Historique du bourg de Lussac

Il n’y a jamais eu à Lussac, dit un précompte de 1481, une forteresse à proprement parler, mais une église fortifiée aux temps des guerres ; l’église d’Arnac nous offre aussi le type de ces sortes de fortifications. La même pièce nous fait connaître, qu’à l’intérieur des murailles qui ceinturaient l’église, se trouvaient des maisons appartenant à des particuliers. Certaines tours étaient aussi propriétés privées ; le 16 mai 1523, le seigneur de L’Age-Bernard déclare posséder “une tour estant au fort dud. Lussac pour la raison de laquelle et pour ce qu’elle a été advancée sur les foussez de la forte­resse, il doit 3 d. au seigneur de Lussac ”.
Cet ensemble était désigné sous le nom de fort ; il était protégé par des fossés.
Non loin de là, des documents anciens montrent qu’il existait un terroir appelé de La Motte ; c’est sans doute le seul souvenir qu’a laissé la motte sur laquelle fut élevé le primitif château féodal.

Les archives de Lussac conservent des terriers de 1523, 1543, 1636 et 1784, qui, avec le plan du bourg dressé le 1er juil. 1809 par J.-B. Dépouges, géomètre à Magnac, nous permettent de reconstituer en partie la topographie de l’ancien Lussac : la tour des prisons tenait du Nord à la place et de l’Ouest au chemin de la Trigale ; le four à ban se trou­vait sur la place, en face de la grande porte de l’église ; il joignait la route de La Souterraine.
Sur le plan, une rue est appelée rue du Four, une autre rue des Fossés. Sur ce plan figure également l’église de Saint-Etienne, détruite depuis ; on peut ainsi constater que cette église, qui se trouvait sur la place, avait la forme d’un rectangle orienté de l’Est à l’Ouest d’environ 23 m sur 7 m et qu’un petit bâtiment, chapelle ou sacristie, était appliquée sur le mur Nord du côté du chevet ; celui-ci était butté par 4 contreforts.
Comme à Saint-Sulpice, nous trouvons un vegen cité en 1543.
Le terrier de 1636 mentionne la place du pilori et le marché.

  C’est à l’obligeance de Monsieur le marquis de Lussac que nous devons presque tous les renseignements que nous donnons dans cette notice sur Lussac, grâce à la communication de ses archives de famille*.

*  Le chartrier de Lussac a, ces derniers temps, été classé par Monsieur de la Ville du Bost.

Tous les faits cités sans indication de source, au cours de cette notice sur Lussac, proviennent de ce chartrier.
Il est curieux de constater qu’il existe dans les registres révolutionnaires de Lussac un procès-verbal relatant que toutes les archives du château ont été saisies et brûlées sur la place publique.
Jean-Claude Bonnet, curé du Dorat, avait été chargé de trier ces papiers ; le 28 septembre 1793, il demande à la municipalité l’autorisation de les faire transporter dans une chambre de la cure de Lussac. Le lendemain les habitants se présentent au bureau municipal et demandent avec instance à faire brûler les titres des Lignaud ; on leur objecte que le triage n’est pas terminé et on leur demande une huitaine ; ils refusent tout délai, se transportent en masse à la maison curiale où ils se font livrer les papiers qu’ils entassent sur la place, proche de l’arbre de la liberté, et y mettent le feu.
Tous les papiers ne furent pas remis, de connivence, assure-t-on, avec le maire, la plus grande partie fut sauvée et transportée à Poitiers par Madeleine de Lussac qui les cacha dans des poutres.

Les commissaires chargés en 1484 de dresser l’état de la seigneurie constatent qu’il n’y a au dit Lussac “ aucun manoir, maison ne demourance appartenant au seigneur ; estangs, pescheries, garennes, collombiers, vignes, prés, ne rivières deffensables et n’y a seullement que les cens, rentes, dîxmes. terraiges et fermes muables ”.
“ Et n ‘y a qu’ une esglise fortiffiée du temps des guerres ; et n’y a aucun cappitaines*; et ne paient aucun droit de guet ; ne pareillement ne paient aucun droit de guet les habitants de ladite chaslellenie ”.

*  Il n’en fut pas toujours ainsi car, en 1847, Chartes de Laage est capitaine de Lussac (V. Les La Trémoille pendant Cinq siècles, t. 11, p.109).

