Mondon

MONDON
FORGE DE MONDON
ADDENDA

Mondon

12 m, 59 h.
Après avoir arrosé de ses nombreux méandres les prés de Saint-Sulpice et d’une partie de Mailhac, la Benaize s’étale subitement, à l’un de ses détours, en une belle nappe qui est l’étang de Mondon, ceinturée de vert par les châtaigniers et les chênes qui l’entourent et dont les rives sableuses servent, à la belle saison, de plage à Saint-Sulpice et à Arnac.
Dans cette masse liquide, une énergie latente se cache. Elle se manifeste à l’issue de l’étang par une superbe chute d’environ 7m de haut. L’eau se précipite, bondit dans un étroit couloir, puis, quelques mètres plus loin, se mêle, sous les arbres touffus du parc, aux ondes plus rares du Glevert.
Subitement, comme par enchantement, le paysage se transforme. Une vallée sombre, étroite, encaissée, aux flancs hérissés de blocs de granit arrondis, enveloppés par les fougères, surgissant d’une végétation intense, aux arbres pointant vers la lumière, succède. L’onde, comme si elle voulait se dédommager de la contrainte subie dans l’étang, bondit, se précipite, se rue impuissante, dans une galopade furieuse, contre les blocs de rochers descendus dans son lit aux temps des glaciers. Dans un tapage assourdissant, accru encore par le rapprochement des rives, elle les recouvre d’écume, tandis qu’au-dessus, impassibles, rendant l’eau plus noire, les ramures puissantes des chênes s’étendent et assombrissent ce paysage sauvage et farouche. Il en est ainsi jusqu’à Lascroux, jusqu’à Jouac. Les blocs de schiste se mêlent aux blocs de granit et bientôt les remplacent ; c’est une succession de coins pittoresques, coupés de loin en loin par un pré verdoyant, aux abords difficiles, conquis sur l’épanouissement accidentel du torrent et plaqué de touffes de fougère royale.
En un point, entre Mondon et Lascroux, la rivière roule dans un bouleversement de rochers entassés sous l’effort patient des ans, les ondes ont creusé dans le roc un large trou où elles se précipitent et ressortent eu bouillonnant. C’est ce que, dans le pays, on appelle le Pot Bouillant.

Toute cette vallée, aux aspects divers, mérite d’attirer l’attention des artistes et des touristes, surtout à l’automne quand les arbres, en partie dénudés, laissent apercevoir, à travers leurs frondaisons polychromes, le chaos capricieux des rochers grisâtres.

Anciennement, au confluent des deux rivières, s’élevait “un bel et grand chastel et forteresse ”, dont M. de Beaufort a reconnu quelques restes. De son temps, on voyait encore les ruines d’une tour carrée de 11 m. sur chaque face, aux murs épais 2,5 m avec une augmentation de 25 cm dans les fondations. Dans le mur Sud s’ouvrait une petite porte de 45 cm aboutissant à 75 cmà une cavité transversale de 75 cm sur 33 cm remplie de terre noirâtre ; c’était sans doute l’issue des privés. Le mamelon sur lequel se trouvait ce donjon était séparé du terrain environnant par une coupure de 8 m. de large sur 5 m. de profondeur ; il présentait une forme circulaire et était entouré d’une muraille. A l’intérieur, on remarquait des vestiges de bâtiments. Le mortier de ces constructions était tellement dur que M. de Beaufort en reportait l’origine aux Romains.
L’entrée de cette forteresse se trouvait nécessairement au Sud par un pont jeté sur la coupure ; vers 1860, en procédant au nivellement de ce mamelon, on trouva une large pièce d’argent au nom de Willelmus dux com, des pièces du prince de Galles et de Philippe VI. Ce mamelon est désigné en 1697 “ la montagne du vieux château de Mondon ”
Actuellement, il est envahi par la végétation et toute trace de construction a disparu. On y remarque seulement le couvercle en pierre d’un cercueil d’enfant orné d’une croix pattée.
Cette forteresse était importante et au XVIe siècle, elle était encore pourvue d’un gouverneur. Des divers documents qui ont été rencontrés, il semble résulter qu’elle fut détruite au cours des guerres de religion ; peut-être même aupara­vant avait-elle eu à souffrir de l’éloignement de ses possesseurs.

