Sous l’ancien régime, l’armée comprenait deux parties bien distinctes : les mercenaires et la milice.
Pour les premiers, les mercenaires, gens de sac et de corde, nous n’avons relevé qu’un petit nombre de faits.
– Le lundi 3 juin 1619, le maréchal de Schomberg passa une grande revue dans les plaines entre Mondon, Montlambert, les Loges et le chemin de la Souterraine ; elle comprenait 1.000 chevaux et 1.000 hommes de pied.
– En février 1652, pendant les guerres de la Fronde, l’armée de Mazarin, environ 5 à 6.000 hommes, traversa le pays par Argenton, Saint-Benoit; Saint-Léger ; elle pilla nombre de châteaux ; près de Lussac-les-Eglises, on trouva trois morts entièrement dépouillés ; « bref s’ils eussent été en pays ennemi de conqueste, ils n’eussent pas pis fait »*.
– En 1710, des soldats d’un régiment vallon, en traversant le village de Ruffasson, tuèrent un homme à coups de fusil**.
Les milices étaient recrutées par voie de tirage au sort parmi les habitants ; parfois, ceux-ci préféraient se taxer et ils payaient un remplaçant :
– Le 16 janvier 1747, les habitants de l’enclave de Lussac font marché avec François Trichard, du Blanc, qui s’engage à servir de milicien pendant six ans moyennant 250 l. et les poules qu’il lèvera dans la paroisse. Le syndic s’oblige à lui payer cette somme le jour de sa réception à Limoges ou à Angoulême ; jusque-là, il le nourrira ; il payera la dépense qui a été faite et les vitres qui ont été cassées.
– Un remplacement à Saint-Hilaire est payé 100 l. en 1742 et 80 l. en 175o, plus une livre de tabac et une paire de souliers neufs, « à la prière et requête des garçons de la paroisse et pour leur faire plaisir »**.
*Bibl. de Poitiers ; recueil de D. Fonteneau; t. XXXI.
**Etat-civil d’Arnac.
– En juillet 1793, l’équipement d’un remplaçant revient à 1.000 l. :
. Habit, veste et culotte……………………………………130 l. 8 s.
. Trois chemises…………………….………………………24 l.
. Deux souliers………………………………..…….………22 l.
. Chapeau……………………………………….……………7 l. 10 s.
. Doublure de veste et culotte………………..…..…………15 l.
. Bonnet de parade et collet……………………….………. 10 l.
. Brosse et peigne……………………………………………3 l. 10 s
. Fusil, sac de peau; sac de toile et giberne……………….. 78 l.
. Faux frais, avances et nourriture…………………………. 10 l.
. Payé au remplaçant ……………………………….……..600 1.*.
* Pap. Dubrac.
– 25, 27 et 28 mars 1793, passage, à Lussac, de troupes allant dans les Deux-Sèvres.
– En juillet et août 1815, des quantités considérables de fourrages sont absorbées par les chevaux de troupe qui traversèrent la commune de Saint-Sulpice.
Nous ne possédons rien sur l’organisation de la garde nationale en 1789.
Le 8 mai 1792, à Lussac, on procède à une nouvelle formation de la garde du canton ; chaque maire apporte la liste des hommes susceptibles d’y figurer, sauf celui d’Azat, qui ne se présente pas ; le maire de Moutiers informe que ses concitoyens refusent d’en faire partie.
Ces listes donnent un total de 453 hommes : Lussac, 155 ; Jouac, 144 ; Saint-Martin, 188 ; Verneuil, 38 ; Tersannes, 26. Ils sont répartis en six compagnies : Ière, Saint-Martin ; 2ème, le bourg de Lussac ; 3ème, Jouac ; 4ème, Verneuil, Tersannes et partie de Lussac ; 5ème, les villages de Lussac ; 6ème, Jouac.
Après réflexion, les communes dissidentes se ravisèrent et, le 13 mai, faisaient inscrire : Moutiers, 10 hommes, et Azat, 70 hommes. Le même jour, on procéda à l’élection des officiers de chaque compagnie, puis du bataillon : Louis Mathieu-Ducoudray fut commandant de la garde nationale du canton ; Léonard André, commandant en second, et Honoré Mathieu-Ducoudray, adjudant.
L’année suivante, la Vienne, ayant été menacée par les Vendéens, le département ordonna à tous les officiers de se réunir à Limoges le 13 mai, à cheval et en armes, pour marcher contre les brigands ; trois officiers seulement firent des difficultés pour partir : deux, sous prétexte qu’ils ne savaient pas monter à cheval et l’autre faisant remarquer qu’il était aussi officier municipal et qu’il ne savait à quelle fonction il se devait : le conseil lui fit réponse qu’il n’avait qu’à s’en remettre à la prudence du département.
A la suite de ce départ, on procéda à une nouvelle distribution des compagnies : Louis Ducoudray fut maintenu dans son grade et on lui donna pour commandant en second Joseph Bouchalais et pour adjudant Placide Belliot.
Le 4 ventôse an IV, le conseil du canton « profondément affligé de la désorganisation de la garde nationale », arrête que tous les citoyens seront convoqués pour le 16, afin de la rétablir. Le 14 du mois suivant, le commissaire du pouvoir exécutif dénonce au même conseil le commandant de la garde nationale qui n’a pas voulu se lever pour faire une patrouille, malgré les bruits sinistres qui couraient.
Le 20 floréal, on procède à de nouvelles élections, Joseph Deguercy est nommé commandant du bataillon, et Jean-Baptiste Hélitas, adjudant général.
Pour arrêter le cours du brigandage, le conseil arrête qu’il y aura toujours un détachement de 120 hommes prêts à marcher*.
La gendarmerie, organisée par la loi du 28 germinal an VI, fournit tout d’abord une brigade à Arnac ; en 1806, nous trouvons celle-ci installée au Magnaud elle y était encore en 1834 ; mais à cette époque une seconde brigade avait été créée à Boismandé : chacune d’elles comprenait un brigadier et quatre gendarmes.
En 1857, cette dernière fut transportée à Saint-Sulpice, où elle est encore.
* Arch. de la Haute-Vienne.