Généralités : Cultes

Sous l’ancien régime, les neuf paroisses dépendaient de l’archiprêtré de Rancon, officialité de Guéret, diocèse de Limoges. M. Deloche a établi que Lussac-les-Eglises n’avait jamais été le siège d’un archiprêtré*. C’est actuel­lement cette localité qui est le chef-lieu du doyenné.

* Les archiprêtrés de l’ancien Limousin.

Les églises de Lussac et Arnac possédaient des communautés de prêtres mentionnées dès le XVe siècle ; celle d’Arnac a subsisté jusqu’à la Révolution, l’autre a du disparaître pendant les guerres de religion.
Il y avait prieuré à Arnac, Ménussac et Mailhac ; des cha­pelles à Lussac, les Chézeaux, Lubignac, Piégut, Soulignac, la Tâche, Saint-Martial, l’hôpital de Lussac. A l’Expardélière, existait une commanderie de l’ordre de Malte.
la réorganisation des cultes, on ne rétablit pas toutes les églises qui existaient avant la Révolution ; ainsi, Mailhac, Jouac et Saint-Martin n’eurent pas de desservant.
Deux communautés religieuses, établies l’une à Arnac, l’autre à Lussac, ont été supprimées récemment ; il subsiste encore aux Chézeaux un couvent de garde-malades de l’ordre de Saint-François-d’Assise.

On sait que jusqu’en 1792 les registres d’état-civil étaient tenus par le clergé ; ces registres existent encore dans les mairies ; nous avons pu les parcourir longuement et ils nous ont fourni des faits intéressants.
Ceux de Lussac commencent en 1601
            Mailhac en 1623
.             Jouac en 1640
.             Arnac et Saint-Georges en 1644
.             Les Chézeaux en 1655
            Saint-Sulpice en 1657
.             Saint-Martin en 1676
.             Cromac en 1700

Tous, sauf ceux d’Arnac, présentent de nombreuses lacunes.
Rédigés souvent avec négligence, quelques-uns sont au contraire fort bien tenus, tels ceux d’Arnac, surtout pendant l’exercice des curés Plaignaud. L’un d’eux fit même pour ces registres une table qui va de 1697 à 1778.
Depuis 1669 ces registres étaient visés par le procureur du roi de Montmorillon, sauf ceux d’Arnac qui étaient paraphés par le procureur du Dorat.
A la fin du XVIIIe siècle, ce magistrat surveillait de très près la forme et la régularité des actes ; le curé Plaignaud nous apprend, ad futuram rei memoriam, qu’en 1772, il a payé deux amendes montant à 3o l. pour n’avoir pas indiqué distinctement le jour de la naissance et le jour du baptême et pour n’avoir pas fait signer un témoin. En 1778 le procureur du roi écrit au même qu’à son grand regret, il va relever des contraventions contre lui pour avoir omis de consigner l’absence des parents aux baptêmes, les qualités des témoins, la signature des mariages*.

*Mairie d’Arnac.

Depuis 1673 ces registres étaient sur papier timbré ; un double était déposé au greffe.
Ces registres qui comprennent naissances, mariages et décès — et pour les Chézeaux, de 1655 à 1667, les fiançailles — donnent lieu à diverses recherches.
En général l’enfant présenté au baptême prend le prénom de son parrain ou de sa marraine ; à Saint-Sulpice, au XVIIe siècle, ce cas se présente 85 fois sur cent. Au siècle suivant nous relevons ce même cas 88 % ; le prénom du père ou de la mère est donné 5 % ; le saint du jour n’est imposé que 0,60 % ; le nom d’Ozanne est donné à une fille née le jour des Rameaux ; cas indéterminés  6,40 % : Marie pour les filles,
Jean et Joseph pour les garçons sont donnés le plus fréquemment dans ces cas.
Les doubles prénoms ne se montrent qu’au XVIIIe siècle ; vers 1750, à Saint-Sulpice, ils se présentent dans la proportion de 4,80 %. Les triples prénoms sont très rares.
En 1601, époque à laquelle commence notre état-civil, on constate que l’habitude de donner plusieurs parrains ou marraines était déjà perdue*.

*Jeanne d’Arc eut quatre marraines ; cf. Joseph Fabre, Procès de réhabilitation de Jeanne d’Arc, t. I, p. 77

 

Les deux tableaux ci-après présentent les cas de fréquence d’emploi des prénoms pour trois paroisses du canton :

Prénoms de garçons

Prénoms de filles

Comme partout nous voyons que le nombre des filles est toujours supérieur à celui des garçons ; le rapport entre les chiffres d’une même période varie entre 1,03 et 1,10.
Pour les garçons, sur 989 baptêmes, Jean tient la tête avec 186 ; suivi par Léonard : 409, Pierre : 83, François : 76.
Pour les filles sur 1055, Marie vient première avec 175 ; ensuite Jeanne : 157, Anne : 108, Léonarde : 88, Marguerite : 88, Françoise : 56.
Au XVIIIe siècle, on remarquera la faillite de Léonard et Léonarde si en vogue précédemment ; de même Marie, qui nous a envahis, était bien moins commun avant le XVIIIe siècle.
Parmi les prénoms rares que nous avons relevés et qui ne figurent pas dans ces tableaux, citons à Lussac : Florien (1601), Fiacre (1602) ; à Saint-Sulpice : Plaisir (1669) ; à Arnac : Cosme-Damien imposés au fils d’un chirurgien en 1766.

En ce qui concerne les sépultures, signalons, en 1732, une inhumation à Lussac dans un cercueil de pierre, « un vase de pierre » dit l’acte.
Dans les mêmes registres, le curé emploie, de 1673 à 1688, l’expression Chasselle pour désigner les cercueils d’enfants au-dessous de six ans ; ce mot signifie sans doute petite châsse ; en Périgord on employait autrefois le mot cisterne*

* Cf. Bulletin de la Société archéologique du Périgord, t. XI et XIX.

 

En 1717, un enterrement à Lussac coûte environ 6 l. tous frais compris :
.             pour l’enterrement ………. → 3o s.
.             pour la cloche ….…………→   5 s.
.             pour la cire…………….…  → 22 s.
            pour le curé…………….… → 10 s.
            pour le sacristain…………. → 10 s.
.             pour le service……………. → 20 s.
            pour les prêtres assistants… → 30 s.

Le 17 mai 1716, le curé de Lussac constate qu’à la requête de l’Official de Guéret, il a été publié un monitoire et prononcé l’excommunication contre un coupable recherché et ceux qui n’ont voulu venir à révélation, « cloches son­nantes et candelles éteintes ».
Des confréries existaient dans presque toutes les paroisses ; les plus connues étaient celles de Mailhac, Notre-Dame (1625) de Saint-Gervais et Saint-Protais (1636), dont les dignitaires composaient toute une cour ; à Saint-Sulpice,  confrérie du Saint-Sacrement (1710).