Monsieur Picaud.

     J’ai été nommé Principal du Collège de St. Sulpice les Feuilles à la rentrée 1977 (venant du collège de Parsac, où j’exerçais les mêmes fonctions depuis 1967).

     Mon nouvel Établissement comptait 200 élèves de plus que le précédent (Parsac : 130 à 150 ; St. Sulpice : 320 à 340) ! Mais aussi un nombre d’enseignants qui m’impressionnait : d’autant que la plupart d’entre eux étaient en poste depuis une dizaine d’années ou davantage : des « vétérans », qui avaient des habitudes, qui connaissaient le collège, mais aussi le milieu ambiant (communes, Municipalités, familles…). Je me trouvais vraiment « bleu ».

     La première année me parut vraiment difficile : je songeais parfois (au moins à 3 ou 4 reprises) à «rendre mon tablier ». Mais : les difficultés, les déceptions peuvent aussi être stimulantes !

   Les collègues, d’ailleurs, après quelques tentatives de fronde, à la suite de décisions ou d’orientation nouvelle qu’ils contestaient, admirent que je ne cherchais pas à les contraindre par plaisir, mais que, sans doute, on pouvait changer certaines pratiques (il ne s’agissait pas du tout de bouleversements)…

   J’eus vite compris de mon côté, que j’avais autour de moi des enseignants de qualité et consciencieux qui formaient une solide équipe pédagogique.

     Nos rapports réciproques – parfois tendus au départ- se détendirent et devinrent amicaux….

    Les conditions matérielles me donnèrent beaucoup de soucis (et cela compliqua lourdement ma tâche) : il fallait sans arrêt, intervenir auprès de la Municipalité (mais le Maire, conseiller d’État, n’était pas souvent sur place) et de l’Inspection académique (qui, la plupart du temps, ne saisissait pas nos problèmes) !
Les gens de l’extérieur (parents d’élèves compris), souvent, ignorent ou sous-estiment les questions matérielles qui « empoisonnent » les conditions de travail et contrarient singulièrement la vie scolaire.

     Les locaux scolaires étaient plutôt déplorables : nombreuses salles préfabriquées, dont plusieurs en mauvais état, sanitaires non satisfaisantes ; pas de plateau d’E.P.S… ;
Les conditions de sécurité, précaires dans certaines classes, étaient également déplorables lors des déplacements entre le centre et l’annexe !
Nous rêvions d’un « collège en dur » : la construction d’un Établissement plus confortable, plus fonctionnel (mon prédécesseur, Monsieur Moudelaud, avait lui aussi formulé des vœux et sans doute des demandes écrites). A plusieurs reprises, je suis revenu à la charge : auprès de la Municipalité, auprès de l’Inspecteur d’Académie. L’idée faisait son chemin, mais si lentement ! (La construction allait se faire, après mon départ : alors que les effectifs des élèves amorçaient une baisse).

     Je n’avais réussi à obtenir qu’un plateau d’E.P.S et la construction de sanitaires…

    Les transports scolaires avaient été, aussi , l’objet de toute mon attention : les circuits, trop longs, duraient trop longtemps, la journée de certains enfants me paraissait démentielle. Hélas, mes propositions ( de fixer un nombre limité de points de rassemblement : afin d’accélérer la prise en charge des enfants) se sont heurtées au poids des habitudes, et, aussi, aux soucis électoralistes de quelques maires…

      Pas trop de problèmes importants avec les élèves ; ni avec les familles…

     Pour moi, cette expérience a été enrichissante ; même si tout n’avait pas été satisfaisant, je n’ai pas regretté par la suite, mon passage à St. Sulpice (que j’ai quitté pour Guéret en novembre 81).

                                                                                                                         Jean PICAUD