Le Seigneur y possède seulement un four à ban et 3 moulins. Il n’y a pas de bois ou forêt, excepté un bois appelé le Bois-­Franc, contenant de 40 à 50 arpents. Il y a des lieux frousts appelés Les Decens et Les Petits-Decens, dont les possesseurs se sont absentés du pays par pauvreté. Il dépend aussi une métairie à Roussines*.

*  Chartrier de Thouars à M. le duc de La Trémoille, de l’Académie des Inscriptions, qui a bien voulu nous envoyer copie de cette curieuse pièce.

Cette seigneurie, qui relevait de Montmorillon, comportait en outre de nombreux droits ou privilèges que nous allons énumérer d’après les dénombrements..

La justice s’exerçait par un sénéchal, un lieutenant, un procureur fiscal et un greffier que le seigneur nommait, ainsi que les notaires et sergents du XVIe siècle à la Révolution, le bourg posséda 4 ou 5 notaires*.

*  Au XVe siècle, cette justice était indivise avec le seigneur du Cluzeau ; on trouve, en effet, aux arch. de la Vienne (C. .383) un dénombrement rendu à Montmorillon le 25 déc. 1496 par Jean de Maignac, écuyer, seigneur du Cluzeau, pour la cinquième partie de la justice de Lussazoys, le tiers de la commande de Lussac, la vigerie du Pin-Trémouilhois, la moitié de foires, marchés et assemblées du Pin, les villages des Houlmes et des Bouchaux, avec les hommes et femmes serfs desd. lieux.

Le ressort de cette justice était fort étendu et embrassait 4 paroisses. Un aveu de 1598 nous fournit ses limites :

L’estendue de laquelle justice commence au pont appelé de Lasse, au-dessous dud. Lussac, montant le long de la rivière de Lasse jusques à l’estang de Murat, traversant led. estang composé de lad, rivière jusques au lieu des guerennes d’Héru ; desd. guerennes montant entre les terres des Agriers de Bouchiron et les terres dud. villag d’Herut jusques au grand chemin tendant dud. Lussac en la ville de La Souterraine, traversant led. chemin jusques aux brandes de Gernardent et le long desd. brandes jusques aux héritages du village de Bedaud ; desd. héritages montant le long d’un sentier entre les héritages de la Tour-de-Jouac et les héritages des Rouilhes, et desd. héritages descendant à la rivière de Benèze et tout le long de lad. rivière jusques au moulin de la seigneurie de Saint-Martin-le-Mau ; dud. moulin, encore le long de la rivière, jusques aux héritages du Peux-d’Asseau, et encore descendant le long de lad, rivière jusques à l’endroit des héritages de la Braudière, montant le long des héritages au-dessus de La Boycelle ; dud. lieu montant au-dessus du lieu de La Vault, et le long des héritages dud. lieu montant aussi au chaisne Pendiloche, près les grosses pierres de la poulge dud. chaisne, traversant jusques au chemin ou sentier tendant à La Fourest-­Morte jusques au Gua-Martin dud. lieu du Gua-Martin montant au bourg de Thillis jusques aux segonds fossés de la maison noble dud. lieu et le long de plusieurs bornes qui sont plantées à travers le bourg de Thillis, descendant d’icelles aux villages des Hosmeaux, La Boycelle et La Vault inclus en lad, justice de Lussac, et dud. village des Hormeaux descendant à ung estang de la seigneurie de Thillis sur le chemin de Chabannes et montant le long de la garenne de lad. seigneurie aux terres tenues d’icelle jusques au chemin tendant dud. Thillis à Chabannes, led. village de Chabannes inclus, et dud. Chabannes descendant de la maison des Boutetz au chemin tendant au bois de Thillis, le long dud. chemin jusques au ruisseau qui est au-dessous dud. Chabannes et le long dud. ruisseau jusques au village des Meusniers, près La Coulombe, icelluy village inclus, et dud. village descendant le grand ruisseau duquel est composé l’estang qui est près La Coulombe, et en allant à Vouhet et le long dud. ruisseau jusques à la grande bonde dud. estang et de lad. bonde le long du ruisseau qui sort dud. estang jusques au gué qui est entre La Perrière et le village des hommes, et encore le long dud. ruisseau jusques aux héritages de la Clavelière, ced. village comprins, et dud. village descendant aux héritages des Hérolles et à une borne plantée sur le grand chemin tendant du Pin à la Bordelaise, entre le Pin et les Hérolles ; de lad. borne traversant au-dessous dud. village des Hérolles jusques aux brandes dud. village et aux brandes du prieuré du Cluzeau de Thollet d’illec revenant aux brandes du Pin et le long des héritages de la seigneurie du Courry jusques aux héritages de Goumas à ung ruisseau qui est sur le chemin de Coullonges à Goumas et le long dud. ruisseau jusques à la rivière de Benèze, montant le long de lad. rivière envers le lieu de Lussac jusques aux héritages des villages du Crouz et du Chastenet, led. village du Crouz comprins, et dud. village montant le long des prés et des tailhes du Crouz ; desd. tailhes revenant à l’estang de Charginier, icelui non comprins et comprins tou­tefois le village de Charginier ; dud. village montant aux brandes dud. lieu jusques au chemin tendant du Pont-Bertin à l’Espardellière et le long du chemin jusques aux brandes de Raballière et de La Vault, icelles comprinses, et desd. brandes descendant à la Croix au Comman­deur plantée sur le chemin de Lussac à Montbon, au delà de l’estang de la seigneurie de L’Age ; de lad. croix tendant aux héritages du village de Montcougnioux, icellui comprins, et dud. village le long du chemin qui descend vers Verneuil près les héritages du village de La Lande, et tout le long du chemin desd. héritages jusques à la rivière de Lasse au lieu appelé le Gué-du-Fan, et du gué montant tout le long de la rivière jusques au pont de Lasse.

