L’église de Jouac, en fort mauvais état, est vaguement romane ; le chœur, plus étroit que la nef, est seul voûté ; celle-ci est couverte en planches. Pour toute décoration intérieure, on ne remarque qu’un bandeau qui fait le tour du chœur ; il n’y a ni colonnes, ni chapiteaux. A l’extérieur, une des fenêtres porte la date 1702.
A droite, en entrant dans l’église, se trouve la tour déjà mentionnée, construite en partie dans l’église et en partie en dehors, elle sert de clocher. Il est facile de voir que sa construction est de beaucoup postérieure à celle de l’église.
L’autel du XVIIIe siècle, en bois, est curieux. Les colonnes sont ornées de grappes de raisins et des corbeilles de fruits sont placées sur les entablements. A côté du clocher, bénitier pentagonal en granit, daté de 1638 et portant une croix de Malte, IHS et le monogramme de Maria.
A la porte, on remarque des tombes anciennes.
Le clocher renferme deux cloches, I’une du commencement du XIXe siècle. L’autre de 1868, signée Bollée.
Les registres d’état civil conservent le marché passé le 1er juin 1752 avec le fondeur J.-B. Dupont pour la refonte de la grosse cloche ; les habitants qui, sans doute n’avaient pas grande confance en ses talents, lui firent déposer un cautionnement de 48 l. entre les mains du curé. Le 14 juillet suivant, Dupont et son compagnon, F. Michel*, reconnaissent avoir reçu, pour prix de leurs travaux, la somme de 100 l., déduction faite de 9 l. 12 s. pour déchet de fonte plus les deux louis laissés en garantie.
* J.-B. Dupont, né à Huilliécourt (Haute-Marne), le 23 mars 1720, décédé au même lieu le 26 sept. 1781, fond en 1777 deux cloches pour Faverges (Isère). M. Lecler ne l’a pas signalé en Limousin ; par contre, son compagnon a été rencontré par lui à Cieux et à Saint-Mathieu an 1750, à Montrol-Sénard en 1760. Il était né à Romain sur Meuse le 23 oct. 1731 et mourut à Versailles le 25 sept. 1783. (Notes de M. Jos. Berthelé).
La vicairie perpétuelle de Jouac, sous le vocable de saint-Pierre, apôtre, était à la présentation du vicomte de Brosse et à la nomination du prieur de Beaulieu ; elle valait 50 l. de rente en 1552.
Presque toutes les dîmes de la paroisse appartenaient au curé ; en 1753, celui-ci les affermait 525 boisseaux de seigle évalués 391 l.
Le 2 août 1789, 41 habitants, réunis en assemblée générale à la porte de l’église, protestent, par-devant notaire, contre les assertions de leur curé qui les avait représentés aux autorités comme refusant d’obéir au roi et à l’évêque. A leur tour, ils l’accusent de vouloir s’approprier les fonds de la confrérie du Saint-Sacrement, qui sont considérables, afin de s’acheter des ornements qui, cependant, sont à sa charge comme principal décimateur ; les confrères, au contraire, destinent ces fonds aux réparations des autels de la Vierge et de saint Blaise. Ils prétendent que les deux cimetières de la paroisse sont nécessaires, même celui qui sert d’entrée à l’église, dont le curé a proposé la suppression comme n’étant pas à la distance prescrite par l’ordonnance de 1776 ; Le bourg étant sur le rocher, l’établissement d’un nouveau cimetière ne pourrait se faire qu’à grands frais et la paroisse est pauvre. De plus, il est inexact de dire que ce cimetière nuit à la salubrité. (M.N.).
Au XVIIe siècle, ces deux cimetières sont dits situés, l’un devant la grande porte de l’église, l’autre, le grand, au-dessous du grand chemin.
Au rétablissement du culte, Jouac ne fut pas érigé en paroisse, mais annexé d’abord à Saint-Martin, par décision épiscopale de l’an X, puis, à cause de l’éloignement, à Cromac par ordonnance du 3 pluv. an XI. Le 18 mai 1827, les habitants réclamaient un curé en faisant valoir que leur église était en bon état et. que de très belles statues n’en avaient jamais été retirées malgré la Révolution. Ils n’obtinrent satisfaction qu’en 1840.