Le fief de Mondon était le plus considérable de la Terre-aux-Feuilles et quelques documents du XVe siècle lui donnent même le titre de châtellenie ; nous avons vu qu’il possédait alors une mesure spéciale.
Il jouissait indivisément avec les autres seigneurs de la Terre-aux-Feuilles de la haute justice et divisément de la moyenne et basse justice. Eu 1552, il valait 300 l. de rente.
Le Fief de Mondon s’étendait sur la majeure partie de la paroisse de Mailhac, la portion poitevine d’Arnac ; il comprenait en outre,
– dans la paroisse de Cromac : Reculais, Les Nordières, Pré-Barat, La Vergnade ;
– dans celle de Jouac : Les Bastides ;
– dans celle de Saint-Sulpice : La Maison-Rouge et Bantard ;
– partie de la paroisse de Saint-Georges dans Azerables : Le Bouchais, Fontvieille, Le Genest ;
– dans la paroisse de Dompierre : Les Fougières
– dans celle de Saint-Léger : Les Grandes Lignes

Le village de Foulventour, paroisse de Saint-Hilaire, devait une obole par feu. Le fief du Bois Jeansaulme, paroisse de Beaulieu, tenu “ au devoir d’un couple de tourterelles blanches ” et celui du Moulin de Chavignac, paroisse de Chaillac, relevaient aussi de Mondon qui possédait encore “ une belle forest de haute futaie ” déjà mentionnée et l’importante forge dont nous parlons plus loin.

Au début du XIVe siècle, Mondon est entre les mains d’une grande famille de chevalerie : les de Nailhac. Le mardi après Pâques 1309, Philippe, dame de Mondo, veuve d’Elie de Nailhac, confirme un arrentement fait par son mari à Boson de Johenceys, de la terre de La Meychabesse, qui était alors tenue à rente de Boson par Leduc et Jean de Saint-Georges, moyennant 3 s. seigle, mesure des Feuilles. (9390).
Le vendredi avant l’Avent 1361, Jean de Jenceys, damoi­seau, reconnaît tenir à foi et hommage lige, de Pierre de Nailhat, chevalier, sa grande maison des Chézeaux. (9399).
Guillaume de Nailhac, surnommé le Preux, fut gouver­neur de La Rochelle; en 1386, il commanda l’armée envoyée en Espagne au secours du roi de Castille ; il mourut eu 1406, ayant épousé en secondes noces Jeanne Turpin, que les généalogistes disent dame de Mondon ; il eut cinq enfants dont Jeanne, mariée le 29 août 1419 à Jean de Brosse et Jean, conseiller et chambellan du roi, sénéchal du Limou­sin en 1423. Le 27 juillet 1428, Jean de Brosse promet “ léaument et sur son honneur ” de donner trêve à Georges de la Trémoille, seigneur de Lussac, à Raoul de Gaucourt, grand maître de France, et à Jean de Naillac* ;

Les la Trémoille pendant cinq siècles, t. I, p. 175.

