Généralités : L’homme et la toponymie

Comme nous le verrons plus loin, l’homme signale sa présence sur notre territoire dès les temps néolithiques ; c’est à cette époque que remontent les dolmens et autres monuments dont plusieurs subsistent encore. Il se fixa dans certaines stations qui n’ont cessé d’être habitées jusqu’à nos jours ; mais les noms qu’elles portaient ont subi l’usure du temps et ne sont parvenus jusqu’à nous que fort altérés. D’autres noms de lieux ont une origine moins ancienne et certains ne remontent qu’à l’occupation romaine, au moyen âge et même aux temps modernes.
Pour la plupart de ces noms, il est d’une grande difficulté de discerner sous la forme moderne les éléments primitifs, bien que ces altérations soient régies par des lois que l’étude des anciens textes permet de formuler.

On constate tout d’abord que le langage populaire procède tantôt par abréviation, tantôt par transposition. C’est ainsi que dans notre canton nous trouvons :
– le Puy au Met, transformé en Paulmet
– les Forestilles contractées en Frétilles
– Saint-Sulpice-terre-aux-feuilles devenu Saint-sulpice-les-feuilles
– Bouquebraud devenu Boubraud
– Coulx­megnac, Commerguac
– l’Age Alabosse, la Jalbosse
Dans la seconde catégorie, citons
– la Foucaudière devenu la Coufaudière
– la Counilière, la Coulinière
– Rabalière, Arba­lière
– Brolande, Brelande, puis Berlande.

Pour d’autres, les transformations ont été plus capri­cieuses : la forme bizarre Montquedioux est anciennement écrite Montcognioux, sans doute le Mont aux lapins ; de même les imaginations romanesques traduiraient Saint-Martin-le-Mault par Saint-Martin-le-Maudit : l’étymologie est plus prosaïque, ce nom s’écrivant autrefois Saint-Martin-­le-Mau (Mulus), c’est à dire le Pommier.
Par contre, Cheuget, qu’on pourrait croire une contrac­tion de Cheux Get, s’écrivait jadis Seuget.

A une période fort ancienne appartiennent les Peux ou les Puys, accompagnés de qualificatifs ou du nom de leurs possesseurs, ils ont servi à baptiser nombre de localités : Puyferrat, Peupithon, Peuchaud, le Peux, Peutrémolu, Font-puy, Puychenin, Peu de la Tache, Peu de Cromac, Peurusse, Puychaffrat, Paulmet, Puylaurent, le Peudemont, qui semble une superfétation, relie les Peux et les Monts ; ceux-ci plus récents : Montrenault, le Monteil, le Mont, Montquedioux, Mondon, Moutbrugnaud, Monthon, Monternon, Montmagner, Montlambert ; à côté se placent Belair et Bellevue.

Au-dessous du mont, la vallée sous les formes : la Valette, Lavau, Lavaupot, la Vaudelle, les Fosses.

Aux eaux se rattachent Rufasson, anciennement Rieu-fasson, Ruffec, la Rivaille, l’Ecluse, l’Etang, le Goulet, la Goutte-Bernard , les Gouttes.

La nature du sol a donné la Roche, la Pérelle, le Chiron, la Carrière.

Les terrains en friche étaient autrefois nombreux et nous les trouvons indiqués sous les diverses formes : les Bouiges, les Agriers, les Brosses, la Gorce, la Lande, la Chaume, le Gast, Lascroux, Commergnac, Changast.

Non loin d’eux se placent les bois : le Petit-Bois, le Grand-Bois, Boismandé, le Bost, forme plus ancienne, le Bouchet, la Folie, la Forêt Brune, les Forestilles, Boucheis.

Jappeloup, Bramepain, Chantemerle, Chantouant  n’indiquent pas des lieux très fréquentés.

Les diverses essences prédominaient sans doute à Grand Fa, au Châtaigner, au Noyer, à l’Hôme, aux Vergnes et à la Vergnade, à la Betoule et à Betoulet (Betula, bouleau), à la Vigne, aux Bussières.

Les terrains cultivés nous ont donné Champblanc, Champlong, Champotant, Champagnac, Champeron, Prélong, Prébarrat,  Prémartin , Grand Pré , les Essards, le Coudert, la Couture, les Courtières, plantedis.

Ces champs étant la plupart du temps entourés de haies (aja), nous trouvons l’Agebouillerand, l’Age, l’Age de Mail­lasson, l’Age du Lac, l’Age Beaudeuf, la Jalbosse ; les Cli­dières (clidia, haie), la Palisse, les Clôtures.

L’habitation a été tour à tour :
la Villa, qui a donné Virevalais, anciennement Villevallais, la villeaugé, la Vilatte, la Villeaubrun, Neuville.
la Mansio → le Mazier, les Mas, les Masgrimauds, le Mazeraud, Masmaud, le Grand Mazou.
la Casa, a donné les nombreux Chez : Chez-Dandin, Chez-­Bouchaud, Chez-Gros-Jean, Chez-Renard, Chez-Palant, Chez-­Nicaud, Chez-Lapointe, Chez-Fougères, Chez-Gaillard, Chez­Redon, les Chézeaux.
la Maison → les modernes Maisonneuve et Mai­sonrouge.
C’est encore aux habitations que nous devons les Bordes, la Borderie, la Bastide, les Granges, le Couret, les Loges, la Salle, le Grand-Moulin, la Poste, le Four à chaux, le Chastelat, la Garde, la Maladrerie, la Bergerie.

Le Fief, les Alleux rappellent les temps féodaux.

Pierrefolle indique l’existence d’un dolmen ; le Cluzeaud, celle d’un souterrain-refuge.

La Croix-Robert, Lascroux, la Crouzette ont une même origine ; l’Etrille, placée sur la voie romaine, est sans doute dérivée d’estrella, étoile.

Cette forme Chez, que nous venons de voir accolée au nom du propriétaire, n’est usitée qu’en pays de langue d’oc ; ailleurs le nom du propriétaire, employé pour désigner un lieu, est toujours suivi du suffixe ière ou rie. Notre canton se trouvant sur la limite des deux langues doit posséder les deux formes ; nous avons vu les Chez, voici les autres la Boutinotière, la Foucaudière, la Griminière., Lambertière, les Tribardières, les Minardières, les Servan­tières, les Pigeonnières, la Chardière, les Renardières, l’Hé­ritière, Rabalière, la Bironnerie, la Taponnerie, la Chauf­feterie.

On peut, semble-t-il, classer dans cette catégorie Jançais, le Bernardant, Martinet, le Pilaudon.

Il est à remarquer que cinq de nos communies portent la désinence ac et trois autres des noms du martyrologe celles-ci ne peuvent être d’une origine fort ancienne.

Pour les premières, on admet généralement que cette désinence est l’indice d’une origine gauloise ; Jouac et Lussac qui renferment un radical romain semblent échapper à cette règle.

Cette désinence, qui ne se rencontre qu’en pays de langue d’oc, ¾ ailleurs elle donne ay ou y, ¾  se retrouve à Menussac, Lubignac, les Bracs, le Rebrac ; la forme en ay ou y est inconnue.