Elle est liée à l’évolution de l’agriculture, de l’élevage plus exactement, dans la région.
En 1954, il était possible de distinguer 2 groupes de productions animales différentes et importantes.
1) La production de gros bovins de viande (bœufs gras, vaches de réforme, châtrons de 3 et 4 ans, génisses de 3 ans) se faisait dans les domaines principalement. Dans ces domaines, appartenant le plus souvent à des vieilles familles terriennes, des métayers, guidés par des régisseurs, assuraient tous les travaux de la terre et les soins au cheptel dont ils avaient la garde. Les frais étaient répartis entre le propriétaire et le métayer (selon un pourcentage variable avec chaque bail), les recettes (vente d’animaux et blé) à parts égales le plus souvent. Le métayer pouvait engraisser pour lui deux ou trois porcs et engraissait aussi 1 ou 2 pour le propriétaire. La métayère s’occupait de la porcherie (en général plusieurs truies mères) ainsi que la basse-cour très importante et très variée à cette époque (poules, canards, oies, pintades, dindons, lapins).
« La basse-cour payait l’épicier ». Parfois aussi, en plus, un petit troupeau de moutons cohabitait avec les bovins, en général dans des champs séparés. Les tracteurs n’étaient pas encore chose courante, et les travaux se faisaient avec les bœufs ou les vaches liantes. Pour cela, un personnel important était nécessaire. Très souvent 4 générations vivaient sous le même toit, on était métayer de père en fils. Un ou deux domestiques agricoles aidaient aux travaux. Pour nourrir tout ce monde, l’on voit que plusieurs porcs gras étaient indispensables, ainsi qu’une importante basse-cour, ainsi que le blé qui était échangé chez le boulanger contre du pain, ainsi que la ou les vaches laitières qui fournissaient le lait et parfois, selon les conventions, leurs veaux pour les repas de batteuses (tradition perdue hélas !).
2) La production de veaux de boucherie (veaux blancs), âgés de 3 à 4 mois, d’un poids de 160 à 200 kg était l’apanage d’exploitations moins importantes (moins de 30 ha), tenues par leurs propriétaires ou par des fermiers. Quelques petits propriétaires possédaient de 2 à 5 ou 6 vaches, la production de veaux et (ou) de quelques agneaux complétant souvent un traitement de facteur ou de cantonnier. Là encore, une petite porcherie assurait la nourriture de la famille avec la basse-cour toujours assez fournie.
Dans les années 60 à 70, sur la partie Ouest du canton notamment de nombreux domaines se reconvertissent dans l’élevage ovin qui nécessite une main-d’œuvre plus réduite et un cheptel vif de plus faible valeur globale, mais de rotations plus rapides, et l’agneau se vend fort bien à cette époque. Dans ces domaines moutonniers, les grandes familles de métayers éclatent, un berger et son épouse assurent la marche de l’exploitation.
Progressivement aussi, les petits agriculteurs propriétaires arrivent à l’âge de la retraite, de jeunes agriculteurs voisins reprennent les terres, et l’on voit peu à peu disparaître les petites fermes spécialisées dans le veau de boucherie (quel dommage !).
Avec le nouveau débouché de l’Italie, qui achète à bon prix les veaux limousins au sevrage, une nouvelle production se développe à partir des années 70 : le veau d’Italie. En 2 ou 3 ans, la plupart des exploitations se reconvertissent. On élève toutes les génisses, même les moins bonnes, pour faire des vaches reproductrices, on en achète. De 15 à 20 vaches, on passe en quelques années à 50 ou 60, voir davantage. La sélection des reproductrices n’est pas très rigoureuse, et les problèmes de mise bas deviennent plus importants. Puis la sélection s’affine, et la race s’améliore. A présent le cheptel de la région est bon dans l’ensemble. Mais tous les veaux ne partent pas en Italie. Beaucoup d’éleveurs, disposant de suffisamment de terres, donc de fourrage, préfèrent commercialiser un produit fini, donc plus cher, et engraissent leurs génisses et leurs taurillons pour les vendre à bon prix l’année suivante. La production de veaux de boucherie de 3 à 4 mois a presque totalement disparu, quelques rares exploitants, à la veille de la retraite, trop âgés pour investir et changer de méthodes, persistent encore tant bien que mal dans cette production peu rentable actuellement en raison des cours plutôt bas.
Les élevages ovins se maintiennent bien dans le canton. Lors du Comice annuel plusieurs élevages se partagent les prix.
La production laitière ne doit pas être oubliée. Depuis 30 ans des migrants venus de Normandie d’abord, de Bretagne, de la Mayenne, des Charentes, puis actuellement des Hollandais, exploitant des fermes apportant des techniques nouvelles, notamment en alimentation animale.
La production porcine est actuellement négligeable : quelques truies reproductrices pour le canton, mais malgré tout 1 ou 2 porcs à l’engrais dans de nombreuses exploitations.
Il y a 30 ans, chaque domaine avait son cheval qu’on attelait à la carriole pour aller à la foire et à la faneuse au moment des foins. Aujourd’hui, de nombreux particuliers possèdent des poneys ou des chevaux de selle, pour leur plaisir et leurs loisirs.
Pour ce qui est des animaux de compagnie (chiens et chats) ils sont aussi en très nette progression et ont de plus en plus recours au vétérinaire.
Il convient aussi de noter que l’activité professionnelle, régulière toute l’année dans le courant des années 50 et 60, est devenue progressivement saisonnière, parallèlement à l’évolution de l’élevage. Les naissances de veaux limousins, au lieu d’être réparties toute l’année — veaux de boucherie nécessitant l’apport de « tantes » (vaches encore en lait dont le veau a été vendu et « brettes ») — se font maintenant de décembre à mai en majorité. De même, les naissances des agneaux sont groupées grâce aux méthodes chronogest. Seules les vaches laitières mettent bas tout au long de l’année pour assurer une production régulière.
D’autre part, la conduite de grands troupeaux s’accompagne de traitements antiparasitaires plus fréquents (l’infestation est plus forte sur les pâturages surpeuplés). En conséquence, la consommation de médicaments, surtout des antiparasitaires, est devenue plus importante. De plus, les éleveurs, de plus en plus devenus des techniciens par la vulgarisation médicale vétérinaire et l’enseignement agricole, cherchent à soigner leurs animaux eux-mêmes avant de faire appel au vétérinaire.
En cas d’insuccès et de traitement intempestifs, il se produit une surconsommation médicamenteuse.
Cette surconsommation pourrait être notablement réduite en demandant conseil aux vétérinaires et en adoptant un calendrier de traitement approprié.
Mais l’avenir est encore intéressant, le pays restera toujours un pays d’élevage.