L’instruction, le séjour à la caserne, enfin l’émigration ont rendu assez rare l’usage du patois ; ce langage local, qui diffère totalement du patois limousin, et paraît se rapprocher du parler berrichon ou marchois, ne tardera pas à disparaître, aussi nous a-t-il paru intéressant de noter quelques-unes de ses règles et formes recueillies à Saint-Sulpice même ; cette observation est nécessaire, car les patois d’Arnac et de Lussac diffèrent ; ceux de Cromac; Saint-Georges et des Chézeaux sont identiques.
L’ARTICLE
Le, la ne changent pas ;
les fait au masculin los et au féminin las ;
de même des devient dos ou das.
LE NOM
Les noms en al en français se terminent en au : animau, chevau.
Beaucoup de noms employés sont français et peut-être leurs équivalents patois sont-ils perdus. Voici une liste de quelques noms usuels :
abre : arbre aguian : gland aigue : eau
ârche : coffre avène : avoine Biéné : blé noir
beurgère : bruyère buge : broc Caco : noix
cacodail : noyer.
charbe : chanvre chatigne : chataigne chémenaille : cheminée
chère : chaise coutè : coutea chagne : chêne
Etelle : étoile faugère : fougère feinne : femme
féner : faner fin : foin froumint : froment
gringe : grange gelade : gelée hourne : homme
igné : agneau ignon : oignon. Méson : maison
nugeail : noyer oche : oie ozé : oiseau
peire : père pèle : poele pèchail : pêcher
pérai : poirier pou : puits peursoune : personne
poumail : pommier poumme : pomme prunail : prunier
rabes : rave rousade : rosée sau : sel
ser : soir serail : cerisier souleuil : soleil
tounerre : tonnerre vedé : veau veurgeail : verger
voueille : brebis vint : vent
Tous les noms d’arbres fruitiers terminés en français par ier, finissent en ail.
Une grande partie de nos noms en ée se terminent par ade.
ADJECTIFS
Que, quel, quelle s’emploient pour ce, cet; cette. Les adjectifs possessifs ne sont pas modifiés.
PRONOMS
i: je no** ou nou : nous
ti : tu vo* : vous
o* : il i : ils
* Par raison d’euphonie os et vous s’emploient devant les voyelles à la place de o et vo ;
** Parfois l’o de no s’élident devant une voyelle
té, toi ; celui-ci se traduit par queuqui pour les personnes et quoqui pour les choses.
Le mi : le mien
los mis : les miens
la mi : la mienne
las mis : les miennes ; de même le seu ; le tien et le sen, la sien.
Quaucun : quelqu’un
LE VERBE
Verbes auxiliaires
i ai i aveu i a ogu ou ogui i aurai
t’as t’avia ti as ogu ti auras
os a os aveu os a ogu os aurai
nous avins nous avians nous avin ogu nous aurons
vous avez vous aviez vous avez ogu vous aurez
I avint i aviant i avint ogu i auront
i seu i éteu i srai
ti es t’étia ti sras
os est os éteu o sra
nous ons n’étians nous serons
von étais vous étiez vous serez
i sont i étiant i seront
Première conjugaison
i aime i aimereu
ti aimes ti aimereu ou aimeria
os aime os aimereu
nous aimons
vous aimez vous aimeriez
i aimint i aimeran
Deuxième conjugaison
i vins i vanrai (je viendrai)
ti vins ti vanras
o vint o vanra
nous venins nous vanrant
vous venet vous vanrez
i venint i vanrant
Troisième conjugaison
i reçeu ou reçé (je reçois) i receveu (je recevais)
ti reçé ti receveu
o reçé o receveu
nous recevins no recevian
vous recevez vous receviez
i recevrin i recevian
Quatrième conjugaison
i prin nous prenins
ti prins vous prenez
o prin i prenint
REMARQUES :
Nous avons trouvé dans les minutes de Lussac un curieux acte de notoriété, où nous trouvons établie, à l’occasion d’un procès concernant le communal de l’Epinas-Baraud à Mailhac, la différence qui existait entre les mots ébeaupin et épinas : le 12 février 1779, le vicomte de Brosses, les seigneurs de la Tâche, Lacroux, La Goutte-Bernard, divers autres gentilshommes, les juges de Brigueil, l’Espardelière, Verneuil, « attestent que, en leur âme et conscience, les deux mots ébeaupin et épinas usités vulgairement dans le détroit de la vicomté de Brosse, ne sont pas et n’ont jamais été synonymes, mais qu’ils ont chacun leur signification particulière et distincte ; que par le mot ébeaupin, on entendait strictement le petit arbre nommé en français Aubépin, au lieu que le mot épinas désignait toujours une haie ou buisson d’épines ou de ronces, plante rampante qui diffère en tout de l’arbre appelé Aubépin ».
Dans les anciens textes, nous relevons quelques mots depuis longtemps tombés en désuétude :
Gasne (1572) : ruisseau effes et gouttes (1463) : pacages humides
Chazault (1523) : emplacement de maison Eschaufetour (1445) : habitation chauffée
Coux (1445): friche Ors (1462) : jardin
Touche (1486) : bois Rodier (1669) : fabricant de roues
Pellier (1669) : Palonier (1675) Chapoteur (1690) : charron