Ateliers de pratique artistique : Français

Quelques poèmes

Anna de Noailles (1876-1933)    « Il pleut »
Lamartine (1790-1869) « La Cascade »
Paul Fort (1872-1960) « La pluie »
Paul Verlaine (1844-1896) « Il pleure dans mon coeur... »
Jules Supervielle (1884-1960)     « L’orage »
Rosemonde Gérard (1871-1953) « Orage »
Francis Carco (1886-1958)       « L’averse »
Jean de la Fontaine (1621-1695) « Le Torrent et la Rivière »
Paul Eluard (1895-1952) « Poisson« 

Des écrits personnels

Sandrine Marguinaud 5ème B
Célia Cormier 5ème B
Jérémie Pailler 5ème B
Justine Tarnier 5ème B
Romuald Poujaud 5ème A
Audrey Renard 5ème A
Julia Castel 5ème A
Maguy Beissat 5ème A
Florent Mazeras 5ème A

IL PLEUT

Il pleut — le ciel est noir — j’entends
Des gouttes d’eau qui, sursautant,
Font un bruit de pattes et d’ailes
De maladroites sauterelles…

— Je suis bien, ce soir, avec vous,
Jardin apaisé tout-à-coup
Par la pluie qui tombe et se casse
Sur le feuillage et le gazon !
Les odeurs que l’onde libère
Semblent s’évader de prison
Et flotter, légères galères,
Sur tous les vents de l’horizon…
.     Anna de NOAILLES.

LA CASCADE

La cascade qui pleut dans le gouffre qui tonne
Frappe l’air assourdi de son bruit monotone,
L’œil fasciné la cherche à travers les rameaux;
L’oreille attend en vain que son urne tarisse;
De précipice en précipice,
Débordant, débordant à flots toujours nouveaux,
Elle tombe, et se brise, et bondit, et tournoie,
Et du fond de l’abîme où l’écume se noie,
Elle-même remonte en liquides réseaux,
Comme un cygne argenté qui s’élève et déploie
Ses blanches ailes sur les eaux.
.     Alphonse de LAMARTINE
.     (Extrait).

LA PLUIE

La pluie tombe infinie. Les horizons s’enfuient. Où vont-ils ces coteaux, ces coteaux sous la pluie, qui portent sur leur dos ces forêtsqui s’ennuient ?

Où donc est Andely, Andely-le-Petit ? son coteau ? son château ? je les voyais tantôt. Les horizons s’enfuient. La pluie tombe infinie.

Du côté des forêts qui donc réapparaît ? Ce géant est-ce lui ? Est-ce toi, vieux château qui vas
courbant ton dos sous des siècles d’ennui ?

La pluie tombe infinie.
.     Paul FORT

Il pleure dans mon cœur…

Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville.
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur?

O bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un cœur qui s’ennuie,
O le chant de la pluie!

Il pleure sans raison
Dans ce cœur qui s’écœure.
Quoi! nulle trahison ?
Ce deuil est sans raison.

C’est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi,
Sans amour et sans haine,
Mon cœur a tant de peine.
.     Paul VERLAINE
.     ROMANCES SANS PAROLES.

L’ORAGE

Chaque arbre est immobile, attentif à tout bruit,
Même le peuplier tremblant retient son souffle;
L’air pèse sur le dos des collines, il luit
Comme un métal incandescent et l’heure essouffle.

Les moineaux buissonniers se sont tous dispersés
Avec le vol aigu et les cris d’hirondelles,
Et des mouettes vont, traînant leurs larges ailes,
Dans l’air lourd à gravir et lourd à traverser.

