Mathurin eut une existence agitée. Une enquête, faite pour entériner des lettres de grâce qu’il avait reçues à l’occasion d’un homicide, nous dit cependant qu’il est doux et paisible et non noisif (de « noise ») et querelleur: qu’il a toujours fréquenté bons gentilshommes; dès son jeune âge, il a servi le roi; Il est bien estimé et expert au fait de la guerre et y a fait son devoir.
Nous le trouvons en I524 valet de chambre de son parent Philippe Pot, président au Parlement.
En 1536, il avait servi en Piémont et au camp d’Avignon où il était resté dix mois comme porte-enseigne du capitaine des Forges, et en novembre de cette année il revint à Lavaupot.
Comme il était capitaine des seigneuries de Flex et Mondon appartenant au connétable de Montmorency, il manda par devers lui les gardes des bois et forêts de Mondon, pour savoir si, pendant son absence, on avait commis des dégâts. Ceux-ci lui ayant signalé que le seigneur des Grands Fas, Mathurin Vergnault, s’était permis de prendre du bois, il lui écrivit d’avoir à réparer le forfait commis.
Cinq ou six jours après son retour, il sortit en pourpoint avec trois levrettes pour chasser et prendre son déduit à une lande nommée Lorreau où il chassa jusqu’à midi; ensuite il alla dîner à Mondon. Là, les gardes lui dirent qu’ils avaient vendu un chêne chut par orage de vent à un nommé Bobusson des Sicardières et qu’au moment où celui-ci emportait cet arbre, Vergnault était survenu et s’était opposé à son enlèvement prétendant qu’il était à lui et le fit payer dix sous.
Aussitôt mis au courant de ces faits, Pot partit pour les Grands Fas, où il ne trouva que la femme de Vergnault qui le fit entrer au logis, tandis qu’elle envoyait une chambrière avertir son mari. Il vit alors que celle ci se dirigeait vers le bois appelé de Lavaupot distant de quatre ou cinq portées d’arbalète; il la suivit et surprit Vergnault qui, avec un valet, chargeait de bois une charrette à bœufs. Furieux, il l’apostropha « Ah ! méchant ! ne m’as-tu pas assez fait d’autres méchants tours sans prendre mon bois « ; il tira son épée et lui bailla trois ou quatre coups par colère. A raison de ces blessures, Vergnault alla de vie à trépas.
Pot, craignant d’être poursuivi, jugea prudent de quitter le pays. Il prit mal ses précautions, car en janvier 1539 (v. s.) il se trouvait dans les prisons de Saint-Denis-lez-Paris.
A cette époque l’empereur Charles-Quint, réconcilié pour un temps avec François 1er , traversait la France pour aller châtier les Gantois révoltés. La magnificence des réceptions qu’on lui fit sur son passage coûta, dit-on, quatre millions à la France. François 1er le combla d’attentions et lui donna même le pouvoir de délivrer et mettre hors de prison tous ceux qui y étaient détenus, pour, selon l’exigence des cas, leur faire grâce, pardon et rémission.
Charles-Quint étant justement venu à Saint-Denis, Mathurin Pot lui fit présenter une supplique et obtint sa liberté avec des lettres de rémission où nous avons puisé les faits que nous venons d’exposer.
Mathurin reprit ensuite du service et nous le retrouvons en 1543, enseigne de Gallays d’Aché, guerroyant contre ce même Charles-Quint.
Le roi ayant chargé ce capitaine de conduire 400 arquebusiers à cheval aux environs d’Amiens, celui-ci se déchargea de ce soin sur son enseigne par la commission suivante :
“ Nous Gallays d’Aché, Seigneur dud. lieu et de Larrey, cappitaine de .4oo haquebuziers à cheval, certiffions à tous qu’il appartiendra, avoir donné povoir, puissance et auctorité à Mathurin Pot, Seigneur de Lavaupot, notre enseigne, d’admener les souldars qui sont de nostre compagnie en diligence, de sorte qu’ilz soient au lieu d’Amyens le 15e jour de juing prochainement venant et ce en vertu de commission à nous donnée par le roy nostre sire, cy sus escripte.
Donné aud. lieu d’Aché soubz nostre seing le 15e jour de may l’an 1543. Gallays d’Aché ”.
Mathurin céda en 1560 ses droits sur Lavaupot; nous dirons ce qu’il devint à la notice sur la Maison-Rouge.