Nous sommes actuellement en mesure de fournir des renseignements complémentaires concernant les forges de Mondon, dont M. Drouault parlait brièvement page 97 de la Monographie de 1905, rééditée en 1961. En effet, Monsieur le Commandant Martignon fit paraître en 1950 une plaquette intitulée “ plaques de cheminée provenant de la forge de Mondon de 1607 à 1868 ”.
Les Forges
La seigneurie de Mondon, jadis la plus importante de la Terre-aux-Feuilles, territoire correspondant à peu de choses près au canton actuel de St-Sulpice-les-Feuilles, appartenait, au début du XVIIe siècle, à Guillaume Pot, Seigneur de Rhodes et de Mondon, Grand Maître des Cérémonies de France, et c’est à lui que le pays fut redevable de la création de cette forge qui devait amener la prospérité dans une région jusqu’alors bien déshéritée.
Le fief de Mondon, consistait en effet, presque uniquement en forêts, dont les bois, faute de routes, ne pouvaient être exportés. Comme, non loin de là, dans ce qui est aujourd’hui le département de l’Indre, se trouvaient des gisements de minerais de fer, Guillaume Pot eut l’idée de créer une forge qui utiliserait comme combustible le bois de Mondon et comme minerais ceux apportés du Berry.
D’autre part, le terrain entourant la motte féodale sur laquelle se dressait le château, était situé en contrebas de la longue chaussée d’un grand et bel étang, celui de Mondon, lequel n’était que l’élargissement d’une petite rivière qui formait alors tout un chapelet d’autres étangs de moindre importance, avant de venir s’épanouir de nouveau et largement à Mondon.
Cette voie d’eau, régularisée par ces étangs, était déjà jalonnée de moulins, tant à grains qu’à drap, et Guillaume Pot songea à utiliser la force hydraulique fournie par des roues à aubes pour actionner divers éléments de la forge. Il y eut ainsi, par la suite, jusqu’à 6 de ces roues, toutes mues par l’eau échappée de l’étang, roues qui servirent à actionner la plupart des mécaniques de l’usine. Ce fut en 1607 que la forge fut mise sur pied, et jusqu’en 1868, elle devait fonctionner avec des fortunes heureuses ou malheureuses, mais avec une seule longue interruption, de 1792 à 1812. Puis elle disparut dans une catastrophe.
Le 16 août 1868, à la suite d’un violent orage, le cours de la Benaize devint torrentueux, le volume d’étang de Mondon s’enfla d’un seul coup, et sous la pression des eaux, la digue se rompit. Tous les bâtiments de la forge, à l’exception de la demeure du Maître de forge, furent balayés.
Depuis quelques temps déjà l’introduction des fers anglais portait un rude coup à notre usine ; la catastrophe de 1868 consomma sa ruine définitive…
La Forge de Mondon produisait à peu près tout ce que fabriquaient les forges de l’époque des fers marchands, des clous à cheval, des chenets, des marmites, etc. En plus, signalons que Mondon, entre 1758 et 1768, fournit 500 milliers de boulets de canon à l’arsenal de Rochefort, fourniture dont, entre parenthèses, le maître de forge ne fut, malgré ses réclamations, réglé que six ans après. Mondon eut également son heure de célébrité grâce à sa fabrication de casseroles et de poêles à frire.
Mais sa spécialité la plus marquante, sa vraie spécialité fut celle des “ Taques ” ou “ contrecœurs ”, ces plaques de fonte que l’on dressait sur le “ contrecœur ”, au fond des cheminées, afin de le préserver de l’ardeur de la flamme.
Mondon eut, en son temps, une clientèle très étendue pour ce genre de production, et l’on sait que les villes de Limoges et de Poitiers, entre autre, se fournirent presque exclusivement à cette forge.
Plus favorisé que M. Drouault, nous avons eu la bonne fortune de retrouver 44 de ces plaques de cheminée. Bon nombre d’autres ont été signalées. Ce sont ces 44 Taques, se rattachant à 29 types différents, que nous allons décrire rapidement.
Taques provenant de la Forge de Mondon
1 – Armes royales, vers 1614 (fig. 1)
Écu chargé des armes royales “ D’azur à trois fleurs de lis d’or ”, et surmonté d’une couronne royale non fermée garnie de cinq fleurons en fleurs de lis.
Cette plaque remonte vraisemblablement aux débuts de la Forge de Mondon.
Hauteur 0,80. Largeur 0,58.
