porte cochère flanquée de deux tours. Lors de la démolition, on y a trouvé bon nombre de pièces de Louis XIII et Louis XIV.
Le tout était entouré d’un large fossé toujours plein d’eau.

Puylaurent, qui était un des fiefs de la Terre-aux-Feuilles, était possédé en 1448 par Galand de Saint-Savin, seigneur de La Grange.

Au commencement du XVIe siècle, il était aux mains des Pot de Rhodes. Le 10 avril 1508, Jean Pot, seigneur de Rhodes et Puislaurent, domine à bail à Léger Sipière, le moulin de Puislaurent situé au-dessous du grand étang, moyennant. 10 s. seigle, 2 chapons et un gâteau de demi-boisseau de farine. Le 2 nov. 1509, il passait un marché avec Simon Delagarde, couvreur, des Chézeaux, “pour recouvrir la tour de Puis­laurent avecques la vis ” , moyennant 6 l.
Son fils, François Pot, fait un accord le 31 janv. 1539 (v. s.) avec Guyot Pot, seigneur des Chézeaux, par lequel il est stipulé que tous les héritages acquis par François dans la mouvance des Chézeaux seront tenus à foi et hommage et que la basse justice lui appartiendra (9400).
L’année suivante, il céda Puylaurent à René de Lage, seigneur de Chazelat. Celui-ci qui avait épousé Gilberte de Savary-­Lancosme, laissa Honoré de Lage, seigneur de Puylaurent, chambellan du duc d’Anjou, décédé le 15 janv. 1590, à qui Anne d’Aubusson donna René de Lage, sous-gouverneur du duc d’Anjou, conseiller du roi en ses conseils d’état et privé ; de Jeanne Pot, que ce dernier avait épousée le 16 novembre. 1602, vinrent Antoine, le fameux duc de Puylaurent ; Anne, supérieure des religieuses de Sainte-Marie de Bourges ; Made­leine, religieuse à l’Annonciade de Bourges, et Louise, religieuse à Sainte-Claire de Limoges (Nadaud).
René eut de nombreuses contestations, vers 1621-1623, avec le seigneur de Rhodes comme possesseur des seigneuries de Mondon et des Chézeaux, au sujet de l’étang de Bantard, du droit de plaçage des Chézeaux, des dîmes de cette paroisse dont les limites furent contestées, de la justice de la cure de Saint-Georges, des communaux de cette paroisse, etc.
Antoine, qui se qualifiait de seigneur de Puylaurent, la Perusse, le Noyer, la Ville-au-Brun, avait épousé, avons-nous dit, Marguerite de Combour, qui, à sa mort, entra en posses­sion des biens de son mari. Elle épousa en secondes noces Henri de Lorraine, comte d’Harcourt d’Armagnac, grand écuyer de France, sénéchal de Bourgogne, gouverneur d’An­jou, qui prend, en 1645, la qualité  de  seigneur de Puylaurent. Quelque temps après, cette seigneurie fut cédée, moyennant 80000 l. à Etienne de Chamborand, seigneur de La Clavière, maréchal de camp, gouverneur de Philippsbourg (9400); de sa femme Marie Philippe, il laissa Pierre de Chamborand, seigneur de La Clavière et Puylaurent ; c’est sans doute ce dernier qui est désigné dans une lettre de Colbert à l’intendant de Bourges, en 1673, comme faisant partie d’« une  bande de quelques gentilshommes notés et mal famés qui vont avec attroupement et port d’armes de 18 ou 20 hommes, tous du côté d’Argenton, du Limousin ou de la Marche ”, sur les confins des généralités de Bourges, Limoges et Poi­tiers*.

*  M. Leroux, Introduc. à l’Invent. des arch. hosp. de la Haute-Vienne, p. IX.

Il avait épousé Marie-Anne Lefort de Villemandon ; un de leurs fils, Henri, est baptisé à Saint-Georges le 22 nov. 1698.

Pierre mourut en 1724 ayant eu encore Etienne-Alexandre de Chamborand dit le masquis de Puylaurent, né le 26 nov. 1685, lieutenant. de vaisseau, chevalier de Saint-Louis, qui, le 28 juin 1732, vendit au comte de Laval la seigneurie de Puylaurent  comprenant château, chapelle, forêt, trois étangs, une vieille tuilerie (9400). Elle était encore aux mains de cette famille, dont nous avons parlé à propos d’Arnac, au moment de la  Révolution. A cette époque, nous avons vu que les de Montbel la revendiquaient.

De Puylaurent relevaient les fiefs de Grand-Fa, Le Perusse, Le Bournazeau, La Bastide Cormary, Les Fayolles, etc.

