Jean Barton, seigneur de Brel, appelé depuis le comte de Montbas, naquit au château de Lubignac ; destiné d’abord à la carrière ecclésiastique, il fut tonsuré en 1629 et nommé la même année prévôt de Saint-Salvadour. Depuis, il embrassa le métier des armes et servit sous son frère aîné, le vicomte de Montbas.
Par contrat du 24 mars 1646, il épousa Cornélie, fille de Hugues Groot ou Grotius, célèbre écrivain et ambassadeur de Suède en France. Les jeunes époux se fixèrent en Hollande où Barton prit du service : il fut fait capitaine de cavalerie en 1653 et devint successivement colonel et commandant de corps d’armée et reçut nombreuses blessures.
Dans un livre publié à Utrecht en 1673, Mémoires de M. le comte de Montbas sur les affaires de Hollande en réponse aux calomnies de ses ennemis, il a raconté sa vie fort agitée. Tombé en disgrâce auprès du prince d’Orange, il dut se réfugier en France ; ses ennemis répandirent alors le bruit qu’il s’y était rendu pour traiter de la paix avec le roi sans l’autorisation des Etats. Le prince l’ayant néanmoins nommé, le 7 juin 1672, gouverneur de l’île de Betaw et de la ville de Nimègue, il accepta et rentra en Hollande bien persuadé qu’il courait à sa perte.
En effet, les ordres ambigus et contradictoires qu’il recevait du prince et des Etats lui montrèrent bientôt qu’on voulait le sacrifier. Il demanda des instructions et des troupes pour garder les points qui lui étaient confiés : il n’avait, en effet, que six compagnies pour occuper l’espace de six grandes lieues. On ne lui répondit pas, mais le 9 juin le prince lui enleva le gouvernement de Nimègue. Las d’attendre, il fit dire qu’il allait se retirer, si on ne lui envoyait pas d’ordre contraire. Ne recevant rien, ni ordres ni troupes, il abandonna son poste et de suite vint rendre compte de sa mission au prince d’Orange. Celui-ci le reçut d’abord fort bien, mais deux heures après, il le fit arrêter et envoya de suite de fortes troupes occuper les points abandonnés par Montbas, ce qui montrait bien que ce prince avait arrêté sa perte.
Il l’envoya à Utrecht où il faillit être déchiré par la populace ; six semaines après on nomma quatre commissaires pour instruire son procès. Sept ou huit jours après son interrogatoire, le conseil de guerre l’envoya quérir et lui demanda s’il avait encore quelque chose à dire pour sa défense.
Le lendemain, on lui fit signifier de répondre dans les 24 heures à 177 inculpations dirigées contre lui par le procureur : il lui fallait dans ce court laps de temps rédiger ses réponses et les faire imprimer. On ne lui permit pas de les lire et lecture en fut faite par le greffier qui ne comprenait pas le français. On ne voulut pas non plus recevoir la production de ses avocats qui fut déposée quelques heures après l’expiration du délai.
Le Conseil rendit sur-le-champ son jugement qui se contenta de casser Montbas de ses grades, puis, sur l’injonction du prince, il le condamna à quinze ans de prison. Les Etats refusèrent d’enregistrer cette sentence, disant qu’il méritait ou la mort ou l’acquittement.
On décida alors de procéder à une nouvelle enquête, mais pendant ce temps, Montbas trouva moyen de s’évader. Immédiatement sa tête fut mise à prix et ses domestiques furent soumis à la question pour savoir où pouvait être leur maître.
Il se réfugia à Cologne d’où il offrit aux Hollandais de se rendre en telle ville qu’il leur plairait pour être jugé par les commissaires qu’ils voudraient, offrant de consigner 50.000 écus. Sa lettre ayant été interceptée, il écrivit à toutes les villes de Hollande pour obtenir justice, mais il ne reçut pas de réponse. Il provoqua le prince d’Orange et ses quatre juges qui, par dérision, firent faire réponse par le bourreau et l’envoyèrent par un trompette. C’est à ce moment qu’il publia ses mémoires pour justifier sa conduite.
Il épousa en secondes noces Louise de Brinon, de Normandie. De chaque mariage il eut une fille ; toutes deux moururent jeunes. Il décéda le 24 juin r686*.
* NADAUD, v° Barton, t. I, p. 151.