2 – Armes de René de Lage, Seigneur de Puylaurent, début du XVIIIe siècle (fig. 2)
Écu aux armes de la famille de Lage “ D’or, à la croix de gueules ” sommé d’un casque taré de profil et orné de lambrequins. Supports Deux Griffons. Le tout inclus dans un octogone, inscrit lui-même dans une circonférence dessinée par une couronne de laurier.
Au-dessus de cette couronne, fleuron accompagné de deux feuilles d’acanthe divergentes. Au-dessous, cul-de-lampe à demi effacé par l’ardeur du feu.
La plaque est aux armes de René de Lage, Seigneur de Puy-Laurent. Sous-gouverneur du duc d’Anjou, Conseiller du Roi en ses Conseils d’Etat et privé, lequel avait épousé, le 16 novembre 1602, Jeanne Pot, fille de Guillaume Pot, Seigneur de Rhodes, et de Jacqueline de La Chaste. Il fut père du fameux “ Duc de Puylaurent ” qui, après avoir été le favori du duc d’Anjou, Gaston de France, frère de Louis XIII, après avoir été nommé duc et pair en 1634, devait connaître la disgrâce, puis mourir emprisonné à Vincennes l’année suivante. La famille de Lage ou de Laage était originaire du Berry.
Hauteur 0,89. Largeur 0,70.
3 – Armes de la famille Guibert, XVIIe siècle (fig.3)
Écu ovale portant “ De… à l’aigle bicéphale de…, au chef de…, chargé de trois heaumes ou casques de profil de… posés en fasce. “ L’écu surmonté d’un casque taré de face et orné de lambrequins. Le tout posé sur un cartouche à enroulements. La plaque est entourée d’une bordure chargée d’enroulements en feuilles d’acanthe.
Ces armes sont indiquées et dessinées avec une disposition différente dans l’Armorial de Poncet.
Poncet les énonce ainsi :
Partie au 1er d’azur à l’aigle d’or (le dessin montre une demi-aigle bicéphale) au 2e d’azur à trois heaumes d’argent posés 2 et 1” Il est donc vraisemblable que cette taque fut faite pour Pierre Guibert, Maître de la Monnaie de 1612 à 1619.
Hauteur 0,965. Largeur 0,75.
4 – Armes de la famille Martin de la Goutte-Bernard, 1640 (fig.4)
Écu portant “ Parti au 1, de… à la fasce ondée de… ; au 2, de… à l’aigle éployé et couronnée de… ”
Au-dessus, casque taré de profil et orné de lambrequins. Supports deux lions, posés sur un cul-de-lampe à volutes. En haut de la taque, date 1640.
Cette taque est aux armes de la famille Martin de la Goutte-Bernard, qui portait “ D’argent à la fasce ondée d’azur ”
Hauteur 1,00. Largeur 0,92. Epaisseur au bas 0,05. en haut 0,04.
Les motifs en très fort relief.
Il n’est peut-être pas inutile de rectifier quelques erreurs qui se sont glissées au sujet de cette taque dans l’ouvrage de M. Drouault. Il écrivait en effet “ on voit un écusson parti au premier les trois fasces ondées de Rochechouart ; au second une chimère. On sait que la forge de Mondon a été justement possédée, à la fin du XVIIIe siècle par cette famille. ”
Or, d’abord, il n’y a pas “ trois fasces ”, mais une seule ainsi que cela apparaît nettement par le relief. Il ne s’agit donc pas des armes des Rochechouart. Ensuite, le second parti n’est pas chargé d’une Chimère, mais d’une demi-Aigle bicéphale et couronnée. Enfin, cette taque est datée de 1640, époque où la Forge n’était pas aux Rochechouart, mais aux Pot de Rhodes.
5 – Armes de Pierre de Montmorency-Laval, fin du XVIIe siècle (fig.5)
écusson ovale aux armes des Montmorency-Laval, qui sont “ D’or, à la croix de gueules, cantonnée de 16 alérions d’azur, la croix chargée de 5 coquilles d’argent ”. (ces coquilles constituent la brisure de la branche des Laval). L’écusson est soutenu par deux palmes croisées et surmonté par un Soleil à visage humain, ce Soleil emblème du roi Louis XIV. Plus haut se trouve une couronne ducale, à cinq fleurons en feuilles d’ache.
Hauteur 0,90. Largeur 0,76.
Ces taques ont été signalées par M. Drouault, mais avec une légère erreur qu’il convient de redresser. Cet auteur indique, en effet, une couronne de “ marquis ”, alors qu’il s’agit en réalité, d’une couronne de “ duc ”.
