Bonjour Colette,
Ton appel téléphonique m’avait ému : ne pas être oublié, c’est déjà quelque chose.
Tu me demandes de te retracer la création du CEG de Saint Sulpice. C’est tellement vieux que j’ai envie de commencer en écrivant : « En ce temps-là… »
C’est vraiment un temps-là très lointain de la vie actuelle. L’implantation d’un collège à St Sulpice n’a pu avoir lieu parce que la commune avait à sa tête un maire puissant, très attaché à son pays natal. C’était Monsieur Letourneur, Conseiller d’État, responsable en plus de l’administration préfectorale. D’autre part, dirigeant l’école de St Sulpice, je n’ai jamais respecté les lois, règlements, voie hiérarchique et autres fadaises.
Monsieur Letourneur désirait qu’un cours complémentaire soit rattaché à l’école primaire. Cela paraissait très difficile, presque impossible alors, que l’Education Nationale permit que cela se fasse. Les cours complémentaires avaient disparu, étaient devenus Collèges d’Enseignement Général. L’administration autorisa de créer dans les chefs-lieux de cantons des centres d’observation. La première année une classe de 6ème, l’année suivante une classe de 5ème, ensuite les élèves devraient être dirigés vers un centre plus important ; points d’attraction pour les élèves du canton de St Sulpice : lycée de Limoges, lycée de Guéret, collège de Bellac, école privée de La Souterraine.
A St Sulpice, les nouveaux bâtiments scolaires venaient d’être achevés, ils étaient prévus pour les classes primaires et pour l’enseignement ménager. La commune accepta donc l’ouverture d’un centre d’observation, installé dans les nouveaux locaux.
C’est à ce moment-là que j’ai triché. Je ne devais créer qu’une classe de 6ème, j’ai mis en place une classe de 6ème et une de 5ème, grâce à la complicité de mes adjoints.
Il a fallu procéder à un recrutement d’élèves. En ce temps-là, c’était le certificat d’études qui marquait pour la plupart des enfants la fin de la scolarité. La première 5ème avait pour base tous les élèves qui avaient passé le certificat cette année-là ; le recrutement de la 6ème ne put se faire que parce que je reçus l’aide de tous les enseignants du canton et qu’à eux se rattachèrent les enseignants de la commune d’Azérables, principalement de l’école de Jeux , Mr et Mme Bonhème, qui m’encouragèrent, me firent confiance, me confiant même leurs propres enfants.
Le collège n’aurait pas pu vivre sans le ramassage scolaire.
La première commune en France à réaliser un ramassage fut celle de Thuir dans les Pyrénées Orientales. Je connaissais le directeur du collège de Thuir, il m’aida et me conseilla pour mettre en place un système de ramassage.
La première année passée, je reçus l’autorisation de créer une classe de 5ème. J’avouais alors que cette classe avait déjà fonctionné pendant un an et qu’il fallait ouvrir maintenant une classe de 4ème.
Ce fut une véritable bombe et sûrement que tout aurait disparu sans les interventions de Monsieur Letourneur à la préfecture de Limoges et au Ministère de l’Education Nationale. Je crois que je fus marqué à l’encre rouge dans les services administratifs… Amusant !
Le principal était que le C.E.G venait de démarrer. Je n’ai eu qu’à me louer de l’aide que m’ont apportée mes adjoints, de peur d’en oublier un, je n’en cite aucun. Mes successeurs ont approfondi l’œuvre que je n’avais fait qu’ébaucher.
Un jour, repris par la nostalgie du pays natal, je suis retourné dans « mes terres » comme disaient les croisés. Il est vrai qu’il y avait plus de 15 ans que je les avais quittées et parcouru bien du chemin. Je n’ai, cependant, jamais oublié mes 10 années passées dans le Limousin, regrettant parfois de l’avoir quitté. J’ose espérer que je n’ai pas été tout à fait oublié, en bien évidemment.
Colette, je me contente de te donner ces simples souvenirs, je n’ai rien d’un écrivain, alors tu en disposes à ta guise. Madame Régine Pennetier était à l’époque secrétaire de mairie, elle a peut-être en sa mémoire des souvenirs sur les travaux accomplis pour l’implantation du C.E.G ! De nos jours, sans doute, je passerais en conseil de discipline. Je ne sais si j’ai été un bon enseignant, je ne sais pas si j’ai été un bon ou mauvais directeur, mon but était que les enfants soient heureux en classe. Je ne crois pas avoir été un exemple au point de vue discipline, des raisons personnelles m’interdisaient la sévérité.