L’éclair qui brille au loin semble une brusque entaille
Et, tandis que hennit un cheval de labour,
Les nuages vaillants qui vont à la bataille
Escaladent l’azur âpre comme une tour…

Mais, soudain, l’arc-en-ciel luit comme une victoire!
Chaque arbre est un archer qui lance des oiseaux,
Et les nuages noirs qu’un soleil jaune moire.
Enivrés, sont partis pour des combats nouveaux.
.     Jules SUPERVIELLE

ORAGE

Un rayon d’or fin s’est glissé
Dans les verdures frissonnantes.
Le ciel rit. L’orage a laissé
Une odeur fraîche dans les sentes.

La bonne eau de pluie a lissé
Les petites feuilles tremblantes.
Un rayon d’or fin s’est glissé
Dans les verdures frissonnantes.

Le vieil arbre gît, tout cassé
Par la foudre et par les tourmentes;
Mais, apportant au mal passé
Déjà quelques clartés riantes,
Un rayon d’or fin s’est glissé.
    Rosemonde GERARD
.     LES PIPEAUX

L’AVERSE

Un arbre tremble sous le vent.
Les volets claquent.
Comme il a plu, l’eau fait des flaques.

Des feuilles volent sous le vent
Qui les disperse
Et, brusquement, il pleut à verse.
.     Francis CARCO.

Poisson

Les poissons, les nageurs, les bateaux
Transforment l’eau
L’eau est douce et ne bouge
Que pour ce qui la touche.

Le poisson avance
Comme un doigt dans un gant,
Le nageur danse lentement
Et la voile respire

Mais l’eau douce bouge
Pour ce qui la touche,
Pour le poisson, pour le nageur, pour le bateau
Qu’elle porte
Et qu’elle emporte.
.     Paul Eluard
.     Les animaux et leurs hommes

Le Torrent et la Rivière

Avec grand bruit et grand fracas
Un Torrent tombait des montagnes:
Tout fuyait devant lui; l’horreur suivait ses pas;
Il faisait trembler les campagnes.
Nul voyageur n’osait passer
Une barrière si puissante:
Un seul vit des voleurs, et se sentant presser
Il mit entre eux et lui cette onde2 menaçante.
Ce n’était que menace et bruit sans profondeur:
Notre homme enfin n’eut que la peur.
Ce succès lui donnant courage,
Et les mêmes voleurs le poursuivant toujours,
Il rencontra sur son passage
Une Rivière dont le cours,
Image d’un sommeil doux, paisible et tranquille,
Lui fit croire d’abord ce trajet fort facile:
Point de bords escarpés, un sable pur et net.
Il entre; et son cheval le met
À couvert des voleurs, mais non de l’onde noire:
Tous deux au Styx allèrent boire
Tous deux, à nager malheureux,
Allèrent traverser, au séjour ténébreux
Bien d’autres fleuves que les nôtres.

Les gens sans bruit sont dangereux:
Il n’en est pas ainsi des autres.
.     Jean de La Fontaine,
.     Les Fables (Livre VIII).

Travaux d’élèves

 

La mer

Le soir venant,
Me promenant,
Au loin j’entends
Les vagues se déchirant
Contre les rochers vaillants

L’aurore s’éveille,
Je m’émerveille.
Au loin, le soleil
Rouge groseille
S’étend sans pareil
Pour sortir de son sommeil ;
La mer doucement s’éveille.

La mer est belle,
La mer est celle
Que le soleil appelle
Pour le guider, tel
Un enfant qui appelle
La tendresse maternelle
Que lui donnera celle,
Celle, dont la vie est éternelle ;
La mer.

. La mer est grande,
. La mer est puissante.
. Mais la mer est tendre
. Quand on sait l’entendre.
.     Sandrine Marguinaud 5ème B

Un matin au brumeux horizon,
Je me promenais au bord d’un lac […]
Ce lac était un mystère
Ou bien un gigantesque miroir
Où se reflétait la vie :
La vie des poissons
Que l’on voyait à l’horizon,
La vie des oiseaux qui passaient au-dessus l’eau
Une vie réelle,
Et bien belle,
Belle comme l’or,
Un matin d’aurore. […]
.     Célia Cormier 5ème B

Le Serpent d’eau

Se promener au bord de l’eau
Il n’y a rien de plus beau.

