M. Louis Marzet, né à Grand-Fas, était analphabète mais savait signer et compter. Avec d’autres paveurs, il est « monté » à Paris avec des tombereaux tirés par des bœufs pour aller paver Pantin. Il leur a fallu 15 jours de route. Comme les autres paveurs, il s’est dirigé vers le quartier de la Villette pour se loger.
Les départs de la région s’effectuaient aux mois de février et mars, les retours en novembre pour être dans leurs foyers au moment des fêtes de Noël. Cela explique pourquoi les dates de naissance des enfants de paveurs se situent toutes aux mois d’août et septembre.
Certains se logeaient près du Bazar de l’Hôtel de Ville, rue de la Verrerie. Très vite, les paveurs ont cherché à se rassembler. Ils ont fondé une Société de Paveurs qui organisait un bal tous les mois à Paris, et à la fin de l’année un banquet suivi d’un bal.
De même il existait une Association de Paveurs, qui tenait ses assises le jour de Pâques à Saint-Sulpice-les-Feuilles chez Mme Daniaud. Ainsi les nouveaux et anciens partaient à pied sur une route jalonnée par la présence d’une mère qui les recevait et faisait leur repas. A Paris ils avaient des quartiers réservés : Bretons, Limousins, Creusois, Marchois…
Plus tard fut créée la Société Amicale des originaires de l’arrondissement de Bellac : la Gartempe avec comme fondateurs M. Lamarguerite de Chateauponsac, M. Duffraysse de Bessines, M. Marzet Hubert de Mailhac, M. Mouchet (époux Poirier) de Saint-Sulpice et M. Naillat de Bessines. La Société de la Gartempe a eu un Président très connu M. René, Georges Aubrun, un érudit, qui a été bibliothécaire à la Bibliothèque Nationale à Paris. La Société avait un rôle d’entraide en cas de décès, de maladie et d’accident par exemple. Elle permettait de garder le contact avec les gens qui revenaient du pays et qui ramenaient des nouvelles. Elle recevait les lettres pour les demandes d’embauche et de logement. Il existait beaucoup de camaraderie et de solidarité entre les paveurs.
Saint-Sulpice a connu son Auberge du Paveur tenue par Marie Marzet, épouse Lescaroux. Elle se situait à l’emplacement actuel de la Bijouterie-Horlogerie Peyrot.
Le 1er décembre 1863, aux Grands-Chézeaux, lors des obsèques de M. Jean-Baptiste Perrot, paveur, âgé de 23 ans, les témoins ont été Adrien Ballet et M. Gaulier de Saint-Sulpice-les-Feuilles, Président des Paveurs. Une centaine de paveurs assistaient au convoi avec leurs bannières.
Le 1er décembre 1867, aux Grands-Chézeaux, lors des obsèques de M. Mathurin Ballet dit Sardoc, âgé de 60 ans, paveur, de son vivant époux d’Eugénie Aumasson, les témoins ont été René Aubrun et Etienne Ballet. 80 paveurs environ assistaient à l’enterrement avec leurs bannières
Tous ces paveurs devaient faire partie de la Société des Paveurs organisée par M. l’abbé Perguet qui desservait la paroisse de Mailhac-sur-Benaize de 1860 à 1864.
M. Louis Marzet a épousé Mlle Cibot du Petit-Bois. Ils ont eu trois enfants :
– M. Hubert Marzet
Hubert Marzet a été scolarisé à Mailhac. Il faisait chaque jour à pied le trajet pour aller à l’école (9 km au total). En 1880 il avait craint les loups sur son chemin et les avait entendus gratter aux portes des bâtiments. Reçu 1er du canton au Certificat d’Études Primaires, à l’âge de 12 ans, en 1882, la commune de Mailhac-sur-Benaize lui a offert en récompense un voyage d’une journée au bord de la Mer au Tréport. Après ce succès M. Hubert Marzet « monte » à Paris où, au Lycée Colbert, il reçoit une instruction de comptable, sous le terme de plumassier : homme de plume.
A l’âge de 19 ans il entre dans la maison Boivin, spécialisée dans la fabrique de ganse et passementerie, comme comptable. L’entreprise comptait déjà plus de 300 employés.
Plus tard il s’est mit à son compte dans la passementerie pour mode qui utilisait la ganse fabriquée par l’entreprise où il travaillait auparavant. Il était installé Rue Bordas et avait pris comme associé son frère Ernest. Ils employaient 2 ou 3 ouvrières, avec en plus un travail à domicile distribué deux fois par semaine.
M. Hubert Marzet, a eu un fils Ernest Marzet qui est entré à 15 ans comme comptable chez son père. Ainsi le jeune homme a appris « sur le tas » et est resté avec son père jusqu’à son mariage.
En effet, en 1936, M. Ernest Marzet a épousé une jeune fille dont les parents avaient créé une entreprise de Galvanoplastie (ou traitement des surfaces par électrolyse). A partir de son mariage M. Ernest Marzet est entré dans la société comme comptable à Issy-les-Moulineaux dirigeant une entreprise qui comptait 55 ouvriers en 1940.
Après la 2nde guerre mondiale M. Marzet Ernest s’est séparé de son beau-père et a fondé sa propre entreprise à Vanves, sur un local de départ de 49 m2, pour travailler dans la protection de métaux en masse. En 1954 l’usine s’agrandit couvrant 1 000 m2 de superficie. En outre M. Marzet a relancé l’entreprise de son beau-père qui connaissait des difficultés. Actuellement M. Marzet est en retraite et c’est sa fille qui dirige les entreprises de la région parisienne.
Pour son fils, M. Marzet a fondé en 1975 une usine à Châtellerault (Vienne) pour le travail en masse et en cadre comme à Paris. Il s’agit d’une usine moderne et modèle, toute automatique.
– M. Ernest Marzet.
– Mme Mélanie Marzet.