Le Populaire du Centre – Mercredi 15 Sept 99
F.C.
Saint-Sulpice-Ies-Feuilles inaugure le Contrat éducatif local
Le premier « CEL » de l’académie de Limoges a été signé, hier, dans le nord très rural de la Haute-Vienne. Plusieurs centaines d’enfants bénéficieront d’activités culturelles ou sportives délocalisées dans onze communes.
On ne pouvait guère trouver zone plus rurale pour signer le premier « Contrat éducatif local » de l’académie de Limoges. Synonyme d’école ouverte et d’aménagement du temps de l’enfant, le document a été paraphé hier au collège de Saint-Su1pice-1es-Feuilles, au nord de la Haute-Vienne. Un symbole, puisque les « CEL » ont aussi pour but de faire venir la culture là où elle n’est pas toujours directement accessible dans les quartiers difficiles ou dans les campagnes.
Un collège, six écoles et onze communes sont concernés. A partir du 1er octobre, plusieurs centaines d’enfants scolarisés dans ce secteur peuplé de 4.500 habitants bénéficieront, en dehors de la classe pendant les vacances, le mercredi après-midi, le samedi ou le soir après les cours) d’activités délocalisées dans presque toutes les communes : informatique, danse, VTT, canoë, théâtre, musique, sculpture, etc.
Il n’en coûtera rien aux jeunes usagers, puisque c’est avant tout l’Etat et les collectivités locales qui financent. Le budget prévisionnel global de l’opération (prévue dans un premier temps pour durer trois ans), est estimé à 576.500 francs. L’Education nationale, Jeunesse et Sport, ainsi que la DRAC, assumeront les subventions et la rémunération des personnels (enseignants volontaires, éducateurs), alors que les communes prendront en charge le matériel, les transports (des personnels ou des enfants), le prêt des locaux. La CAF (Caisse des allocations familiales), le Conseil général et certaines associations participeront également.
Une quinzaine d’autres contrats locaux d’éducation devraient être signés dans les prochains mois en Haute-Vienne, dont cinq vraisemblablement avant la fin de l’année comme à Panazol ou à Limoges-la Bastide. En milieu rural, un dossier est en préparation dans le secteur de Bellac-Blond. « Tous ces contrats devraient être opérationnels à la rentrée 2000, explique l’inspecteur d’académie, Rémy Sueur. Il ne reste à effectuer que quelques ajustements sur la forme, au niveau des conventions ou de l’organisation financière ». Certes, le Contrat éducatif local n’est pas révolutionnaire en soi. Des activités périscolaires de type associatif ou communal ont déjà lieu çà et là, au gré des initiatives locales et des récents textes ministériels sur l’aménagement du temps de l’enfant. Mais en suscitant de nouveaux partenariats qui sortent du champ de la seule Education nationale, en invitant les services de l’Etat à travailler en meilleure synergie et les élus locaux à mieux coopérer, le principe du CEL semble bouleverser un peu les habitudes. « Vous nous avez un peu secoués », confiait hier en souriant Pierre Godin, le maire de Saint-Sulpice-les-Feuilles, à l’adresse du principal du collège Guillaume Froeschel, la cheville ouvrière du CEL.
Ici, le Contrat local d’éducation a été facilité par l’existant : d’une part un solide réseau intercommunal, d’autre part une expérience périscolaire concluante. La communauté de communes de la Benaize est en effet largement partie prenante dans l’affaire, alors que le collège de Saint-Sulpice (159 élèves) a joué cet été le jeu du « collège ouvert » : pendant huit semaines, les enfants ont pu faire du VTT, du tennis, de la poterie, du théâtre, des voyages en groupe à Paris ou en Dordogne (avec en prime, une descente en gabare).
Reste les parents, qu’il faudra impérativement mobiliser pour que les Contrats éducatifs locaux prennent tout leur sens. « C’est un peu difficile en milieu rural, reconnaît Rémy Sueur, car ici peu d’entre eux adhèrent â des fédérations ». La participation des familles dans l’encadrement des enfants, dans l’organisation des sorties voire dans la mise au point d’activités donnerait pourtant définitivement aux Contrats éducatifs locaux l’élan consensuel dont ils ont sans doute besoin.
Etat et collectivités
Le CEL a été signé hier par le préfet de région Michel Diefenbacher et les représentants des communes concernées : Pierre Godin, maire de Saint -Sulpice; Jean-Pierre Drieux, maire d’Arnac-la-Poste, conseiller général et président de la communauté de com-munes de la Benaize (Arnac, Cromac, Jouac, les Grand-Chézeaux, Lussac-les-Eglises, Mailhac-sur-Benaize, Saint-Georges-les-Landes, Saint-Hilaire-la-Treille, Saint-Martin-le-Mault) et Alain Chartier, maire de Saint-Léger-Magnazeix. Assistaient notamment à cette petite cérémonie Nicole Belloubet-Frier, recteur d’académie; Isabelle Dilhac, sous-préfet de Bellac, et Marie Françoise Pérol-Dumont, député et conseiller général…