Costumes vers 1914

Comment étaient habillés, vers1914, nos grands-parents qui habitaient la campagne…

Les hommes :

Les hommes portaient à même la peau une chemise sans col en coton peigné, boutonnée et à longs pans. Elle servait de chemise de nuit. Le jour, les pans passaient entre les jambes et étaient logés dans la culotte.
Sur la chemise ils mettaient un veston sans manche, identique à ceux que portent actuellement les garçons de café dans certaines de nos grandes villes. Le veston était aussi appelé « petit gilet ». Dans la petite poche de gauche, les hommes mettaient la montre gousset, attachée par une chaîne à une boutonnière du gilet.
L’hiver, ce veston pouvait être remplacé par un chandail. C’était un vêtement de torse, tricoté, sans col ou alors avec un col qui était soit droit soit réversible. Il était sans bouton ou alors boutonné sur une épaule. Suivant la saison, on portait ou non un paletot de toile qui variait en fonction de la corporation. Celui des ouvriers, souvent appelé « bourgeron, était de couleur noire ou bleu foncé. Il possédait trois poches. Les paysans le remplaçaient, très souvent, par une veste carnier, en toile ou en velours côtelé l’hiver. Cette veste était très pratique pour transporter le gibier braconné ou d’autres denrées.
La culotte était portée sans sous-vêtement. L’été, elle était en toile de couleur noire ou bleu foncé. L’hiver, les hommes portaient une culotte de velours côtelé sous laquelle ils pouvaient porter un caleçon long en coton peigné. La culotte était assez large pour pouvoir loger la chemise et la ceinture de flanelle enroulée autour du corps sur la chemise. Cette ceinture était une bande de flanelle d’environ 20 à 25 cm de large et d’à peu près 3m de long. Elle protégeait les reins. La culotte avait deux poches pour loger un mouchoir et un couteau. Sur le côté, une autre petite poche longue était destinée à ranger un mètre pliant. Elle était très resserrée aux jambes, surtout pour les artisans. La culotte était identique pour toutes les corporations. Les paysans avaient souvent un autre métier ; il n’était pas rare de les voir aller travailler à Paris alors que la femme restait à la ferme. Les ouvriers qui œuvraient dans les métiers du bâtiment ne pouvaient se permettre de porter des culottes qui risquaient de les entraver dans leurs mouvements et de les faire tomber.
Aux pieds, les hommes portaient des chaussettes de grosse laine. Il ne faut pas comparer la laine des années 1900 et celle que nous utilisons de nos jours. A cette époque, la laine était composée à 100% de laine du mouton simplement lavée, cardée, filée et tricotée. De nos jours, ce que nous appelons « laine » est en réalité composé d’un fil à tricoter dans lequel la laine est rare. Le fil, utilisé en grande quantité, donne du maintien, de la souplesse, de la douceur… En 1900, la laine était pure. Pour éviter de trouer les chaussettes, les hommes portaient dans les sabots des chaussons en laine tricotée. Pour économiser les chaussettes, il n’était pas rare de voir des agriculteurs pieds nus dans leurs sabots. Le fond des sabots avait une semelle amovible réalisée en paille tressée.

Les femmes :

Les femmes portaient une chemise en toile de fil (lin), très fine, sans col, qui arrivait à mi-mollet ou qui pouvait même être plus longue. Cette chemise servait de chemise de nuit. Par-dessus, les femmes portaient une camisole, sorte de corsage que l’on boutonnait sur le devant et encore par-dessus un petit gilet de coton tricoté qui se boutonnait également sur le devant. Sur ce gilet, on mettait un caraco. C’était un corsage, à manches et basques, flottant sur le cotillon, cintré  et resserré à la taille, décoré de petits plis couchés devant. Enfin, par-dessus le caraco, elles avaient, suivant la saison, une palatine (pèlerine) en laine tricotée.
Elles portaient une culotte de fil à jambes très longues et à fond largement ouvert. Sur la culotte, les femmes avaient un cotillon. C’était une sorte de jupe très longue. Lorsque la température diminuait, le nombre de cotillons augmentait. Il n’était pas rare qu’une femme porte jusqu’à quatre cotillons. Généralement, elles en portaient deux : le premier était porté normalement, le second était relevé à la taille pour ne pas être sali. Si une personne étrangère à la famille arrivait, le cotillon propre était délivré négligemment de la ceinture (Il ne faut pas penser que les femmes de la campagne n’étaient pas coquettes !)
Sur les cotillons, elles avaient une « devanchtière » (tablier) de toile. Ce tablier était composé de deux parties. La partie supérieure était un plastron retenu au cou par un lacet. La partie inférieure était mi-longue et ne ceinturait que la moitié du corps. Un large lacet à la taille était noué dans le dos. Ce tablier servait à protéger les cotillons mais il servait surtout au transport de fruits, légumes ou autres denrées. Les deux coins inférieurs étaient remontés d’une main à hauteur de la taille pour obtenir une grande poche.
Enfin, les femmes portaient des bas de laine protégés par des chaussettes de laine plus courtes l’hiver. En été elles portaient des bas de coton protégés par des chaussettes de laine à mi mollet.

Les enfants :

   Ils étaient à peu près habillés de la même façon que les parents. Les filles portaient des vêtements qui arrivaient au-dessous du genou, les garçons avaient une culotte qui était resserrée au-dessous du genou.
Les vêtements qui touchaient la peau étaient portés au minimum huit jours. Ce délai pouvait sans inconvénient passer à deux semaines. Les paletot, gilet, pèlerine… n’étaient jamais lavés, car seule la poussière pouvait être dessus ! Les cotillons n’étaient pas systématiquement lavés ; ils ne pouvaient pas se salir puisqu’ils étaient portés entre la chemise et la devantchière! Si un cotillon avait un peu de terre dans le bas, on attendait qu’il sèche et on le frottait entre les mains. Au pire, on lavait la partie salie, entre les mains, dans de l’eau claire. Les vêtements portés n’étaient pas lavés au bujadaille. On les faisait tremper une journée ou plus, dans de l’eau savonneuse. Ils étaient lavés à la rivière.
Le linge lavé au bujadaille était uniquement le linge que nous appelons actuellement du blanc.