6 – Salomon et la Reine de Saba, XVIIe siècle (fig.6)
Fronton surmonté de deux cornes d’abondance.
Cadre intérieur montrant en haut, sur un cartouche, l’inscription “ LOVE SOIT DIEU ” ; sur les montants latéraux, des chutes de feuilles et de fleurs ; en bas, sur la partie horizontale, des rinceaux. Au milieu de ce cadre, sujet représentant la visite de la Reine Saba au roi Salomon. La reine, richement vêtue et la tête ornée d’un panache de plumes tient un bouquet à la main. Le grand roi Salomon, qui paraît à la vérité un peu mesquin auprès d’elle, est coiffé d’un turban à aigrette. Un petit page porte la traîne de son manteau.
A droite, deux tours, l’une carrée, l’autre ronde, sont surmontées d’un croissant, ce qui donne à la scène un caractère exotique, mais aurait bien étonné le roi Salomon. Entre les deux tours apparaît la tête d’un chameau, dont le licol est tenu par un petit personnage. Cette taque intéressante a été signalée par M. Drouault (p.l98).
Hauteur 0,97. Largeur 0,73.
7 – Le Sacrifice d’Abraham, XVIIe siècle.
Très grande taque rectangulaire, richement et finement décorée. A l’intérieur du cadre rectangulaire est inscrit un décor très ouvragé en forme de lucarne, dans l’œil de bœuf circulaire de laquelle est représenté le Sacrifice d’Abraham. Ce sujet est traité de façon assez maladroite, alors que toute la partie décorative est, au contraire, fort belle.
Hauteur 0,91. Largeur 0,96.
8 – Armes royales, époque Louis XIV (fig.7)
Sur un cartouche, écusson rond chargé de trois fleurs de lis. Le cartouche est sommé d’une couronne fermée et soutenu de deux palmes nouées par un ruban.
Hauteur 0,575. Largeur 0,57.
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9 – Armes royales, 1715.
Grande taque à fronton dépassant un demi-cercle, richement encadrée de palmes et de volutes en consoles. Au centre, écusson rond chargé de trois fleurs de lis et sommé d’une couronne fermée. Cet écusson est entouré d’une bande circulaire portant l’inscription “ Sit nomen domini Benedictum 1715 ”.
Hauteur 0,82. Largeur 0,78.
10 – Armes royales, époque Louis XV (fig.8)
Sur un cartouche, écu ovale, chargé de trois fleurs de lis et sommé d’une couronne fermée. Au-dessous du cartouche, deux gerbes de palmes liées par un ruban.
Hauteur 0,66. Largeur 0,64.
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11 – Armes de la famille Augier de Moussac, 1761 (fig.9)
Écusson ovoïde chargé de trois croix posées en pal et sommé d’une couronne de marquis. Supports deux Cygnes contournés. Le tout posé sur un cartouche à coquilles de style rocaille. Au-dessus, date en gros chiffres : 1761.
Cette taque est aux armes de la famille Augier de Moussac, qui porte “ D’or, à 3 croix de sable posées en pal ”.
Cette famille, originaire du Poitou, était possessionnée à Arnac.
Hauteur 0,655. Largeur 0,71.
Une taque semblable se trouve dans l’ancien hôtel de la famille de Gartempe, à la Souterraine.
12 – Armes de Roi de N.D. des Miracles, de Mailhac XVIII siècle (fig.10)
Écu chargé d’une Étoile à 5 branches et surmonté d’une couronne fermée de fantaisie. Cet écu est soutenu de deux palmes croisées et liées par un ruban. Le tout inclus dans un cercle : ce sont les armes de fantaisie du Roi de Notre Dame des Miracles, de Mailhac. L’église de Mailhac est encore un lieu de pèlerinage très fréquenté, dans lequel on vient vénérer N.D. des Miracles. Il y avait jadis dans ce bourg une importante confrérie qui organisait, à l’occasion de la fête de sa patronne, des processions costumées, généralement terminées par un grand banquet. Cet usage était répandu en Limousin, sous le nom de “ Reinage ” ou de “ Royauté ”, parce que les personnages qui présidaient aux cérémonies, partaient les titres de “ Roi ” et de “ Reine ”, et que leurs compagnons se distribuaient les diverses dignités d’une cour. Des documents relatifs à la Royauté de N.D. des Miracles existent depuis 1624. Le Roi, qui était nommé pour un an, fut souvent le Maître de Forge de Mondon, chose normale, puisque ce personnage, maître de la forge dont les principaux bâtiments se trouvaient sur le territoire de la paroisse de Mailhac, était, après les Seigneurs de Mondon, non résidents, le plus important paroissien. Il est donc probable que c’est l’un de ces Maîtres de Forge, qui, étant nommé “ Roi ”, fit sculpter, puis couler cette taque.