ce dernier étant allé au siège d’Orléans, fut tué, le 12 fév. 1429, à la fameuse journée des harengs ; il ne laissa pas d’enfant d’Isabelle de Gaucourt ; Mondon fut alors attribué à sa sœur Jeanne dont le mari, Jean de Brosse, appartenait à la grande famille féodale des vicomtes de ce nom, sortie au Xe siècle des vicomtes de Limoges. Ce personnage fut maréchal de France et joua un grand rôle dans les guerres de son temps.
Son fils, Jean de Brosse, seigneur de Sainte-Sévère, fut fait che­valier par Dunois et suivit le parti du dauphin lors de la ligue du Bien Public ; en 1467, Louis XI lui donna le commandement du ban du Poitou. Il avait épousé, en 1437, Nicole de Blois dite de Bretagne à la condition que sa posté­rité porterait le nom et les armes de Bretagne. Nous avons de lui plusieurs arrentements de domaines dépendant de Mondon ; en 1446, il faisait une donation à son bien-aimé serviteur Perroton Deoulx, écuyer (V. les Nordières).
Après sa mort, Mondon échut à sa fille, Claude, mariée an 1485 à Philippe, duc de Savoie ; celle-ci rendait hom­mage, en 1498, pour Mondon, à André de Chauvigny, vicomte de Brosse.
C’est vers ce temps qu’une tradition, conservée au XVIIe siècle dans la famille de Montbel, place l’internement dans le donjon de Mondon d’un prince de la maison de Savoie. Il y serait mort et aurait été inhumé à Mailhac. Ce fait est contestable ; M. Giovanni Sforza, directeur des Archives de la Maison de Savoie, à Turin, écrit, en effet, que tous les historiens de cette Maison qu’il a pu consulter, ne font aucune mention de cet internement. André de Montbel indique cependant, dans une note datée de 1671, “ que le tom­beau dud. prince se voit encore aujourd’hui dans l’église de Mailhac ”.
La question de l’existence de ce tombeau fut posée il y a quarante ans à M. Fournet, ancien curé de Mailhac, qui avait fait, de 1845 à 1860, des travaux importants dans l’église. Il répondit qu’il avait trouvé, entre l’autel de la Vierge et la chaire, deux dalles en calcaire sans inscription et qu’il y avait autrefois à la porte une tombe de forme triangulaire, en calcaire avec des rognons de silex ; elle portait d’un côté une épée ami pommeau arrondi avec croisillon ; de l’autre, un écu triangulaire, muais pas d’inscrip­tion*.

*  Lettre du 18 oct. 1866 à la cure de Mailhac. Il ajoute que les débris de cette tombe ont été employés à faire deux bénitiers.

En 1854, dans le chœur, on trouva le tombeau d’un prêtre contenant des débris de soie jaune et une houppe de bonnet.
Charles III, duc de Savoie, fils de Philippe, fit donation, le 22 juil. 1516, à sa sœur, Philiberte de Savoie-Nemours, des terres et seigneuries de Mondon, Bridiers, Maleval, Flets et Thors*.

*  Donazione fatta dal duca di Savoia, Carlo III, a sua sorella, Fili­berta di Savoia-Nemours, delle terre, signorie a giuridizioni di Bridiers, Malenal, Flets, Mondon Thors nel Poitou in Francia, 22 luglio 1516.
Documenti vari relativi ad affari ed interessi trattatisi tra la principessa Filiberta di Savoia-Nemours ed il duca Carlo III di Savoia, suo fratello, per il feudo di Mondon, anni 1516-1524. (Arch. de Turin, mazzo 4, n. 10-31.)

Celle-ci, qui avait épousé Julien de Médicis, dit le Magni­fique, frère du pape Léon X, n’ayant pas laissé de postérité (décédée le 4 avril 1524), Mondon revint au duc de Savoie.
En 1529, son procureur poursuivait Maurice et Jean de Montbel, “ eulx disant capitaines et gardes des chasteaux, boys et fourests de Flest et Mondon ”, sous prétexte qu’ils avaient “ grandement gasté, desmoly et despopulé lesd. chasteaux et forests et aussi fait certaines plusieurs forces, excèz, rapines et exactions sur les subgectz desd. seigneuries, abusant de leurs offices ”. Le 31 oct. 1529, le procureur avait conclu contre eux à l’assise de Mondon, à une amende de mille livres. (P.M).
Les défendeurs prétendaient au contraire avoir gardé les sujets du duc de plusieurs oppressions et, à l’assise tenue le 29 déc., ils présentèrent un appointement intervenu le 12 nov, avec Rubat et Acquevée, commissaires du duc, qui approuvaient leur conduite ; en conséquence, ils furent relaxés (P.M.).
Vers ce temps, le duc soutint un procès avec Louise de Bourbon, vicomtesse de Brosse, qui prétendait que Montdon n’avait pas droit de justice et voulait empêcher les officiers nommés par le duc de siéger. Celui-ci et Antoine de Brosse, son oncle, coseigneur de Mondon*, produisirent à ce sujet un curieux mémoire, dont nous avons déjà parlé à propos de La Terre-aux-Feuilles.