On peut écouter l’eau tomber
Les poissons batifoler.

L’eau, Serpent clair, coule lentement
Se laissant emporter par le vent
Se brisant contre les rochers
Osant s’y opposer.

Tranquille et sans bruit,
Elle poursuit dans la nuit
Prenant la forme de ce qui la saisit
Son chemin sans répit.
.     Jérémie Pailler 5ème B

[…] Le crépuscule atteint la rivière,
Le coucher du soleil est admirable…
C’est la lune qui se reflète à présent.
Je suis encore assise, et je regarde !
L’eau ne bouge plus, elle n’est plus la même,
Peut-être est-elle plus belle ?
Peut-être est-elle plus laide ?
Mais pour moi, rien n’a changé.
C’est toujours l’endroit le plus
Merveilleux que je connaisse.

Mais ce soir, ce n’est pas pareil,
Je veux rester, je veux rêver ici.
Et pourtant il fait nuit noire
Et je dois partir
Alors demain
Je reviendrai…
    Justine Tarnier 5ème B

Je me promène au bord de l’eau quand soudain me vient un sentiment de bien-être et de sérénité qui m’envahit et qui m’envoûte…
L’eau est bleue comme la prunelle de tes yeux !
Le soleil est rouge telle ta robe qui scintille, m’éblouit et me séduit…
Le ciel est recouvert de nuages fins aussi blancs que neige : c’est le Paradis
    Romuald Poujaud 5ème A

Je marche lentement, d’un air content,
En sifflotant, tranquillement, doucement…

. Au bord du ruisseau, il ya des roseaux
. Et au bord de l’eau, il y a des oiseaux
. Qui construisent leur nid
. Pour y mettre leurs petits

Je ressens comme une envie de revenir ici,
Là où la vie est tranquille, où il n’y a pas de bruit…
.     Audrey Renard 5ème A

Calme et élégant, un ru coule.

En le longeant, j’arrive au Paradis…
L’eau y est pure tel un miroir,
Les nénuphars sortis d’un tableau de Monet,
Semblent s’être pomponnés pour votre arrivée.

Soudain, l’orage éclate.
Les nénuphars se referment gracieusement.
De leurs pétales de soie tombent des gouttes de larmes.
Puis tout se calme…

La beauté resplendit de nouveau.
.     Julia Castel 5ème A

Je m’assois sur un banc, le cœur ouvert.
Je peux dire des choses à l’eau
Que je n’avais jamais confiées auparavant…
Car avec l’eau, on peut discuter,
Elle ne vous trahira jamais
D’ailleurs, elle ne fera pas que vous écouter,
Si vous avez des soucis, vous pouvez les lui dire,
Elle vous donnera des réponses et des conseils…
Car la-haut, d’où elle tombe,
Elle voit tout ce qui se passe.
L’eau vous redonne votre bonté, votre sagesse
Et votre cœur s’ouvre à nouveau […]
    Maguy Beissat 5ème A

Le courant avance et je le suis…
. Une légère brise remue les feuilles des arbres,
. Mais le silence est presque complet.
. Les chants des oiseaux sont comme les mélodies de Mozart.
. Les diamants à la surface scintillent
. Dans le calme, la douceur, la légèreté…
Au loin une cascade apparaît…
. L’eau, turbulente est déchaînée
. Comme les pluies démentielles d’un ouragan.
. Le bruit augmente et l’eau s’agite.
. Elle devient mousseuse.
. Même les éclaboussures sont bruyantes…
Puis l’eau continue son chemin…
. Elle s’épaissit dans une harmonie de paix.
. Son murmure  berce mon cœur,
. L’onde est transparente, paisible,
. J’éprouve un sentiment de calme, d’Amour.
[…]
    Florent Mazeras 5ème A