4 m, 23 h
En se rendant de Saint-Sulpice aux Chézeaux par la route pittoresque qui serpente le long de l’étang de Jançay, on aperçoit, de l’autre côté de l’eau, un bouquet d’arbres touffus situé à mi-côte et au-dessous du village de La Salle. Ces arbres cachent un petit monticule sur lequel se trouvent les ruines d’une petite forteresse dont on devine encore la forme; elle a été rasée au niveau du sol.
Ce monticule, assez escarpé, est élevé d’une quinzaine de mètres au-dessus de la vallée; pour l’isoler du reste du coteau, une coupure de 10m de large sur 8m de profondeur avait été pratiquée, et, sur le sommet., préalablement aplani. on avait édifié des murailles dont l’ensemble présentait la forme d’un carré dont tout un côté, sans doute pour épouser la configuration du terrain, était en ligne brisée ; il mesure 37m. sur 25m. Chaque angle était flanqué d’une tour ; une cinquième tour était appliquée sur le côté brisé, du côté de la coupure ; elle abritait sans doute la porte et le pont-levis. L’épaisseur des murailles est de 2,20m ; les tours ont 4,40m de diamètre intérieur et 8,80m de diamètre extérieur.
A l’intérieur de cette enceinte, adossé à la ligne brisée, on rencontre un bâtiment de 16m sur 4,50m ; puis, au milieu, isolé, un donjon circulaire de 10m de diamètre et 3m seulement de diamètre intérieur (M. de .Beaufort).
Une canonnière de la tour N .O., qui dominait le fossé, a été démolie et la brèche permet de pénétrer dans une salle souterraine à demi comblée par les éboulements : celle salle exiguë est voûtée en ogive, déformée par la poussée des terres.
Ce château, qui paraît dater de la lin du XVe siècle, avait remplacé un château féodal démoli sans doute aux temps des guerres anglaises.
Il avait donné son nom à une ancienne famille dont on ne retrouve plus trace après le XIVe siècle. Sur cette famille, les documents sont très rares : le jour Saint-Sulpice 1329 Agnès, fille de Perrin Boresteau, des Chézeaux, et femme de Pierre Auprévost, de La Châtre, confesse avoir affermé à Perrenelle de Joanceys, damoiseau, tous ses droits dans la maison du Mas de Beranger et dans la maison Terloane, moyennant un s. seigle (9390). Le jeudi après invocavit me 1333, à Chaleec, la même cède à Pereau de Jeansoys un s. seigle de rente sur la dème Beranger et la tenue Trolenc (9394). Une pièce de la même époque, dont la date est effacée, porte cession par Itier de Barret, damoiseau, à Michel de Johanceys, clerc, au nom de Boson de Johanceys. Le vendredi avant l’avent 1361, Jean de Jencays rend aveu à Mondon. Une autre charte de 1309 désigne un Boson de Johanceys comme vassal de cette dernière seigneurie.
Quoiqu’il en soit, cette famille ne possédait plus Jançay au XIIIe s., car la charte que nous avons publiée à la notice sur Seuget porte qu’Hélion de La Porte est » seignor du chasteau de Joancès« .
En 1303, le château, l’étang, la métairie et la forêt du même nom étaient possédés par Jacques de La Porte. Une de ses descendantes, Marguerite de La Porte, ayant épousé Hugues de La Celle, seigneur de Bouéry, porta Jançay dans cette famille.
Leur fils, Raoulin de La Celle, donnait à rente, le 7 mai 1404, des terres à Montregnault dépendant de Johanceys. De Marguerite Le Groing, il eut de nombreux enfants, dont Hélion et Raoulin. Le 26 fév. 1449 (v. s.), Hélion et sa mère donnaient à bail à Léonard Martin, licencié ès lois, des Chézeaux, la terre de Jeanceys en La Terre-aux-Feuilles et châtellenie de Magnac, sous réserve des étangs, moyennant 60 royaux d’or. Le 8 fév. 1466 (v.s.) Léonard Brulhaud, bourgeois de La Souterraine, à cause de Plaisance Longi alias Pichequayr, sa femme, lui rendait hommage pour des rentes sur les manses de La Boutinotière, du Puy et de La Bedouche, dépendant de Johansays. Hélion n’eut pas d’enfants et ses biens passèrent à ses frères. C’est à cette occasion que la seigneurie de Jançai fut divisée en deux parts, l’une qui continua à porter ce nom, l’autre qu’on appela La Salle de Jançay. Sur celle-ci, nous reviendrons plus loin.
Le château de Jançay fut attribué à la branche de Souvolle et La Salle à la branche de Bouéry.
Une déclaration rendue le 25 sept. 1486 au vicomte de Brosses par François de La Celle, seigneur de Sourvolle et de Janssoys, fils de Pierre et de Marguerite de La Trémoille, nous donne le détail de la seigneurie. Elle comprend le château et maison forte avec la justice, le grand étang; l’étang de las Seiches, les pescheries de Recloux, de La Pendies ; celle qui touche à La Salle et celle qui est près de la touche (bois) dud. lieu ; cette touche et le quart de la forêt de las Grant Fas, le tout valant 30 l. de rente. Suit l’énonciation des tenanciers : Jehan Grous doit 12 bians, l’un pour conduire le blé à Souvolle, les autres pour l’amener à Jançay ; les Méraud de Villevalloys, un bian à 4 bœufs et charrette pour aller chercher du vin où il plaira au seigneur. Il possède encore des rentes sur les Bussières, Les Plaines, Bantard, Les Servantières, La Pandue, etc. Le moulin qui est à la grant chaussée du grant étang, valant 20 s. seigle et 20 s., lui appartient (9400). Il était encore seigneur de Joançoys en 1493.
Ses successeurs furent : Jean de La Celle, à qui la jouissance de la chapelle de Jançay est attribuée par jugement du 15 mars 1508 ; Jacques de La Celle. Sulpice de La Selle, son fils, curé d’Orceaume, 1527 ; autre Sulpice de La Celle, époux Perrette Vigeron, 1556-1558 ; Christophe de La Celle, seigneur de Souvolle, 1571. Le 1er oct. 1573, ce dernier vendit la seigneurie du château de Jançay, avec le grand étang et le bois de haute futaie de La Grand Fa, à Jacques Pot, seigneur de Lavaupot. Elle suivit dans la suite le sort de cette dernière.
En 1552 Jançay et La Salle valaient 100 l. de rente.