 Ces limites furent contestées en 1685 par Anne-Marie-­Louise d’Orléans, Mademoiselle, comme vicomtesse de Brosse ; le procès alors engagé ne fut clos qu’en 1702. Made­moiselle reprochait au seigneur d’avoir fait tenir ses assises sur le pont de l’abbaye de la Colombe et d’y avoir planté un poteau à ses armes ; elle prétendait que ce pont était dans le vicomté de Brosse, de même que l’église de la Colombe que les Lignaud réclamaient. Les arbitres, trois avocats en Parlement, donnèrent raison à ces derniers.
Au XVIIIe siècle, le crédit des seigneurs de Lussac fit annexer à leur justice celle de Brigueil-le-Chantre par lettres patentes d’avril 1785 ; ces lettres nous apprennent notamment qu’à cette époque le siège de Lussac était composé à l’entière satisfaction du public ; que 12 procureurs et 8 sergents, dont 4 royaux et 4 seigneuriaux, y étaient attachés ; que la châtellenie comprenait quatre paroisses et 4500 hab.*.

*  Dans les comptes de Lussac pour la fin du XVe siècle, on trouve quelques détails sur les amendes infligées par le juge.

La commande et péage de la châtellenie se levait à raison de 4 d. payés une fois l’an sur chacune charrette et sur chacun cheval chargé de marchandises traversant la châtellenie ; affermé 6 s. en 1484 et 5 s. en 1488, ce qui repré­sentait 15 à 18 passages.

La bannée ou estanche était le droit de vendre dans la châtellenie 3 tonneaux de vin en détail en quelque saison que ce fut, à l’exclusion de tous autres ; ce droit est affermé 15 s. en 1484 ; en 1674, il s’exerce du dimanche de la Pentecôte, à vêpres, au dimanche suivant.

Les droits de ventes et honneurs étaient de véritables droits d’enregistrement dus au seigneur pour les mutations survenues dans son fief.
En 1484, Jean Jourdanne est condamné à payer 20 s. pour avoir coupé un chêne dans le bois du seigneur. En 1455, Pierre Merequart, pour avoir pris lard et jambon de nuit, 3o s. ; Vincent Bellot et sa femme, pour avoir frappé Mathelin Laurent d’un cousteau pragerie en la cuisse, 35 s. par pauvreté Antoine de La Geneviève, écuyer, pour avoir mis main en Jeanne Tatain et fait passer son cheval par dessus elle, 50 s en 1456, Pierre Maillard, pour avoir emblé certains moutons, 2 écus d’or vallant 70 s. ; Pierre Alestienne, pour avoir emblé un cousteau sur l’estal d’un mercier et arraché un adjournement baillé par cédulle, 40 s. ; Mathurine Alis et Huguette Pascaude, pour avoir mis la main au prévost en prenant bestes en agasts et en avoir recoursé et osté lesd. bestes, 4 l.

