En dehors de l’émigration, dont nous parlons plus loin, les ressources du canton sont essentiellement agricoles. Il n’y a pas cinquante ans, l’agriculture n’avait fait aucun progrès et ses procédés étaient des plus primitifs : un sol médiocre; des chemins impossibles ne permettaient que des résultats défectueux, obligeant la partie valide de la population à émigrer ; c’était aux femmes et aux vieillards qu’incombait le soin de gratter quelques coins de terrain qui donnaient parcimonieusement quelques boisseaux de blé*.
* Le froment était fort rare ; les comptes de la châtellenie de Lussac constatent qu’en 1488 les fermes n’en ont pas produit.
On ne fumait que fort peu les terres et on se contentait d’écobuer. Les écobueurs, figures disparues, étaient de solides auvergnats qui passaient par groupes de quatre ou cinq ; chacun d’eux portant une pioche plate et une pelle de bois : à l’aide de ces instruments, ils pelaient la terre en coupant au-dessous du collet les ajoncs, la bruyère et les herbes qu’ils mettaient ensuite en tas et les faisaient brûler ; les cendres ainsi obtenues étaient répandues sur le champ et servaient d’engrais ; ils touchaient 1,50 fr. par jour sans être nourris, ou ils entreprenaient à la tâche, à raison de 10 francs la boisselée de dix ares ; ils touchaient, de plus, 2 francs pour surveiller la combustion.
L’introduction de la chaux fut une révolution pour la culture du pays et elle doubla la valeur des propriétés en permettant de cultiver des terrains considérés jusqu’alors comme improductifs.
Comme toute innovation, celle-ci se heurta à l’hostilité routinière des habitants.
« C’est en 1851, dit l’abbé Dufour*, que M. Ch. de Fougières et M. Pignet, fermier de Rhodes, commencèrent à employer la chaux ; les débuts ne furent pas heureux et même les propriétaires se moquaient d’eux » ; moqueries et insuccès ne les rebutèrent pas; ils persévérèrent et bientôt les résultats furent probants ; ils eurent dans la commune des Chézeaux de nombreux imitateurs et le procédé ne tarda pas à se répandre dans les localités voisines : ce fut le signal du défrichement. Le froment, qui jusqu’alors ne pouvait se semer que dans quelques rares domaines, devint d’un usage général.
* L’abbé Dufour; qui fut curé des Chézeaux de 1839 à 1889; a laissé des recherches sur la paroisse en deux cahiers manuscrits qui nous ont été très obligeamment communiqués par M. l’abbé Cazabonne; son successeur
Bientôt on ne se contenta pas de défricher les terrains particuliers, on s’attaqua à la réserve importante des terres qui, sous le nom de communes ou communaux; dormait depuis des siècles à la disposition des habitants ; incultes ou parsemés de maisons jetées sans ordre; ils ne servaient que de pacages pour les bestiaux ou de débarras pour les habitants qui y logeaient leurs charrettes et leur bois. C’était un capital qui sommeillait, improductif, car les services qu’ils rendaient n’étaient pas en rapport avec le revenu des sommes immobilisées, surtout depuis l’augmentation subite de la valeur du sol. C’est principalement dans la période 188o-1885 que les habitants, profitant de la loi du 10 juin 1793, se partagèrent les communaux. Pour beaucoup, cette distribution fut le commencement de l’aisance : ces terres, jusque-là couvertes de bruyères, furent par le travail, transformées en excellentes prairies ou en terres labourables, augmentant dans une forte proportion la richesse du canton.
Leur étendue était en effet fort grande. A Arnac, ceux détaillés dans le terrier de 1742 ont une contenance de 337 seterées, c’est-à-dire représentent 5,62 % de la contenance totale ; ils sont presque tous partagés. Au moment de la confection du cadastre de Saint-Sulpice, la contenance des communaux était de 237 hectares 58 ares, représentant 6,65 % de la superficie de la commune ; maintenant elle n’atteint pas 10 hectares. En général, tous les peux étaient des communaux.
Par suite de la mise en valeur de ces terrains, l’étendue des domaines a diminué et le nombre des métayers augmenté.
