A la gauche du chemin de Saint-Sulpice-les-Feuilles, à Piégut, à 600m environ avant ce dernier lieu, dans une terre appelée le Peu-Guillebaud, une grande quantité de tuiles, des restes de foyers et des murailles dans un espace assez étendu, et surtout de gros blocs de granite taillés et creusés d’empreintes de crampons, attestent l’existence d’un village et d’une grande construction en manière de château. Plusieurs de ces blocs out été transportés dans les villages voisins et brisés pour d’autres constructions ; on en a trouvé une quarantaine dans les fondations de l’église de Saint-Sulpice-les-Feuilles, démolie en 1848 ; mais ces derniers proviennent-ils bien du Peu-Guillebaud, ou d’un ancien château romain qui aurait existé à Saint-Sulpice même ? C’est ce qui serait fort possible. Dans tous les cas, ces pierres méritent une mention particulière, car par leur grosseur, les soins pris pour les établir solidement, et le genre des constructions dont elles ont fait partie, elles portent pour ainsi dire une physionomie toute romaine. Elles ont toutes 1,50 m à 2 m de long sur 1 m de haut, et 60 à 80 cm de largeur; toutes portent sur le milieu d’un ou deux de leurs côtés des entailles de 20 cm de long et 4 cm de largeur au bord de la pierre, et 6 à l’extrémité du dedans, vers laquelle, indépendamment d’une profondeur générale de 6 cm, est creusé un trou carré de 4 cm plus profond. Ces emplacements destinés à des crampons, se trouvant sur le bord latéral de pierres de 2 m de long sur 1 m d’épais , feraient présumer que les murailles dont elles faisaient partie devaient avoir au moins 2 m d’épaisseur. Ces blocs, disposés dans les fondations de l’église sans que les entailles des crampons se correspondissent, montrent qu’ils avaient été pris dans d’autres monuments pour lesquels ils avaient été taillés, d’autant mieux que sept ou huit portaient, près d’une de leurs arêtes, une saillie longitudinale en manière de demi-colonne d’environ 30 cm de diamètre, et n’en étaient pas moins pêle-mêle avec les autres, sans égard à cette saillie égale dans tous, et probablement destinée à se faire suite dans leur premier emploi pour l’établissement d’un gros tore. Au reste, dans toutes ces entailles, nous n’avons trouvé de vestiges ni de fer ni de bois; toutes étaient remplies de terre. On a aussi rencontré dans ces fondations des fragments de gargouilles et une coupe octogone de 45 cm de diamètre, percée à son centre, assez bien faite en pierre siliceuse. L’église, démolie par défaut de solidité, annonçait dater du XI ou XIIe siècle. Une considération qui nous porterait à penser que ces matériaux, annonçant une grande et solide construction, ont été tirés du Peu-Guillebaud, où il y en avait de semblables qui ont été disséminés dans le voisinage, c’est que dans la cour de Piégut j’ai vu un bloc tout à fait étranger à ce qui se trouvait autour de lui, et qui m’a paru avoir la même origine. Il consistait en un prisme carré de granite de 2 m environ de long sur 50 cm d’épaisseur, dont une face un peu convexe, suivant son épaisseur, était sculptée en feuilles de laurier se courbant sur la convexité et de la même longueur : un tel morceau d’architecture n’a pu appartenir, qu’à un ensemble grandiose, ainsi que tous nos blocs.