L’Étoile qui charge cet écusson de fantaisie est l’emblème de la Vierge Marie, patronne de la confrérie ; c’est “ L’Étoile du Matin ” des litanies de la Vierge. La couronne fermée est une couronne de souverain, mais, ne répondant à aucun modèle connu, c’est l’emblème de dignité d’un souverain de fantaisie. Bref, le tout constitue les armoiries du Roi de N.D. des Miracles, de Mailhac.
Hauteur 0,54. Largeur 0,53.
13 – Ecu avec trophée d’armes, XVIIIe siècle
Ecusson ovale chargé d’un trophée d’armes, composé d’une épée en pal, la pointe en l’air, brochant sur deux fusils croisés et sommés de leurs baïonnettes. Ce médaillon est surmonté d’un Soleil rayonnant à figure humaine et soutenu d’ornements en rinceaux.
Hauteur 0,54. Largeur 0,53.
14 – Apollon, époque Louis XIV (fig.11)
Dans une sorte de cartouche dessiné par des ornements en volutes, apparaît le dieu-Soleil Apollon, assis sur des nuées, rayonnant et tenant une lyre. Rappelons que l’image d’Apollon fut en grande faveur sous le règne de Louis XIV, par allusion flatteuse au “ Roi Soleil ”.
Hauteur et Largeur 0,65.
15 – Nymphe et Berger, époque Louis XV (fig. 12)
Sujet inspiré de Boucher. Un Berger lutine une Nymphe peu vêtue. Le haut du pedum du berger apparaît derrière le dos de celui-ci à gauche, une de ses brebis contemple la scène. Un petit Amour ailé sourit en dirigeant une de ses flèches dans la direction du couple.
Hauteur 0,62.Largeur 0,545.
16 – Le faux ermite, époque de Louis XVI (fig.13)
Cette taque, malgré son opulent décor d’encadrement de style Louis XV, et même Régence, semble devoir être datée du règne de Louis XVI, car le sujet en paraît tiré d’un conte de Crébillon. Une amie complaisante vient de conduire dans un ermitage la jeune héroïne, qui conserve une attitude pudique et embarrassée. Son jeune amant, déguisé en ermite, et qui est agenouillé devant un livre de prières et une croix, soulève son capuchon pour regarder la jeune fille.
Hauteur 0,635. Largeur 0,64.
17 – Motif décoratif, époque Louis XVI (fig. 14).
Au centre une Atlante, issant d’une colonne florale, porte sur sa tête une corbeille de fruits et de fleurs. A droite et à gauche, enroulements en forme de consoles renversées.
Hauteur 0,58. Largeur 0,60.
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18 – L’arc brisé, époque Louis XVI.
Grande taque carrée dans laquelle est inscrit un grand cercle accompagné aux angles de quatre roses. Au milieu du cercle, un médaillon surmonté de deux guirlandes pendantes, est suspendu par un ruban, formant nœud à la partie supérieure, où se rattachent deux pendentifs de perles. A mi-hauteur du ruban de suspension, couronne de fleurs. Au-dessous du médaillon, deux palmes croisées et nouées par un ruban, Au milieu du médaillon, figure un Amour pleurant et tenant un arc brisé à la main. C’est le sujet bien connu – emblème mélancolique – connu sous le nom de “ L’arc brisé ”.
Hauteur et largeur 0,785.
19 – Armes impériales, époque du 1er Empire (fig. 15).
La Forge de Mondon, dont la production avait été arrêtée en 1792, put rouvrir ses ateliers en 1812, et c’est alors que fut créée cette taque.
Au centre, Armes Impériales, qui étaient “ D’azur à l’aigle d’or, empiétant un foudre ”. L’écu entouré du Collier de la Légion d’Honneur finement travaillé et sommé d’un casque taré de front surmonté d’une couronne impériale fermée. Le tout posé sur un manteau semé d’abeilles et doublé d’hermine, ce manteau étant relevé à dextre par une main de justice, à senestre, par le Sceptre de Charles V, dit “ Sceptre de Charlemagne ”, à cause de la statuette de cet empereur qui le surmonte.
Hauteur 0,65. Largeur 0,55.
20 – Armes Royales, époque de la Restauration (fig. 16).