Cette augmentation de la productibilité du sol a même fait naître un intermédiaire entre le propriétaire et le colon : le régisseur qui prend la propriété à bail à ferme et la sous-loue à moitié fruits au colon ; ainsi la terre, qui jadis nourrissait misérablement paysan et propriétaire, fait maintenant vivre largement trois catégories d’individus.
Le métayage règne en maître dans le pays et les baux à prix faits à l’exploitant sont l’exception : la moyenne de ces derniers est de treize baux par an pour tout le canton, chiffre pris sur les dix dernières années. Quant au nombre des baux à colonage, nous n’avons pu le déterminer, le contrat qui lie le propriétaire et le fermier est en général fait pour une année et se continue ensuite par tacite-reconduction ; il en résulte que le bail passé à l’entrée du colon ne se renouvelle pas tant que celui-ci cultive la propriété ; la législation fiscale n’exige pas, du reste, une déclaration pour ces sortes de baux qui échappent par suite à toute statistique.
Le colonat partiaire, après avoir été présenté pendant longtemps, notamment par Gasparin, comme un mode d’exploitation quelque peu retardataire, a reçu, sous l’influence des idées nouvelles de mutualité et d’association, un regain de popularité parmi les économistes et les agronomes, mais à la condition que le propriétaire réside sur ses terres ; toute immixtion d’un tiers rend ce système défectueux en lui enlevant son caractère d’association.
Cette coutume du colonage remonte fort loin, mais au lieu qu’aujourd’hui le propriétaire et le colon partagent les produits par moitié, au xv° siècle, le fermier prenait deux tiers et le maître un tiers ; cela résulte des baux nombreux des archives de Lussac.
Le 21 décembre 1445, le seigneur du Fief donnant à bail les coux des Forestilles 4 Jean de la Court, stipule que « led. Jehan payera le tiers froment, seigle et avène et tous les autres menus blés lui demoureront et sera tout Je bestiailh que led. Jehan et les siens tiendront esd. lieux comme Beufz, vaches, ouyelles, moustons, chièvres, portz et jumens, à moictié » ; le métayer aura le droit de faire pacager le bétail de la métairie dans les bois du seigneur; « tant en temps d’erbes que d’aglant ». Le seigneur garantira le métayer « de tous fouages, guect et garde comme font et ont accoustumé faire les aultres nobles avec leurs mestayers. Et est accordé au regard du lieu appelé au Rabissac, il le pourra tenir ou faire tenir à l’ung de ses enfants, en ce que par tant qu’il le tiendra de lad. mestayerie à vestizon froide led. Jehan ne sera tenu de poier que les cens, rentes et debvoirs; tant en deniers que rabbes et aultres fromenz, comme il avoit accoustumé quand il le lenoit à vestizon chaude » (1).
* Arch. de Lussac.
La plupart des anciens baux comportaient de nombreuses redevances en nature et des prestations. Les plus communes de ces dernières étaient les vinades ; elles consistaient dans l’obligation pour le fermier d’aller chercher en Berry le vin nécessaire à la consommation du maître. On distinguait la vinade et la bouade : la première se devait avec deux paires de bœufs et une charrette, tandis que la bouade n’était qu’une paire de bœufs ou d’une charrette.
Anciennement le pays possédait pour chevaux de selle — le seul moyen de locomotion employé — la forte race limousine à peu près disparue de nos jours et remplacée par la race anglo-normande. Les cultivateurs, comme autrefois, n’utilisent pas les chevaux pour leurs travaux, ils se servent de bœufs ou de vaches : la race marchoise paraît être la plus anciennement employée ; vers 1875, on tenta de lui substituer la race parthenaise ; à cette époque ; le comice ne primait que les taureaux de cette espèce ; puis, vers 1885, elle dut céder la place à la belle race limousine qui, aujourd’hui, se trouve dans tous les grands domaines ; les petits cultivateurs seuls ont conservé la race marchoise souvent croisée avec les limousins.