Droits de vigerie et mesure. — Nous avons vu précédemment que la châtellenie de Lussac avait un système de mesu­res spéciales ; pour s’en servir, les marchands payaient au seigneur certaines redevances.

Droits de foire de Lussac et du Pin-Trémouillois. — A la fin du XVe siècle, il n’est fait mention que de cette dernière ; elle se tenait le jour de la Décollation de saint Jean-Bap­tiste. Le seigneur ne possédait que la moitié de ces droits qui étaient perçus sur les marchands étalant à cette foire ; l’autre moitié appartenait aux seigneurs du Cluzeau et de Baignaud. En 1484, la totalité de ces droits était affermée à Jean Chaud, moyennant 55 s.
Au XVIe siècle, Lussac possédait 4 foires et un marché que les guerres protestantes abolirent. En 1609, à la supplica­tion du seigneur de Lussac, Henri IV créa 6 foires et un marché par les curieuses lettres patentes ci-après, dont l’original, signé du roi, existe au chartrier de Lussac :

 Henry, par la grâce de Dieu, roy de France et de Navarre, à tous présens et à venir, salut. Nous avons reçu l’humble supplication de nostre amé et féal René Lignaud, chevallier. seigneur du bourg de Lussac-les-­Eglises, contenant que led. lieu de Lussac est assis et scitué en un beau et fertile païs et que de temps immémorial on avoit de coutume de tenir aud. lieu quatre foires l’an et ung marché, savoir : la première, le jour des Innocens ; la deuxiesme, le mardi après Quasimodo ; la troi­zième, le mardy d’après la Pentecoste, et la quatriesme le jour de Saint-Estienne d’aoust et le marché le jour de lundy ; lesquelles foires et marchés auroient puis quelques années esté discontinuées à l’occasion des troubles au moyen desquelz led. lieu a esté ruiné et habandonné de la plupart de ses habitans et rendu presque inhabitable et commence maintenant à se remettre et peupler, c’est pourquoy il nous a supplié et requis luy confirmer lesd. foires et marchés aud. lieu de Lussac pour la commodité de ses subjects et autres circonvoisins et icelles augmenter de deux autres foires. A quoy inclinant libérallement, désirant le gra­tiffier en tout ce qui nous est possible, avons aud. lieu de Lussac confirmé lesd. foires et marché, lesquelles foires nous augmentons par ces présentes jusques au nombre de six et icelles, de nouveau, en tant que besoin est ou seroit, créons et érigeons par ces présentes pour estre tenues et exercées doresnavant, savoir : la première, le jour des Innocens ; la deuxiesme, le mardy d’après Quasimodo ; la troisiesme, le mardy d’après la Pentecoste, et la quatriesme le jour de la Saint­Etienne d’aoust, et les deux autres les jours Saint-Mathieu et Saint-­Martin, et led. marché aud. jour de lundy par chacune sepmaine, pourvu qu’à quatre lieues à la ronde n’y ait aud. jours aucune foire et marché. Sy donnons mandement au sénéchal de Montmorillon ou à son lieutenant et à tous noz justiciers qu’il apartiendra que de noz présentes confirmations et contenu cy-dessus ilz facent, souffrent et laissent jouir et user led. seigneur de Lussac et ses successeurs plainement, paisiblement et perpétuellement, ensemble des droictz qui ont accoustumé estre paiez, sans leur faire ny souffrir leur estre faict, ny aux marchans fréquen­tant lesd. foires et marché, aucun trouble ou empeschement ; au con­traire, faisant publier, proclamer et signifier en lieux où besoin sera lad. confirmation et establissement de foires et marché, permettant aud. seigneur de faire construire, bastir et ediffier aux lieux plus commodes que faire se pourra halles, bancz, estaux, pousteaux, billettes et autres choses nécessaires tant pour l’entretien desd. foires et marché que conser­vation et perception des droictz qui, pour raison de ce, appartiennent aud. seigneur de Lussac.
Car tel est nostre plaisir et affin que ce soit chose ferme et stable à tousjours, nous avons faict mettre nostre scel à cesd. présentes, sauf en autres choses nostre droit et l’autry en touttes.
Données à Paris au moys de febvrier l’an de grâce mil six cens neuf et de nostre règne le vingtiesme.
Henry.         
Par le Roy : POTIER.                                                                                 
(Parchemin scellé de cire brune sur lais de soie rouge et verte.)

