Texte de M. Robert Bailly, bien connu de tous.
« Vers 1885 après l’incendie de son moulin de Chanteloube sur l’Anglin (près de Saint-Gilles) mon grand-père Maurice Bailly est venu s’installer à Saint-Sulpice, à la Pérelle, avec sa famille. Que faire ? De meunier, il devient « messager ». A cette époque, pas de camion… le cheval est roi pour le transport des gens et des marchandises.
Sa fille ainée se marie au début du siècle avec un boulanger et part aussitôt s’installer au Blanc. Son fils, Eugène Bailly, mon père, marié en 1906, se jugeant à l’étroit, acquiert la propriété de 2 500 m2 actuellement située au 22 rue du Commerce et fait construire une grande maison, aménage le garage existant en écurie à chevaux. De là, il envoie chaque jour à Forgevieille, gare de marchandises, une ou deux carrioles pour amener à Saint-Sulpice toutes sortes de marchandises.
En 1914, il perd ma jeune sœur à 3 ans.
A la suite de la déclaration de guerre, il part le 4 août rejoindre le 4e Génie, son régiment. Il meurt devant Nancy en avril 1915.
La réquisition des chevaux n’en laisse que deux à ma mère qui continue vaille que vaille, avec un jeune employé, les transports jusqu’à la signature du traité de Paix en juin 1919.
Agé de 10 ans, en septembre, ma mère ne pouvant plus assurer notre subsistance m’emmène à Paris pour trouver du travail et me faire faire quelques études.
En 1927, c’est la vente du domaine de Beaulieu appartenant à la famille de son père depuis deux siècles.
Les bâtiments de la Rue du Commerce étaient loués au 1er garagiste venu s’installer .à Saint-Sulpice en 1923. En 1929, j’effectue mon service militaire. Au retour j’entre à l’imprimerie comme secrétaire commercial.
En 1935, je me marie. De cette union naîtra ma fille en janvier 1940. En 1939, je pars à la guerre. Je participe aux batailles de Longwy et de Toul. A la suite d’une grave maladie je reviens au foyer en décembre 1940 comme « irrécupérable » pour vivre la vie lancinante de l’occupation. En juillet 1944, c’est le décès de mon épouse à l’âge de 35 ans.
Entre temps, la jeune sœur de mon père, couturière à Saint-Sulpice se marie. Elle aura une fille, Jeanne Clément, décédée elle aussi, à 26 ans en 1954. Je reste seul avec ma mère et une fille. En 1957 c’est le décès de ma mère à la suite d’une cruelle maladie.
A partir de 1952 j’avais des rencontres assez fréquentes avec M. Maxime Letourneur qui se plaignait du marasme de Saint-Sulpice.
En 1962 nous décidons avec mon ami Marzet de monter quelque chose à Saint-Sulpice. C’est le commencement de travaux qui se termineront en 1966. Ayant pris la direction de l’usine d’Arcueil, en accord avec le P.D.G., je décide d’installer dans ces locaux un atelier de façonnage d’imprimés : d’où la naissance de l’atelier de Bournazaud. En 1975 je prends ma retraite et reviens aux sources après 55 ans d’absence. Malheureusement le développement de l’informatique, des quatre entreprises, a ruiné complètement le travail manuel que nous y accomplissions. Aucune possibilité d’adaptation. L’atelier est fermé définitivement en décembre 1982.
Entre temps, en 1979, M. Berthaud avait demandé mon aide pour installer une conserverie. D’emblée, y voyant un grand intérêt pour l’emploi à Saint-Sulpice, j’ai accepté. Au bout d’une année je me suis retiré de cette affaire en difficulté.
En 1976, le garagiste occupant ce qui avait été les écuries de mon père, étant parti, les bâtiments ont été rénovés et loués à ce qu’est devenu le petit super marché Timy.
Après la fermeture de l’atelier du Bournazaud, les locaux vacants ont été occupés par le Timy qui s’est ainsi agrandi de quelques 400 m2. Il occupe 9 personnes.
Agé aujourd’hui de 76 ans, je laisse maintenant la place aux jeunes pour « entreprendre », me contentant de m’occuper de nos « anciens ». Après le départ de l’assistante sociale du canton en 1976, qui a mis sur pied le Club Amitié d’Automne, plusieurs personnes m’ont demandé de prendre la présidence de cette association.
Aujourd’hui quelques 160 personnes de la commune sont adhérentes du Club, plus une centaine d’autres des communes environnantes. Une permanence se tient tous les mardis après-midi au Foyer Rural avec jeux de société et boissons chaudes ou froides selon la saison. Le 3e mardi de chaque mois, grande réunion (100 à 120 membres) avec une petite attraction, films, enfants des écoles, ou conférences avec goûter bien entendu.
Chaque année, le Club organise un voyage d’une journée dans un rayon de 200 km environ, ou un séjour à l’étranger en principe d’une semaine.
L’hiver, 2 ou 3 déplacements sont organisés à Limoges au théâtre. Des séances de gymnastique spéciale pour personnes âgées ont lieu une fois par semaine. Deux fois par mois, un service de pédicure est proposé grâce à l’activité et au dévouement de quelques dames. Cette association fonctionne parfaitement bien et il se crée des amitiés tout à fait touchantes ».