*  Testamento di Antonio di Brosse; visconte di Bridiers, baronne di Malleval, Thors e Mondon, 4 oct. 1522 (Arch. de Turin).

Il y avait eu précédem­ment de nombreuses difficultés avec les vicomtes qui, cha­que fois, avaient vu leurs prétentions rejetées. En 1439, dit-on, il y eut un arrêt pour la dame de Mondon qui lui donna le droit de saisir les bêtes épaves trouvées en sa terre “ et d’icelles en prendre le prouffict et cognoissance jusques à 60 s. et au dessous ” ; mais si les bestiaux étaient trouvés par les officiers de Brosse dans la terre de Mondon, la con­naissance leur appartenait. (9400).
En ces temps de politique instable, il était imprudent pour un prince étranger d’être possessionné en France ; le duc, demeuré seul seigneur après la mort de son oncle, en fit bientôt l’expérience*.

*  Le duc prévoyait une confiscation et songeait à aliéner ses terres situées en France, car les Archives de Turin mentionnent “ Istruzioni di Carlo III, duca di Savoia, al signor Pugnet in ordine alla vendita dei suoi feudi di Flets e Mondon, in Franchia (23 nov. 1534). Instruzioni del medesimo al signor la Rive, circa le trattative per la vendida dei feudi di Flets, Mondon e Maleval, che egli possiede in Francia (23 nov. 1534) (Feudi del duca di Savoia in Francia).

Tout d’abord considéré comme ami de la France, il se brouilla en 1535 avec François Ier pour lui avoir refusé de laisser passer sur ses états les troupes envoyées eu Milanais. Le résultat de cette brouille ne se fit pas attendre : en un mois, la Savoie fut conquise et les propriétés situées en France furent saisies. François Pot, seigneur de Chassingrimont, fut établi par le roi commissaire pour administrer Mondon, Fleix et Malleval (1536).
Ces seigneuries importantes furent convoitées par Anne de Mont­morency, qui était alors tout puissant, et le roi les lui attri­bua vers 1539. Le 29 nov. 1552, le fameux connétable obte­nait du roi des lettres patentes pour poursuivre ses débiteurs de Mondon.
Curieux rapprochement : quelques années après, en août 1557, Montmorency, blessé à la bataille de Saint-Quentin, fut fait prisonnier par Philippe de Savoie, fils et héritier du duc Charles. Le ressentiment que celui-ci dut éprouver en face de celui qui détenait les biens de sa famille fut peut­-être pour quelque chose dans la fixation de l’énorme rançon, 200000 écus, que le connétable dut payer pour recouvrer sa liberté. Cette mésaventure calma ses ardeurs belliqueu­ses et, en 1559, il devint un des champions de la paix qui fut signée ensuite. Le duc rentra en possession de son duché et de ses seigneuries de France.
Le 31 mai 1562, R.P. en Dieu messire Jérôme de la Rovère*, évêque de Toulon, conseiller et ambassadeur en France de très haut et très excellent prince Mgr le duc de Savoie, prince de Piémont, seigneur de Fleix et Mondon, donne bail, à Jean de Chavignat , la terre de Mondon , moyennant  320 l.

*  Jérôme de la Rovère, évêque de Tonton en 1559, archevêque de Turin en 1564, fut fait cardinal en 1556 ; il a laissé des poésies fort goûtées de ses contemporains.

