La dentelle aux 200.000 nœuds de Sabine Halm représentera la Haute-Vienne en finale du concours des Ateliers d’art de France


Sabine Halm et sa « barbe » qui compte 200.000 noeuds © Marion Buzy

Fin octobre, Sabine Halm, dentelière d’art installée à Saint-Sulpice-les-Feuilles, en Haute-Vienne, soumettra sa plus belle pièce au regard sans concession du jury du concours national des Ateliers d’art de France. Sa délicate dentelle à la navette sera également exposée au carrousel du Louvre, à Paris.

Elle a noué son fil de soie chaque jour, pendant quatre mois, du petit matin jusqu’à la nuit tombée. À la délicatesse de ses doigts, la loupe frontale vissée sur la tête, Sabine Halm a achevé, dans son petit atelier de Saint-Sulpice-les-Feuilles, un élégant « suivez-moi jeune homme » en dentelle à la navette qu’elle garde précieusement dans un écrin noir de velours.

Une dentelle « à la navette

La création longue d’un mètre trente et un est devenue la signature de son savoir-faire et de son atelier, Madrigal b. « C’est la plus complexe, la plus technique de mes créations. Elle a demandé un peu plus de 800 heures de travail et compte 200.000 nœuds », glisse, de sa voix joyeuse, l’artisane. Cette technique de dentelle dite « à la navette », très prisée de la royauté aux XVIIIe et au XIXe siècle, est très peu connue aujourd’hui.

« Il y a énormément de sortes de dentelle : au fuseau, à l’aiguille… mais on ne connaît presque plus que la dentelle au fuseau. Je trouve cela triste, c’est une perte de notre patrimoine. »

Une petite maison

La fameuse « dentelle à nœuds », qui a la valeur « d’une petite maison chez nous », sera exposée au prestigieux Carrousel du Louvre à la fin du mois d’octobre. 

Un tel privilège est autorisé aux lauréats du concours des Ateliers d’art de France, que la Haut-Viennoise a remporté dans la catégorie patrimoine à l’échelle de la Nouvelle-Aquitaine.

Une « reconnaissance » qu’elle va tenter de confirmer à une échelle plus intransigeante encore, puisque l’exposition parisienne à venir donnera le top départ de la finale nationale du même concours.

Cette fois, ce ne sont pas les fils que croisera la dentelière, mais bien les doigts.

Marion Buzy

marion.buzy@centrefrance.com

Article du Populaire du Centre publié le 27/09/2020