Taque ne différant de la précédente que par les meubles de l’écu. A la chute de l’Empire et au retour des Bourbons, le maître de forge, économe des deniers de son établissement, dut juger inutile de faire sculpter une nouvelle plaque de bois matrice aux armes royales. Il se contenta de faire découper dans la matrice existante de la partie intérieure de l’écu qui portait l’aigle, et de faire incruster à la place un autre écu sur lequel étaient sculptées les trois fleurs de lys. Mais il laissa philosophiquement subsister et la couronne impériale, et la croix de la Légion d’honneur portant le profil de Napoléon, et, sur le manteau, les abeilles, emblème de l’Empire.
La plaque matrice de cette taque a le double intérêt de constituer un beau morceau de sculpture sur bois, en même temps que d’être le témoin de cette curieuse modification – partielle – d’un emblème impérial en un emblème royal.
Hauteur 0, 65. Largeur 0,55.
21 – Amour et Centaure, époque du 1er Empire (fig. 17).
Au dessous d’un fronton à l’antique orné d’enroulements un Amour, porteur de son arc, lutine un vieux Centaure, lequel a les mains liées derrière le dos.
Cette figure est inspirée de la statue antique du Musée du Louvre connue sous le nom de “ Centaure Borghèse ”.
Hauteur 0,65. Largeur 0, 515.
22 – Amour et Psyché, époque de la Restauration (fig. 18).
Au milieu d’un riche encadrement floral, groupe représentant l’Amour et Psyché.
Hauteur et largeur 0,50.
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23 – L’Amour et Psyché époque de la Restauration.
Taque de la même époque que la précédente et décorée du même sujet, mais la plaque de fond est plus grande et n’est encadrée que d’une simple moulure.
Nous voyons ici apparaître un procédé nouveau, du à l’industrialisation progressive de la fabrication. Mondon commençait, en effet, à utiliser des moules de fonds de taques de différentes tailles – suivant les cheminées à meubler. Au centre de ces moules, lors de la fonte et de l’impression, se fixait momentanément un sujet en bois sculpté, taillé et conservé à part. Comme conséquence de l’emploi de ce nouveau procédé, il existe des taques de tailles variées et d’encadrements divers, portant au centre un même sujet, et, inversement, des plaques de fonds identiques ornées de sujets différents.
Hauteur 0,59. Largeur 0,56.
24- Le Dauphin et le cordonnier Simon, époque de la Restauration
Taque carrée. Devant une table chargée d’outils de cordonnier, Simon, coiffé d’un bonnet phrygien, tient à la main droite un papier et semble faire de la gauche un geste de menace. En face de lui, le Dauphin debout, tient également un papier. La pièce est meublée d’une armoire, d’une chaise, d’un escabeau. Au plafond pend une cage. A un clou, près d’une fenêtre fermée par un volet de bois, sont suspendus une veste et un tricorne. Le Dauphin qui, alors, était un enfant, est figuré ici comme un grand jeune homme. Notre artiste local n’avait, semble-t-il, que des notions historiques assez imprécises.
Hauteur et largeur 0,53.
25 – Forge de Mondon, époque de la Restauration (fig. 19).
Très grande taque rectangulaire en large offrant l’intéressante particularité de porter en haut et en grands caractères, l’inscription “ Forge de Mondon ”.
Au dessous, armes royales aux trois fleurs de lys, l’écu surmonté d’une couronne fermée et soutenu de deux branches de laurier croisées et liées par un long ruban flottant.
Hauteur 0,81. Largeur 0,97.
26 – Forge .de Mondon, époque de Louis-Philippe (fig. 20).
Même taque que la précédente, mais modifiée après l’avènement au trône du roi Louis-Philippe.
Le maître de forge, homme astucieux et économe, en même temps que bon orléaniste, jugea sans doute inutile de faire exécuter une nouvelle plaque matrice. Il se contenta de faire gratter sur l’ancienne les fleurs de lys. Mais, comme l’écu paraissait alors bien vide, il le fit meubler quelque peu, et de façon disgracieuse d’ailleurs, en y faisant apposer la matrice d’un médaillon rond portant l’image d’une tête assez mal venue.
Hauteur 0,81. Largeur 0,97.
27 – Forge de Mondon, époque de la République de 1848 (fig.21)
Même modèle que les précédents, mais modifié après la Révolution de 1848.
Le maître de forge, toujours aussi astucieux et économe, mais devenu cette fois bon républicain, continua de juger inutile et dispendieux de faire exécuter une autre matrice. Mais les nouvelles idées politiques le forcèrent à faire gratter, cette fois, et l’écusson et la couronne.