Quant aux moutons, les crevants avec les berrichons se partagent les troupeaux. En 18o6, on signale à Lussac les résultats excellents obtenus par le croisement de brebis du pays avec des mérinos ; le bas prix de la laine a fait abandonner ces tentatives par les éleveurs qui ont surtout cherché à obtenir des animaux de boucherie ; c’est ainsi que les sowthdowns et les dhisleys tendent à remplacer la race charmoise qui avait succédé aux deux races ci-dessus.
Quant aux porcs, la race du pays, assez vague, tend à disparaître devant les limousins.
L’agriculture n’a pas seulement suivi le progrès en ce qui concerne les races, elle a aussi adopté les machines ; c’est ainsi que, vers 1856, nous voyons apparaître les batteuses à manège et, en 1866, les batteuses à locomobiles ; celles-ci sont maintenant fort nombreuses ; on en compte une vingtaine dans le canton. Depuis dix ans, l’usage de faucheuses se généralise et depuis cinq ou six ans la moissonneuse est employée dans quelques domaines.
La vigne se cultivait encore à Lussac au XVIIe siècle, si nous en jugeons par la présence en ce bourg, en 1673, d’un vigneron. En 1412, le seigneur du Fief lève la dîme de vin sur les villages des Cloutures et de la Foucaudière ; le terrier ajoute qu’il perçoit cette dîme dans toute la châtellenie quand on y récolte du vin ; une pièce de 1484 relate la plantation de vigne par les métayers de Roussine ; nous trouvons encore une vigne mentionnée au Couret en 1543*. Cette culture n’existe plus depuis longtemps et c’est à peine si les treilles mûrissent à Arnac et à Saint-Sulpice.
* Arch. de Lussac.
En 1710; nous trouvons mentionnées à Arnac des cultures de citrouilles et concombres.
Au dire des personnes compétentes, l’agriculture dans le canton de Saint-Sulpice est très avancée et, à ce point de vue, certaines communes, comme Arnac et Lussac, figurent en tête du département : non seulement les grands propriétaires, mais aussi les petits cultivateurs, gagnés par l’exemple, ont adopté les nouveaux systèmes de culture ; ces derniers même ont rompu avec les traditions des campagnes si hostiles à l’association et ont compris l’avantage de la coopération : un syndicat agricole a été fondé en 1894 pour tout le canton ; en janvier 1903, il possédait 230 adhérents pour lesquels il achète chaque année 180.000 kilogrammes d’engrais divers : phosphates, superphosphates et scories : 3.000 kilogrammes de maïs et 4.000 kilogrammes de graines fourragères. Ses recettes s’élèvent à 13.900 francs et ses dépenses à 13.500 francs ; son capital social est de 1.5oo francs. Tous les ans, il distribue de 150 à 200 francs à titre d’indemnité pour pertes de bestiaux*.
* Communication de M. Bouzat; président du syndicat.
Un comice agricole pour le canton a été fondé le 7 février 1868 ; sa cotisation est de 5 francs par an. Il possède actuellement cinquante-deux membres.
En 1868, il distribuait annuellement 300 francs de primes ; vers 1890, ce chiffre s’élevait à 8 ou 900 francs. Maintenant il donne 1.100 francs.
Les concours ont lieu en mai et en septembre.
Antérieurement et depuis 1854, des primes étaient décernées chaque année aux taureaux seuls, au nom du comice de Bellac, par une commission locale.
Signalons en passant l’échec complet de la loi du 18 juillet 1898 sur les warrants agricoles : malgré son utilité incontestable, cette loi, qui permet aux petits cultivateurs d’échapper aux griffes des usuriers, n’a jamais reçu d’application dans le canton ; plusieurs fois nous avons pu nous assurer qu’elle était inconnue des intéressés.
Chaque année on publie des statistiques qui présentent les contenances des diverses sortes de culture ; ces renseignements donnés à vue d’œil sont loin d’être précis, aussi nous dispenserons-nous de les reproduire ici ; nous nous contenterons de grouper dans un tableau les statistiques récapitulatives qui se trouvent en tête de chaque cadastre ; ils donneront une idée fort exacte de la distribution de la culture du sol dans la première moitié du dernier siècle : actuellement, les défrichements, les améliorations ont transformé les pacages en prairies et les bruyères en excellentes terres labourables ; on ne saurait donc voir dans ce tableau un état de l’agriculture à notre époque.
