Souterrain de Bannes

Vers 1826, le nommé Aubrun, au village de Bannes, voulant asseoir les fondements d’une maison sur une roche schisteuse qui est à nu, trouva celle-ci creusée d’un fossé profond rempli de pierres, de terre et d’eau, qui l’empêcha de la suivre plus loin. Le mur fut construit en travers sur le fossé, dont, une petite partie se trouva en dedans de la maison et le reste en dehors. Le souvenir de cette découverte s’était conservé, lorsqu’en 1846, le nommé Renaud, propriétaire actuel, voulant établir un pavé afin d’empêcher l’humidité du dehors de pénétrer dans sa maison à l’endroit du fossé en question, le vida dans une longueur de 3,50 m, et le trouva, près de la maison, profond de 1,25 m, et à l’autre extrémité de 2 m. A cette extrémité, il fut fort étonné de rencontrer à droite une petite porte cintrée, haute de 1,30 m et large de 80 cm, laquelle donnait entrée dans un boyau rempli d’eau, qui allait en descendant. Les voisins, curieux de savoir où aboutissait ce passage, et pensant qu’il pourrait les conduire à la cave qui contient un trésor, d’après une vieille tradition du pays, se mirent en devoir de puiser l’eau et y travaillèrent pendant plusieurs jours ; ils parvinrent à mettre à sec une longueur de 8,50 m d’un passage descendant par une pente assez constante de vingt degrés , conservant presque partout la hauteur de l’entrée B, de 1,30 m, mais dont la direction et la largeur varient beaucoup, et tellement irrégulières, que la vue seule du plan peut en donner une juste idée. Tout près de l’entrée B, on voit de chaque côté un enfoncement où une personne pourrait se placer en laissant le passage libre ; plus loin, à droite, en est un bien plus grand, puis plus bas un autre encore, à gauche. Arrivés au bas de la partie explorée en D, les travailleurs croyaient être au terme de leur ouvrage; mais ils s’aperçurent que l’eau ne baissait que bien lentement et loin de proportion avec ce qu’ils puisaient, et virent bientôt que le couloir tournait à gauche à angle droit. Une perche avec laquelle on sonda cette partie fit reconnaître une prolongation de 3,30 m, à parois droites et planes, ayant près de son fond, à gauche, une ouverture semblable à celle où ils étaient arrivés. Alors, désespérant de parvenir jusqu’au trésor, l’ouvrage fut abandonné, et le propriétaire recombla le fossé.
D’après les connaissances que nous avons sur ces monuments, on peut penser que ce couloir n’est qu’un passage aboutissant au corps principal du souterrain, qui est beaucoup plus large, ce qui serait confirmé par la lenteur avec laquelle le niveau de l’eau diminuait malgré la grande quantité qui en était extraite, ce qui annonçait qu’il en venait d’une surface plus grande qu’au commencement. La pente du coteau, qui est tout près, doit aussi faire penser qu’il doit y avoir une autre entrée à une hauteur plus ou moins grande, venant de ce côté, et qui est hermétiquement fermée pour retenir l’eau. Nos investigations n’ont pu nous procurer de préférence pour aucun point où l’on pût présumer qu’elle existe.
Une particularité que nous ne devons pas négliger, c’est que, à environ moitié de la hauteur des parois de notre passage, se trouvent, à droite, sept petites cavités en forme de petites niches en cintre, de 15 cm de haut, de large et de profondeur ; il n’y en a que deux à gauche; leur position est marquée sur le plan. Elles sont tout à fait semblables à celles que nous avons notées dans le souterrain de la Chaume. A quoi pouvaient-elles être destinées ? La noirceur du rocher au-dessus d’elles a fait présumer qu’elles devaient servir à mettre des lumières pour éclairer les travailleurs lors de la perforation, ou plus tard pour faciliter la circulation de ceux qui fréquentaient le souterrain.
La roche est schisteuse, peu micacée, à feuillets presque verticaux, traversée par de petits filons quartzeux, compacts, fort durs, qui ont été rencontrés et perforés plusieurs fois lors de l’ouvrage.
Le 19 avril 1851, ayant appris que l’eau avait été presque entièrement épuisée et qu’on pouvait pénétrer dans la grande excavation, j’y descendis et reconnus que le couloir, après avoir tourné à gauche, retournait à droite avec une pente un peu plus forte qu’auparavant ; qu’une sorte de niche existait dans la paroi gauche, et qu’on entrait dans un grand couloir annulaire semblable à celui du Peu-de-la-Ville, et à peu près de mêmes dimensions, excepté que le pilier central est rond et bien plus gros, au préjudice de l’espace vide, dont la largeur varie de 1,10 m à 1,30 m ; la hauteur est constante à 2 m, le plancher parfaitement plan , et la voûte à plein cintre. A la partie opposée à la petite entrée par laquelle j’avais pénétré, cependant plus rapprochée de la droite, se trouve une autre issue de la même hauteur et un peu plus large que le couloir circulaire, laquelle se rétrécit de près de moitié après 2m de trajet, et est complètement obstruée de terre. Sur la paroi externe nous avons remarqué plusieurs petites niches à lampe semblables à celles dont nous avons déjà parlé. La petite porte par laquelle nous sommes entrés a les dimensions de la partie inférieure du couloir tortueux, 60 cm de large sur 80 de hauteur; à moitié de sa hauteur, à 25 cm de l’entrée, dont les arêtes sont arrondies, on remarque de chaque côté une petite cavité carrée de 8 cm de diamètre, profondes, celle de droite, de 10 cm, et celle de gauche, de 30 cm. Ces trous nous ont paru destinés à mettre une barre transversale pour soutenir une porte ; mais de quel côté ? Il n’y a pas de feuillure, et les parois sont planes. Cette particularité nous a rappelé celle du souterrain de la Planchette.
Nous ne devons pas oublier qu’on a trouvé dans le grand souterrain un débris de vase en terre noire micacée, de la nature de ceux qu’on fabrique de nos jours à Bazaiges. Ce fragment nous a paru avoir fait partie d’une sorte de casserole ou lèchefrite carrée, et consiste en un côté des parois avec une partie du fond et une queue courte, ronde et creuse. Ce vase avait 6 cm de profondeur, 4 de plus de largeur à la gueule qu’au fond, et à peu près 24 cm de côté, et 0,7 cm d’épaisseur. La queue, placée dans la direction d’un des côtés, a de long 6,5 cm, et de diamètre 0,5 cm.

Le souterrain de Lavaupot

Le souterrain de Lavaupot