Il ne restait plus alors que l’inscription et les branches de laurier, ce qui faisait un peu nu. Notre maître de forge – ou l’un de ses employés – qui devait faire partie de la Garde Nationale, eut alors l’idée de décorer le vide laissé par le grattage de l’écusson, en y faisant apposer comme matrice sa plaque de shako à l’emblème du coq.
Nous avons ainsi une série de trois taques différentes provenant d’une même matrice initiale, mais dont la densité du décor s’est raréfiée progressivement au cours des révolutions. Hauteur 0,81. Largeur 0,97.
28 – Mars désarmé par l’Amour, époque du Second Empire
Petite taque carrée, datant de la fin de la fabrication de Mondon, encadrée par une moulure de style Louis XVI et chargée aux angles de quatre roses. Au centre, petit motif représentant Mars, le dieu de la guerre, désarmé par l’Amour.
Hauteur et Largeur 0,45.
29 – Amour chevauchant un lion, époque le Second Empire.
Taque semblable à la précédente, mais en différant par le sujet central qui représente ici un Amour ailé chevauchant un lion et bandant un arc. C’est l’allégorie, inspirée de l’antique, de “l’Amour maître de la Force ”.
Nous retrouvons ici le procédé indiqué précédemment, employé dès l’époque de la Restauration, et consistant à utiliser des sujets différents taillés à part et que l’on fixait suivant la demande du client, sur une même matrice de fond.
Hauteur et Largeur 0,45.
Conclusion
L’examen chronologique de ces taques conduit aux observations suivantes.
Dans la première époque de fabrication, au XVIIe siècle, sont encore en usage les grandes cheminées à hotte, héritées du Moyen Age et dont le foyer est immense. Aussi les taques de cette période sont-elles de très grande taille.
D’autre part, ces taques ornées sont encore objets de luxe et on les trouve principalement dans les châteaux, où elles portent en général les armes du seigneur châtelain. Certains couvents opulents commandent également et ce sont alors des plaques à sujets religieux. Quant aux riches bourgeois, en loyaux sujets, ils se contentent de taques aux armes royales, taques qui n’ont pas besoin d’être exécutées sur commande, comme celles portant les armoiries de familles particulières.
Au XVIIIe siècle, la dimension des cheminées diminue et il en est naturellement de même des taques.
D’autre part, le goût de l’apparat seigneurial s’atténue, pour faire place à celui du confort et de la grâce du décor. La prédilection pour les attributs héraldiques s’affaiblit. Les taques armoriées deviennent plus rares, tandis qu’augmente le nombre de celles décorées de sujets divers allégories, personnages mythologiques, scènes empruntées à quelque roman en vogue, ou même simple ornements. Les plaques aux Armes de France continuent cependant à être répandues.
Au XIXe siècle s’achève le rapetissement des cheminées et, par suite, celui de leurs taques qui, sauf quelques rares exceptions, sont de dimensions de plus en plus restreintes. Comme décor, toujours des emblèmes gouvernementaux, mais de plus en plus de sujets divers. Ces derniers sont, pour la plupart, empruntés à l’antiquité et à la mythologie, suite naturelle de l’engouement pour l’antique, consécutif aux fouilles d’Herculanum et de Pompéi, engouement qui commença à la fin du règne de Louis XVI, s’accentua pendant la Révolution, connut son paroxysme sous l’Empire mais fit longtemps encore ressentir ses effets.
Au point de vue artistique, la qualité des taques suit malheureusement la même progression décroissante que celle de leurs dimensions. Aux œuvres du début, parfois un peu rudes, mais toujours de grand caractère, succèdent des ouvrages de moins en moins puissants et originaux et la production s’éteint enfin au Second Empire avec ces très petites plaques exécutées en série avec adjonction de sujets rapportés.
Cependant, si la production finale est moins artistique que celle du début, en même temps que moins précieuse pour notre histoire locale, il n’en reste pas moins que les ouvrages sortis de cet établissement, pendant plus de deux siècles et demi, constituent tout un ensemble de documents intéressants et de belles choses.
Ces taques, objets d’une destination utilitaire et même grossière, devinrent, en effet, de véritables objets d’art, qui jouèrent un rôle marquant dans l’ornementation des demeures de nos pères, et cela grâce au goût, à l’ingéniosité et à l’habileté d’ouvriers qui firent honneur à la Forge de Mondon, en même temps qu’à notre région.