Par la suite, ces foires se perdirent, et en 1763 le seigneur dut obtenir de nouvelles lettres à l’enregistrement desquel­les les habitants de Magnac s’opposèrent*.

*  M. A. Leroux, Doc. hist. sur le Lim., t. VI, p. 198.

Un tableau de l’an II dit que les foires de Lussac se tien­nent le mercredi des Cendres, le mardi après la Mi-Caresme, le samedi après N.-D. , les 15 mai, 15 juin, 15 juillet et 1er août ; le marché, les mardi et vendredi. Il ajoute qu’il y a quelques bonnes foires grasses et de bons marchés de cochons ; deux ans après, les foires sont le 2 de chaque mois et le marché le septidi. (L. 589).
L’annuaire de 1806 indique une seule foire le 10 déc.

La prévôté était affermée en 1484 18 l. et 18 l. de cire ; les seigneurs du Baignaud et du Cluzeau prélevaient sur cette som­me 4 s. par livre et la cire à l’équivalent.

Le four à ban, auquel tous les habitants de Lussac étaient tenus, était loué :
– en 1484 : 8 l. 10 s. (et le fermier devait donner une charité de 2 d. de pain blanc tous les dimanches)
– en 1615, il est estimé 40 l. de revenu.
– en  1654 : 100 l.
– en 1694 : 90 l. et  4 l. de sucre.

Droit de chasse. — On rencontre dans les registres de justice plusieurs ordonnances concernant ce droit ; le 20 avril 1654, le juge, informé que plusieurs personnes chas­sent d’ordinaire aux fusils et arquebuses les lièvres, perdrix et autres gibiers, fait défense de ne plus chasser aux bastons à feu ou autrement sous peine de 20 l. d’amende.

 

Le seigneur prétendait la fondation et la dotation des églises Lussac, Saint-Martin et Coulonges et de l’abbaye de Colombe ; l’aveu de 1674 ajoute Tilly et Verneuil.
Il possédait :
– les dîmes de Mons, de Montquedioux, de la Prugne, de Tersannes, du Decens, de Champeron.
– La grande dîme dite de l’Eschange se levait sur Montbon, Le Paulmet, Geluf, La Lombertière, Les Landes, La Maison­neuve, La Boissette ;
– La dîme de La Vault sur La Vault, La Saille, La Greminière et Rabalière ;
– La dîme du Descens et La Prugne sur Les Essards, Champeron Mons et Bourdelle.

Les moulins banniers étaient les moulins de Lasse, affermés, en 1484, 25 s. de seigle, et celui du Pont-Bertin, affermé 5 s. froment et 21 s. seigle.