Le seigneur levait la dîme sur les Tribardières, Champagnac, Les Galeries, La  Chardière, Chez-Dandin , La Perusse , Le Monteil, Le Mas, La Bastide, Fan, Puiferrat, Peupiton, Peuchaud, L’Agebouillerand, etc. Dans tous ces villages, il per­cevait 3 s. par feu pour exemption du droit de guet. En 1637, ces dîmes rapportaient 85 s. de seigle. Ce fief est évalué à 300 l. de rente en 1552.

Vers 1710, la verrerie de Bouery fut trans­portée à Puylaurent ; elle ne paraît pas y avoir eu une longue existence.

Puylaurent , qui était autrefois de Saint-Georges, a été, en 1847, uni aux Chézeaux ; le dernier recensement lui donne 4 m., 17 h.

Receveur : René Delafont, 1616
Lieutenant : Pierre Petit-Pied, 1645
Greffier : Bruno Aumasson, 1776

 Addenda

Puylaurent. — Gallaud ou Gallehaud de Saint-Savin , le premier des seigneurs de ce lieu venu à notre connaissance, fut un personnage assez remarquable. En 1425, nous le trouvons capitaine des deux châteaux du Dorat *

*  Arch. nat., X1 A. 9198, fol. 91 V°. (Commun. de M. Antoine Thomas).

En 1435, il faisait partie de la suite du comte de Vendôme et était désigné pour l’accompagner à Arras où devait se tenir le congrès pour la paix avec le duc de Bourgogne. Vers 1451, accom­pagné de plusieurs, tant gens de guerre que commune, il vint, par manière de siège, devant Châteauponsac qui avait alors pour capitaine Léonard Bonichault dit la Picque, “ et y furent deux ou trois jours, durant lezquels et à autres fois qu’ilz viendrent de nuit, cuidans prendre d’emblée la dite place, furent par ceulx de dedens tuez cinq ou six personnes de la compagnie d’icellui Saint-Savin et prins et buttinés aucuns biens estans en la dite place appartenans à aucuns tenans la partie du dit de Saint-Savin* ”

*  Cf. Lettres de rémission à Léonard Bonichaut, publiées dans les Arch. hist. du Poitou, t. XXIX, p. 297, d’après les Arch. nat. JJ. 178. n. 129, f. 80, v. Le texte porte Boinchaut, mais il est certain qu’il faut lire Bonichaut, nom d’une famille noble des environs de Châteauponsac, à laquelle appartenait la seigneurie de Grassevaud. (V. ci-dessus Lubignac)

Le 9 août 1448, Gallaud de Saint-Savin, chevalier, seigneur de la Grange et de Puylaurent, du consentement du chapitre du Dorat, fonde une chapellenie dans l’église de ce lieu à l’autel de N.-D. de la Paix où était enterrée Sa mère ; il la dote de dîmes sur les paroisse de Saint-Amand, Châteauponsac et Arnac.
Son fils, Jean de Saint-Savin, est présent à cette fonda­tion*.

*  Note de M. de la Ville du Bost d’après le titre original de fonda­tion appartenant à M. du Chalard, à Saint-Léonard.

La famille de Saint-Savin, en Basse-Marche, se divisait en plusieurs branches : branches de. la Tour-aux-Cognons, de la Grange-Saint-Savin et Puylaurent, de la Payrière, du Ris-Chauveron ; la suite des seigneursde la Tour-aux-Cognons a été donnée par le baron d’Huart, dans Persac et la châtellenie de Calais (Mém. des Antiq. de l’Ouest, 1887).
Jehan et Gilles de Saint-Savin furent gouverneurs du Dorat avant Gallehaud, et non Gallant comme nous l’avons écrit précédemment.
Gallehaud se remaria en secondes noces le 13 sept. 1449 à Sibille Taveau, veuve de Maubruny de Liniers, seigneur d’Air­vault. Le même jour, Jean épousa Marie de Liniers, fille de lad. Sibille ; ce dernier se trouva au ban de la noblesse de la Marche tenu au Dorat en 1470*.

*   Communication que nous devons à l’obligeance de M. Paul Beauchet-Filleau, l’auteur du Dictionnaire des familles du Poitou.

Le 6 août 1651, Etienne de Chamborant, seigneurde la Cla­vière, passe un traité avec Henri de Lorraine, comte d’Harcourt, auquel il promet, sous le bon plaisir du roi, de lui remettre la ville et forteresse de Philisbourg, dont il était gouverneur, avec toute l’artillerie et les munitions de guerre qui y étaient, aussi bien que la charge de maistre de camp d’un régiment d’infanterie qui s’y trouvait en garnison, le tout moyennant la somme de 100 000 l. Le 29 septembre suivant, le comte d’Harcourt lui donne en paiement la terre et seigneurie de Puilaurent dans le Haut-Poitou, paroisse de Saint-Georges-les-Landes, avec le fief, terre et seigneurie du Noyer, paroisse de Saint-Sulpice, le tout évalué 80 000l. (Gén. de Chamborand).