Instruit par l’expérience, et quoique marié à la fille du roi de France, Emmanuel-Philibert de Savoie jugea prudent de se débarrasser de ses terres et, en 1563, il vendit Mondon à Jean Pot, seigneur de Chemau, Rhodes, ambassadeur de Charles IX à Rome, à Vienne et en Angleterre.
La veuve de celui-ci, Georgette de Balzac, cède, le 10 sept. 1579, à Guillaume de Montbel, le reste de la coupe du bois de la Ligne, paroisse de Mailhac, moyennant 6000 l. Il lui est accordé huit ans pour sortir les bois et cinq ans pour payer. Il aura en outre la faculté de laisser sur pied 6 arpents, du coté de Saint-Léger, qu’il tiendra en fief, à foi et hommage avec le fond.
Jean Pot était mort. en 1571, laissant Mondon à son fils François, alors âgé de quinze ans celui-ci, qui fut page d’Henri III, fut tué au siège de Montagut, en Poitou, en 1579, et Mondon passa à Guillaume, son frère.
Guillaume Pot, seigneur de Rhodes et Mondon, grand maître des cérémonies de France, laissa de Jacqueline de la Chas­tre : Henri, tué en 1590 à la bataille d’Ivry ; Guillaume, seigneur de Rhodes et de Mondon, à qui le pays est redevable de l’établissement de la forge de Mondon, grand maître des cérémonies, décédé sans enfants vers 1615 ; François, qui hérita des biens et des titres de son frère.
François Pot fut tué au siège de Montpellier en 1622 et Mondon fut attribué à son second fils, Henri ; c’est celui-ci qui, en 1653-1658, fit défricher une partie de la forêt de Mondon et donna les terres à bail.
Son fils, Charles Pot, le dernier grand maître des céré­monies de cette maison, mort le 1er juillet 1705, ne laissa qu’une fille, Marie-Louise Charlotte Pot, mariée en 1713 à Louis de Gand de Mérode de Montmorency, prince d’Isen­ghien, maréchal de France, et décédée le 8 janv. 1715 sans postérité. Avec elle s’éteignit la branche des Pot de Rhodes, qui avait donné tant de personnages fameux.
Mondon fut alors attribué à Charles-Hubert de Mesgrigny, son parent, mort vers 1733, laissant pour héritier son neveu, Louis-Léon Le Bouthilier, comte de Beaujeu, qui, le 27 oct. 1756, vendit à Marguerite-Henriette de la Roche, veuve de J.-B.-Jacques Boucher, trésorier général des colonies fran­çaises de l’Amérique, au nom de ses enfants mineurs, les terres et seigneuries de Rhodes, Mondon, Lavaupot, La Salle de Jançai et Loissière, moyennant 195000 l.
En 1767, ces terres furent attribuées à Marie-Victoire Boucher, épouse de Louis-François-Marie-Honorine vicomte de Rochechouard-Pontville, cornette des mousquetaires de la garde du roi.
A la Révolution, cette dame ayant été condamnée à mort par le tribunal révolutionnaire le 3 Floréal an II et exécutée, ses biens passèrent à ses deux enfants, Armand-Constant et Michelle-Marie-Constance, mariée au comte de Montagu-­Laumagne ; le premier ayant émigré, sa part fut saisie par la nation et vendue en l’an X à sa sœur.
En 1820, cette dame abandonna Rhodes, Mondon, etc., à son fils, Armand-Jean-Flottard, comte de Montagu-Loma­gne, colonel de cuirassiers, qui aliéna tous les biens possédés par sa famille ; Mondon fut vendue en 1851 à M. Garnier, entrepreneur à Paris, puis appartint à son fils, M. Henri Garnier, député de l’Yonne, préfet de la Haute-Vienne. Il est passé ensuite au gendre de ce dernier, M. Delafosse député du Calvados.

Forge de Mondon

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Addenda

Mondon . — Le 20 avril 1436, le Parlement. siégeant à Poitiers, sur un différent qui s’était élevé entre les héritiers de Guillaume de Naillac et de Jeanne Turpin , sa femme, dont les châteaux et forteresses avaient été placées sous la main du roi, et Jean de Blon, écuyer, chargé avec six hommes de la garde de la forteresse de Mondon, réduisait à trois le nombre de ces soldats et fixait à 30 l. les gages annuels de de Blon, payables par le receveur de Mondon*.

*  Arch. nat. X1 A, 9196 (f° 144).

