Sous l’ancien régime, nous trouvons des écoles dans quatre de nos paroisses : les Chézeaux possédaient un maître d’école dès 1521, Lussac et Saint-Sulpice au XVIIe siècle, Arnac au siècle suivant ; ce bourg eut même vers 1750 un curé qui dirigeait une véritable classe d’humanités.
François de Bourdelles, qui en 1677, fonda l’hôpital de Lussac, chargea, par son testament, le chapelain d’apprendre à lire et à écrire aux enfants pauvres et ce gratis*.
Aux Chézeaux, en 1696-1698, le maître d’école est rétribué par chaque élève à raison de 6 sols par mois**.
François Lespaignol, maître d’école de Lussac, étant décédé le 25 octobre 1729, le curé ajoute à son acte mortuaire : « maître très zélé pour l’éducation des enfants commis à sa conduite »***.
* Mairie de Lussac.
**Notes Dufour.
***Etat-civil de Lussac.
En 1734 nous trouvons un précepteur chez un particulier des Chézeaux.
Le poste de maître d’école à Lussac étant devenu vacant, les habitants se réunissent le 12 mars 1758 et, d’accord avec le seigneur, nomment à cette place Jean Bauguit, après examen de ses titres.
Voici maintenant comment les habitants profitaient de l’instruction qui leur était dispensée.
Aux Chézeaux les actes de mariage dépouillés de 1650 à 1669 donnent 16,88 % de conjoints sachant signer (hommes : 29,34 ; femmes, 4,42). Plus d’un siècle après, cette proportion a beaucoup baissé ; elle n’est plus que de 24,27 dont 19,40 pour les hommes et 8,95 pour les femmes ; il y a amélioration pour celles-ci.
Pour Saint-Sulpice, voici un tableau dressé par période qui indique pour chacune d’elles le résultat de la statistique des conjoints.
A Arnac, un dépouillement analogue pour 1776-1786 donne une moyenne de 8,78 % sachant signer (hommes : 11,60 ; femmes : 5,97).
A Lussac, pour 1780-1789, la moyenne générale est de 22,49 % (hommes : 18,92 ; femmes : 6,06).
En résumé, à la fin du XVIIIe siècle, la moyenne des conjoints illettrés était dans notre pays de 87,26 % (hommes : 72,02 ; femmes : 93,50).
Les lois de la Révolution sur l’enseignement ne paraissent pas avoir été appliquées dans la région et les délibérations de cette époque ne contiennent presque rien sur l’instruction ; les registres du canton de Lussac ne nous ont donné, à la date du 10 fructidor an IV, qu’une invitation aux personnes des deux sexes, vertueuses, probes et éclairées, qui désireraient instruire la jeunesse, d’avoir à se présenter devant le jury d’instruction du Dorat.
Un procès-verbal de la Société populaire de Jouac contient une plainte contre plusieurs parents, qui, quoiqu’ayant fait inscrire leurs enfants à l’école nationale de la commune, se dispensent de les envoyer « méprisant l’instruction et la loi et l’instituteur qui leur montrent, disant que ce ne sont que des bêtises ; d’autres ne trouvent pas les exemples de l’instituteur assez belles et en font faire par les étrangers et promènent publiquement celles de l’instituteur avec un air de mépris » (10 fructidor an II).
On trouve aussi dans les délibérations de Jouac l’installation, le 2 germinal an III, de Jean Péricat, comme instituteur de Jouac et Martin-la-Benaise.
Une délibération de Saint-Sulpice du 16 décembre 1832 déclare que « depuis longtemps, il est peu de commune où l’instruction a été aussi bien sentie que dans celle-ci, puisqu’il y a toujours eu trois instituteurs primaires dont les écoles ont été suivies par de nombreux élèves ». Comme les finances ne permettent pas de les subventionner tous trois, on ne votera aucuns fonds pour l’instruction.
En vertu de la loi du 28 juin 1833, il fut décidé le 10 septembre que Saint-Sulpice aurait une école élémentaire publique : la rétribution fut fixée à 2 fr. 5o par mois pour les élèves apprenant à lire, et à 2 francs pour ceux apprenant à écrire ; dix élèves devaient être admis gratuitement. Le traitement de l’instituteur était de 200 francs.
Actuellement l’instruction est donnée dans quatorze groupes scolaires par quatorze instituteurs et quinze institutrices. Deux écoles congréganistes à Lussac et Arnac ont été supprimées.
L’instruction est fort développée dans le canton ; la statistique des conscrits de 1898 nous place au second rang immédiatement après Limoges-Nord avec 4,82 % de conscrits illettrés ; la moyenne du département est de 20,50 % ; la proportion est très faible dans les cantons de l’arrondissement de Bellac, tandis qu’elle est très forte dans le sud du département, ainsi à Saint-Mathieu elle est de 50,96 %. En 1900 nous tenons la tête avec 3,29 % ; mais la statistique de 1901 nous relègue au huitième rang avec 5,77 %.
La statistique des conjoints à Saint-Sulpice donne, pour la période de 1881-1890, 12,95 % d’illettrés, dont 9,63 hom¬mes et 16,26 femmes ; la période 1891-1900 est en progrès surtout pour les femmes, moyenne : 8,11 % (hommes : 9,09 ; femmes : 7,14).
Cette contradiction avec les chiffres donnés par la statistique des conscrits n’est qu’apparente et s’explique par ce fait que les conjoints, en ce qui concerne les hommes, ne sont pas tous du canton.
Nous donnons ci-dessous quelques renseignements sur la situation des écoles en 1902 ; nous y joignons les chiffres publiés par M. Ducourtieux dans son intéressante notice sur l’instruction publique en Limousin*.
* Le Limousin, Limoges, Ducourtieux, 1890.
Nombre des certificats d’étude :
– en 1887 → 31, soit 2,03 % du nombre d’élèves
– en 1902 → 79, soit 5,41 %.
Il faut sans doute attribuer à l’avancement de l’instruction le développement, dans notre canton, des œuvres de mutualité ; nous avons déjà indiqué le syndicat agricole, l’association des paveurs ; il nous reste encore à citer une caisse de mutualité scolaire, une petite Cavé, fondée en 1900, qui dès ses débuts a réuni 124 adhérents versant 0 fr. 10 par semaine. L’Association des membres de l’enseignement dite du baron Taylor, qui, dans, la Haute-Vienne, eut pour apôtre M. Emile Perrin, du reste ancien instituteur de Saint-Sulpice, compte dans le canton plus de 110 membres ; la France prévoyante est aussi représentée ; ses adhérents sont au nombre d’environ 80.
A côté de ces œuvres signalons aussi une soupe scolaire créée à Cromac, en 1902, par M. et Mme Gentil, instituteurs, et qui fonctionne à la plus grande satisfaction des parents ; pareille institution s’ouvrira à Saint-Sulpice pour 1903.
Ceci peut se rattacher encore à la rubrique instruction : depuis 1897 notre canton possède deux machines à écrire.