La diversité des poids et des mesures apportait autrefois une grande entrave au commerce : chaque seigneur possédait son système qui n’avait aucun rapport avec ceux de ses voisins, aussi dans les transactions était-il toujours nécessaire de spécifier le système adopté.
Notre contrée possédait quatre mesures locales : celles de la Terre-aux-Feuilles, de Lussac, du Fief Lussaçois et de Mondon. On ne trouve plus de traces de cette dernière après le XVe siècle, mais les autres (surtout celle de Lussac) furent employées jusqu’à l’introduction du système métrique.
Elles avaient de sérieuses concurrentes dans les mesures des localités voisines ; c’est ainsi qu’on employait à Arnac les mesures de Bridiers, de Magnac et de la Souterraine ; à Lussac, Saint-Martin et Jouac, celles du Dorat et de Bonneuil ; dans les autres paroisses, on usait des mesures de Brosse et de Saint-Benoît.
Voici ce que les documents nous ont livré concernant nos mesures :
– Dans la Terre-aux-Feuilles l’éminée vaut 5 boisselées (1503), différente du journal qui n’est que de 4 boisselées (1493). Le setier vaut huit boisseaux et deux de ces derniers forment un ras. Cette mesure était appelée vulgairement la grande mesure.
– Lussac emploie pour les grains le bonnier (1486) ; son setier se divise aussi en 8 boisseaux pour le seigle et 16 boisseaux pour l’avoine. Pour les terres, la cartonnade (1523) ; la séterée composée de 100 perches, chaque perche de 24 pieds de roi en carré ; cette mesure était un 1/5 plus grande que celle du Dorat ; elle correspondait à 62 a.72 c.
Le terrier de Lussac de 1636 est fait à la sétérrée de 50 perches de 22 pieds chacune, soit 26 a. 78 c.
– Dans le système du Fief, on emploie l’émine pour le froment ; le setier pour l’avoine se divise en 8 quartes et la quarte en deux boisseaux.
La mesure ordinaire de la Basse-Marche en 1633 est la sétérée de 400 carreaux, chaque carreau de 11 pieds de roi en carré, soit pour la sétérée 51 a. 30c. ; le journal employé pour les prés n’était que de 200 carreaux. Dans l’arpentement d’Arnac, on se sert de la séterée composée de 100 perches de 22 pieds de roi faisant 48.400 pieds carrés, ce qui revient au même.
La sétérée se divisait en 8 quartonnées et la quartonnée en 2 coupes.
Au XVe siècle, nous trouvons encore utilisées dans notre pays la mesure de la commanderie d’Hébu, où le setier de seigle se partage en 8 boisseaux et celui d’avoine en 16 : la mesure de Château-Guillaume : 26 boisseaux de cette mesure en valaient 24 dans le système de Lussac.
– A Mondon, la sétérée et l’arpent sont synonymes ; la corde employée en 1628 avait 8 pieds sur 4.
D’après l’Annuaire de la Haute-Vienne de 1834, les mesures de Lussac correspondent, savoir : le setier à 96 1. 4 ; la sétérée à 52 a. 30 ; la pinte à 1 l. 45, et la corde à 2 st. 88.
Malgré tous ses avantages, le système métrique, comme tout ce qui vient secouer la torpeur des campagnes, fut accueilli avec dédain ; forcés de l’employer dans les actes en même temps que les anciennes mesures, les notaires et les parties écrivaient sans discernement : « 5 boisselées ou 5 hectares » ; « 6 boisselées ou 6 centiares ».
La boisselée qui est encore usitée dans le pays est comptée pour 10 ares ; c’est sans doute celle de Saint-Benoit.
Les cadastres indiquent généralement le rapport des anciennes mesures au système métrique : d’après ceux du canton, la sétérée est de 74 a. 28, la boisselée de 9 a. 28.