Nous y joignons le nombre des parcelles qui existaient à la formation des cadastres, d’où nous dégageons les moyennes parcellaires pour chaque commune : on constatera que la propriété est très divisée à Saint-Martin et Saint-Sulpice ; tandis que les plus grandes parcelles se rencontrent aux Chézeaux et à Jouac.
Enfin nous y insérons; d’après les mêmes matrices, le nombre des maisons et établissements industriels de chaque commune ; en comparant cette partie avec le tableau donné précédemment à l’occasion du dénombrement de la population, on remarquera que le nombre total des maisons a fort peu augmenté.
Le terrier d’Arnac, entrepris en 1742 à l’occasion d’une réforme fiscale dont nous parlons plus loin, fournit de précieux détails sur l’état de la propriété à cette époque*. Pour leur donner toute leur valeur, il aurait fallu les mettre en regard des résultats contemporains ; malheureusement cette comparaison ne peut se faire d’une façon rigoureuse, la paroisse d’Arnac ne figurant pas en entier dans ce terrier, mais seulement la partie qui était comprise dans la généralité de Limoges.
* Mairie d’Arnac
L’arpenteur mesura 5.996 sétérées réparties en 3.539 parcelles, soit une moyenne de 87 ares 81 par parcelle : le cadastre donne une moyenne de 65 ares 59 par parcelle.
La propriété était encore peu divisée et, d’après le nombre de fiches, on trouve une moyenne de 17 hectares 87 ares par propriétaire ; le cadastre donne seulement 8 hectares 5 ares.
Dans les propriétés au-dessous de 10 sétérées, il n’y a que quelques brebis et une chèvre, rarement une vache.
Dans les propriétés de 10 à 20 sétérées, le propriétaire ne possède que sa terre ; les deux vaches nécessaires à l’exploitation lui ont été données à cheptel. Très peu de domaines au-dessus de cette contenance appartiennent à des propriétaires exploitants ; ils ne dépassent guère 150 sétérées ; le domaine du duc de Laval à Chabranne avec ses 216 sétérées est une exception ; il tient du reste 6 bœufs de travail, 2 bœufs d’engrais, 8 vaches; 8o brebis, une coche, 6 nourrins, une poulinière, une chèvre et huit ruches ; c’était le plus important de la paroisse. Il est vendu 18.900 l. en 1782; soit 168 1. l’hectare ; son revenu était de 307 1.
Le domaine de Champotant qui comprenait 99 sétérées exploitées par 4 bœufs de travail et 5 vaches est payé 8.600 1. en 1785, soit 167 1. l’hectare ; son revenu était estimé de 179 1.
Au point de vue de la distribution de la propriété, les 355 fiches qui subsistent nous révèlent :
169 propriétés au-dessous de 4 sétérées………… 47%
112 propriétés de 4 à 20 sétérées ……………….. 32%
60 propriétés de 20 à 100 sétérées…………….. 18%
14 propriétés au-dessus de 100 sétérées………. 3%
En ce qui concerne les deux dernières catégories, un classement nous montre que sur les 6o propriétés de zo à 100 sétérées, 32 appartiennent aux nobles et aux bourgeois et sont exploitées par métayers ou domestiques ; 26 seulement appartiennent à des paysans et sont cultivées par eux : il y a lieu de remarquer que les corps de biens ainsi exploités ne dépassent jamais 40 sétérées ; pour deux le mode d’exploitation n’est pas indiqué. Quant à la dernière catégorie; propriétés au-dessus de 100 sétérées, elle est en entier exploitée par métayers.
Dans presque tous les domaines importants il y a une jument poulinière ; les espèces ovines et caprines sont largement représentées.
Pour cette partie de la paroisse d’Arnac, une récapitulation nous permet d’indiquer qu’elle nourrissait : 46 chevaux et juments, 7 mulets, 1 âne; 3.245 brebis, 18o bœufs, 3o6 vaches, 87 chèvres, 224 cochons et 104 ruches.
