Présentation de la commune de Lussac

La commune de Lussac-les-Eglises occupe l’extrémité Nord-Ouest du canton ; elle est bornée
– au Nord par Coulonges (Vienne) et Tilly (Indre)
– à l’Est par Saint-Martin et Jouac
– au Sud par Saint-Léger-Magnazeix, Magnac-Laval et Tersannes
– à l’Ouest par Verneuil-Moutiers et Brigueil-le-Chantre (Vienne).

Elle est baignée par deux rivières, la Benaize et l’Asse.
– la Benaize a dans la commune, un cours de 4,25 km, elle reçoit le ruisseau du Gros
– L’Asse a pour affluents le ruisseau de la Boche, au-dessous du village du Mont, et celui des Frétilles ou des Pradelles, long de 6,25 km. L’Asse arrose le territoire de Lussac pendant environ 9 km.

La commune, qui a 4101,95 ha. est la seconde du canton comme étendue ; sa circonférence mesure environ 40 km. Sa plus grande longueur est de8,3km, sa largeur moyenne de 5,6 km.

C’est dans cette commune. que nous trouvons les plus basses altitudes du canton ; les cartes donnent des cotes comprises entre 247m et 184m. Son aspect est différent de celui des autres communes ; du reste, une partie de son territoire est constituée par des terrains de sédimentation.

Sous l’ancien régime, la paroisse de Lussac était séparée en deux parties par l’Asse :
– la rive gauche, qui constituait le fief Lussaçois, relevait judiciairement du Dorat (Basse-Marche) et administrativement de Limoges
– la rive droite, qui formait partie de la châtellenie de Lussac, était dans la juridiction de Montmorillon et dans la géné­ralité de Bourges. On la disait en Poitou.

Comme pour la partie marchoise d’Arnac-la-Poste, les habitants du fief décidèrent, le 26 oct. 1749, de procéder à la confection du terrier de leur territoire. Ce travail, confié à Pierre Goursaud de La Roche, arpenteur du Dorat, fut commencé le 10 avril 1752 et clos le 15 mai suivant ; il forme un volumineux registre conservé à la mairie de Lussac. On y voit que cette partie de la paroisse était divisée en 4805 parcelles ; actuellement, elle figure au cadastre, sections D et E, pour 1327 habitants en 4224 parcelles ; en un siècle, le morcellement de la propriété s’est fort peu augmenté.
L’état des paroisses pour 1680 donne à cette partie 152 feux : “ c’est un païs plan, dans les bois ; il s’y recueille du blé, s’y nourrit peu de bestiaux ”.
D’après le terrier, les dîmes de grains, levées à la dou­zième gerbe, sont estimées communément 240 l., ce qui donnerait 2880 l. pour la valeur totale de la récolte en grains.

De la fin du XVIIe siècle à ce jour, la population de la paroisse n’a point beaucoup varié ; un recensement précis, docu­ment bien rare sous l’ancien régime, nous permet de l’éta­blir. Nous le devons à la rivalité bien connue des clergés régulier et séculier.
Les Augustins de Montmorillon, à cause de leur com­manderie d’Hérut, étaient les principaux décimateurs de la paroisse. En cette qualité, ils étaient tenus de servir au curé une portion congrue ; vers 1691, celui-ci prétendant que son service était très chargé, la paroisse étant fort étendue, demanda aux Augustins de lui subventionner deux vicaires. Bien entendu, les religieux refusèrent, et, sur la plainte du curé, l’évêque fit procéder à une enquête par Pierre Materne, curé de Rancon, et Pierre Nicault, seigneur des Gorces, directeur du sémi­naire de Magnac. La pièce principale de cette enquête est un dénombrement de la population, auquel ces deux ecclé­siastiques procédèrent, village par village, les 8, 9 et 10 août 1691. Ils obtinrent un chiffre total de 1692 habitants, dont 480 enfants, et encore comprirent-ils dans leur recensement Le Paumet et Montbon ; à l’appui de sa réclamation, le curé avait prétendu qu’il avait 1800 communiants. En réalité, la population de la paroisse était de 1502 h. (Arch. Vienne, MD, 298).
Ces données précises nous ont permis de dégager la natalité et la nuptialité à Lussac pour la période 1692-1700 ; la première est de 3,37, la seconde 0,69. Ces chiffres sont à comparer avec ceux que nous avons donnés plus haut pour notre époque ; on constatera notamment que la natalité était alors deux fois plus forte que maintenant. La mortalité n’a pu être établie, les registres manquant.
Mentionnons, comme précédemment, que le Pouillé de Nadaud accuse 1480 communiants et les visites 850 seu­lement.

Un état de 1793 donne à la commune 1298 habitants
Le recensement du 20 frim. an IV porte 1235 ;
1806, 1498 hab
1836, 1552 hab
1837, 1640 hab
1856, 1772 hab
1866, 1763 hab
1872, 1685 hab
1876, 1850 hab
1881, 1652 hab
1886, 1763 hab
1896, 1668 hab
1901, 1647 hab
1906, 1674 hab*

*  Le tableau ci-dessous, que nous devons à l’obligeance de M. Qué­riaud, secrétaire de la mairie, complète ces renseignements sur le mouvement de la population au XIXe siècle.

Population Lussac

La chute progressive de la natalité est remarquable. La diminution des actes des trois catégories de 1851 à 1870 correspond à une recrudescence de l’émigration due aux nombreux travaux entrepris à Paris pondant cette période.