De nombreux fiefs relevaient de la châtellenie de Lussac ; nous allons les énumérer, mais nous ne donnerons ici que quelques détails sur ceux situés en dehors de notre canton ; les autres auront leur place plus loin.
— Le fief est la seigneurie de L’Age-Bernard (paroisse de Brigueil), relevant à foi et hommage lige au devoir d’un baiser, com­prenait, d’après un aveu de 1469, hôtel, garenne, étang et prés ; une autre déclaration rendue le 13 mars 1539 constate que cette maison noble est entourée de fossés. La part active prise par les Lignaud, qui le possédaient, aux guerres pro­testantes, fut sans doute la cause de sa destruction ; ils la reconstruisirent près de Lussac. Le 22 mai 1688, le marquis de Lussac vend à Léonard Naude, seigneur  de La Giraudière, un bois appelé de L’Age-Bernard, chemin de Lussac à Brigueil à gauche, sauf l’emplacement de l’ancien château borné par les vestiges des fossés ; il interdit à l’acquéreur le droit de prendre le titre de seigneur de L’Age-Bernard. Les fossés sont encore reconnaissables.
— Le fief du Pin-Trémouillois possédé en 1598-1615 par Jean de Lauzon, trésorier de France à Poitiers.
— Le fief de Vieilleville tenu en 1484 par Jean de Mareuil.
— Le fief et seigneurie de Baignaud aud. de Lauzon.
— Le fief et seigneurie des Hommes tenu au devoir d’une paire de d’esperons  ; 1674 : Catherine Chardon.
— La maison noble de La Pachotterie : 1615 , Nord de La Gelie, seigneur de La Coste ; Françoise de La Gelie et Jeanne de La Gelie, femme de Guillaume de Liège, seigneurie de Malicorne, la vendent, le 18 février 1631 à Jean Fortin, seigneur du Vignau, qui la cède, en 1631, à Jacques François Maignan, seigneur  de Lar­lière, décédé en 1638. La Pachotterie fut alors acquise par le seigneur  de Lussac.
— La seigneurie de La Jarrige relevant à foi et hommage lige au devoir “ d’ungs gans blancs de 10 deniers ” ;
seigneurs : Bertrand Legeis, 1451 ; Georges Guyonnet, à cause de sa femme, 1484
1508, Guillaume de Saint-Martin. Suivant aveu rendu le 13 juin 1597 par Melchior de La Leuf, seigneur de La Perrière, elle comprenait maison noble, métairie, fuie, étang, garenne, etc., le tout contenant 250 setérées. Vendue le 31 mai 1778 par François de Ponnard, époux Marie-Anne de Guinemont, à François Debonnesset qui rend un dénombrement en mai 1789.
— Le fief Grenard ou de Chez-Grenard à Tersannes, hommage lige au devoir de 5 s. à mutation de seigneur et d’hom­me : tenu par Franc Grenard, 1406, et, depuis 1484, par les Estourneau de Tersannes.
— Le fief de La Clavelière tenu en 1598 par les hoirs de Jean Rochier, de Lignac, à honmage lige à une paire de gants blancs ; 1647, André Rocher.
— La vigerie ou plaçage de Coulonges possédé en 1484 par Jean de La Brousse ; 1598, par les héritiers du seigneur de La Coste-sans-chemin.
— Le moulin de Benaize tenu à une paire d’éperons : le seigneur des Hérolles, 1598-1665 ; le seigneur de Belfont, 1674.
— Le Bois-franc tenu à une paire d’éperons par led. de La Leuf.
— Le fief du seigneur de La Tour-aux-Paulmet consistant en dîmes.
— Le fief du Moulin de la Coste sur la Benèze en masure, 1674.
— Le fief des brandes de L’Age-Bernard, entre le bois de Tilly et Bonneuil, possédé par le seigneur de Sain-Martin.
— Le fief Serpentin possédé en 1674 par Jean de La Coste au devoir de 5 d.
— Partie de la dîme de l’Eschange au seigneur de Riadoux
— Enfin, les seigneuries situées dans notre canton Saint­-Martin, Champeron, La Saille, La Font, Le Cros, dîme de La Vault.

La paroisse de Lussac dépendait de deux généralités, nous y trouvons la même organisation qu’Arnac pour la percep­tion des impôts, c’est-à-dire double service de collecteurs, les uns, ceux du Fief, versant la taille à limoges, les autres au Blanc.
En 1747, cette dernière partie de la paroisse était elle-même subdivisée en deux, l’une comprenant le bourg, l’autre les villages, avec chacune un syndic particulier.

Pour l’année 1738, le rôle de la taille pour le bourg s’élève à 733 l., la capitation à 318, le fourrage à 145, au total 1196 l. réparties en 63 cotes ; seuls, le curé, le vicaire et la marquise sont exempts.

En dehors des officiers de justice, des notaires et des sergents, qui y étaient nombreux, Lussac ne possédait pas d’autres fonctionnaires sous l’ancien régime qu’un contrôleur des actes et des employés des traites ; on n’y trouvait  ni maîtres de poste ni gens de gabelles.

A la Révolution, on y établit un juge de paix et un percepteur ; celui-là disparut en l’an X, celui-ci vers 1850. Un bureau de poste y existe depuis 1850 environ. On lui a adjoint plus tard un bureau télégraphique et téléphonique. Lussac est le chef-lieu du doyenné de Saint-Sulpice.

Depuis un demi-siècle, le bourg possède une brigade de gendarmerie.

Le groupe scolaire et la mairie ont été adjugés en 1894 ; ils ont coûté 57498 F, dont 23220 F. donnés par l’Etat.

Nous avons parlé plus haut des foires de Lussac, qui sont encore assez actives ; cependant, les droits de péage n’ont pas suivi la progression que nous avons indiquée pour Saint-Sulpice : nous trouvons qu’ils ont été affermés 158 F en 1841; 116 F en 1863 ; 152 F en 1883 ; 205 F. eu 1905.