La race asine, aujourd’hui si répandue, n’est représentée que par une unité ; pareil fait nous est révélé par le terrier de Lussac.
Les évaluations de revenu furent établies lors de la confection de ce terrier sur les bases suivantes, il s’agit de la sétérée :
Prés …………………. de 4 l. à 7 1.
Jardins……………….. de 2 1. 10 s. à 5 l.
Chènevières ……..…. de 2 l. 6 s. à 4 l.
Terres à seigle ……….. de 1 l. à 3 1.
Terres à raves ……….. de 2 1. 15 s. à 3 1.
Châtaigneraies….…… de 15 s. à 2 1. 10 s.
Chaumes et bruyères… de 4 s. à 10 s.
D’après divers actes de ventes, ce revenu inférieur au revenu réel, ressort der à 2 % de la valeur vénale.
Ce même document fait connaître que dans ces propriétés il fallait une moyenne de 4 hectares 1/2 pour nourrir une tête de gros bétail ; actuellement certains domaines peuvent porter une tête par hectare 1/2 ou 2 hectares.
Cette révolution dans la culture, qui a été pour notre pays le départ d’une ère de prospérité, a eu comme corollaire une révolution dans les conditions matérielles de la vie, puissamment aidée en cela par l’émigration dans les villes qui donne le goût de la propreté et du confort : dans quelques années, les vieilles masures aux fenêtres étroites, aux toits de chaume, auront partout fait place à de spacieuses maisons soigneusement blanchies, aux larges baies gaiement encadrées de briques rouges, aux toits d’ardoises ; déjà certains villages, comme Lareux, Champagnac, évoquent avec leurs maisons neuves, le souvenir riant des hameaux de Touraine. Faut-il aussi rappeler l’aspect coquet du chef-lieu avec ses villas semées dans la verdure. L’intérieur du logis était à l’avenant ; il n’y a pas encore longtemps, dans nombre de maisons, gens, poules et cochons couchaient dans la même pièce, dont le sol était en terre battue : aux quatre coins se trouvaient des lits, cadres de bois remplis de paille reposant directement sur le plancher ; par dessus une sorte de matelas en balle de grains; la ballasse ; parfois, chez les plus raffinés, elle était remplacée par l’apluntis ou pluntis en toile remplie de plumes.
Les inventaires des XVIIe et XVIIIe siècles nous montrent que le reste du mobilier se composait d’une table, d’une arche ou maie à pétrir et d’un coffre fermant à clef et tenant de 8 à 16 boisseaux : c’était le meuble indispensable et obligatoire ; pas une mariée qui n’apportât son coffre, qui servait à la fois d’armoire et de chaise ; car les sièges manquaient souvent, ils étaient parfois remplacés par des bancelles. C’était dans ce coffre qu’on renfermait les lincieulx de chanvre ou de meslis (étoupe) ; la garde-robe de la maîtresse de maison, composée uniquement de « cottes ou robes de serge avec le corps et les manches de drap à usage de village » ; les couvre-chiefs de lin pour les dimanches, de serge pour les autres jours. Les chemises manquent la plupart du temps.
On trouve encore la brie à bréyer le chanvre, la platine à galettes, des assiettes d’étain, des oulles (marmites), des palisses (corbeilles), une saite (boîte à fond clissé pour mettre les châtaignes cuites) ; les chaleuils. Puis dans un coin les outils : le broc à gerbe (fourche pour charger les gerbes), pellebèches, besoches et besochons (pioches), bigots ou trants (pioches courbes à tirer les fumiers), counys (coignées), asseaux et fissoirs (instruments pour faire les rigolles).
La nourriture a eu sa part dans l’évolution que nous signalions : les châtaignes, la boullie de mil, le pain noir trempé dans l’eau ou bobine, les galettes de sarrasin, les raves cuites formaient le fonds de l’alimentation ; plus tard, aux jours de fêtes; on mangea du sans-culotte : tarte à la pomme de terre ; le pain blanc, la viande, le vin qui ne se donnaient qu’aux malades, sont maintenant d’un usage courant.