Vers la fin de 1757, Charles Richard de Butré, garde du corps, pour utiliser les bois de sa terre de la Tour, qui étaient âgés de deux ou trois cents ans, fit établir une verrerie à Ricoux, par de Tersannes, par Charles Deguercy , son homme d’affaires. Ignorant les règlements alors en vigueur, il avait négligé de demander l’autorisation nécessaire ; le fait ayant été signalé, le maître des eaux et. forêts de Bellac, dut, en mai 1758, procéder à une enquête. Seuls Mad. Bouchet, dame de Mondon, et Charles Vézien du Cluzeau, son maître de forge, se portèrent opposants.

A cause de la rareté du bois dans le pays, disait ce dernier, cet établissement fait un tort considérable à la forge de Mondon et à S.M. pour laquelle elle est une source d’impor­tants revenus, de plus, suivant marché passé le 1er avril 1758 avec M. de Ruisembito, intendant de l’arsenal de Rochefort, il a entrepris la fourniture de 500 milliers de boulets de canon pour cet arsenal, fourniture que le manque de bois pourrait retarder ; enfin le public sera lui-même atteint par la hausse des fers.

M. de Butré répond que cet établissement ne peut préju­dicier en rien à Mondon, les bois utilisables dans sa verrerie n’étant pas les mêmes que ceux employés à la forge ; que c’est une querelle qu’on lui cherche et que M. du Cluzeau veut continuer son accaparement des bois du pays qui sont très abondants, à tel point qu’à Mondon on paye la corde 20 à 25 s. tandis que partout ailleurs les maîtres de forge l’achètent 50 s. à 3 l.

Du Cluzeau réplique qu’au contraire les bois du pays ne sont pas suffisants pour l’alimentation de la forge. Elle con­somme annuellement 7000 cordes et la terre de Mondon n’en produit que 1500 ; cette année il a dû se rendre trois fois à Limoges pour acheter de Mad. de Jumilhac, ses forêts de Montégut et de Blon, sises pourtant à plus de 8 lieues.

Le maître des eaux et forêts visita ensuite la verrerie et les bois de M. de Butré et donna un avis favorable à son maintien, réfutant les objections des opposants*.

*  Arch. dép., B. 2445 ; nous devons l’indication de cet intéressant dossier à l’obligeance de M. P. Ducourtieux.

La forge, détruite par l’inondation de 1792, ne fut réor­ganisée qu’en 1812 par Madame de Rochechouart, épouse divor­cée de M. de Montagut. Le 19 sept. de cette année, elle s’assurait pour trois ans les services de deux marteleurs de la forge de Bonneau, près de Buzançais.
– L’un, Claude Luneau, s’engage à organiser une affinerie “ à la manière de la comté ”. Il aura avec lui 3 ouvriers et un rechange ; il touchera 15 F. par mois en plus du “ loyer du fer ”. Ce loyer du fer sera, pour lui et ses compagnons, de 12 F. par 500 kg à charge de donner 5o kg en sus pour indemniser le propriétaire du logement et du chauffage qu’il leur fournit. Pour gratifications, en sus du loyer du fer, il recevra 0,10F par barre propre à l’agriculture, 0,10F par chapillon, 0,60F par bandage et bosse, 1F par essieu de 50 kg, 2F par essieu de 75 kg et 3F par essieu de 100 kg. Il lui est payé également des indemnités pour certaines réparations prévues.
– L’autre, Jean Petit., montera une affinerie “ à la mode de la drillerie ”, où il emploiera 2 ouvriers et un rechange. Mêmes conditions qu’avec le précédent, mais pour le loyer du fer, tant pour mazer que pour achever la fabrication, lui et son équipe, recevront 15F par 500 kg à charge de donner comme ci-dessus un supplément de 50 kg. Le marteleur touchera 1F de plus par 500 kg à cause de l’entretien de l’affinerie. (Puyferrat, nore).

Officiers. — André Opot, juge de Bridiers et La Souterraine, sénéchal de Mondon (Arch. nat., X1 A, 8323 f°775) ; Jean Guillemet, sénéchal, 1782-1790 ; P.-Martial Chapelet d’Oreix, procureur, 1752 ; Gravier, greffier, 1752 ; E. Bernud, greffier, 1782-1790 ; Ls Chapelet de Font­vieille, maître de forge, 1782.