Piégut

8 m, 42 h. en 1846;
3 m., 25 h. en 1901.
Très ancien fief relevant de Brosse, qui, depuis plus de six siècles, appartient toujours à la même famille* évalué 100 l. de rente en 1552.

* M. Duplès-Agier, annotant la chronique de Bernard Itier qui mentionne en 1199 la prise du château de Poi-Agut par le vicomte do Limoges, identifie cette localité avec notre Piégut. (Cf. Chronique de Saint-Martial de Limoges, édit. de la Soc. de I’Hist. de France, p. 66 et 405.)
Il s’agit plutôt de Piégut dans la Dordogne, car le texte énumère ensuite comme châteaux prie dans la même campagne Nuntrun (Nontron), Chaluz-Chabrol (Châlus), St Magrit (Saint.Maigrin, Charente).

Le mercredi jour de l’Annonciation 1298 Guillaume de la Failhe-Rouant, chevalier seigneur de Puyagu, époux de Limousine du Breuil, passe un accord avec son gendre Raoul Pot qui avait épousé Radegonde de la Failhe.
Raoul Pot était fils de Guillaume Pot, seigneur de Champroy ; c’est le premier connu de cette maison; il avait épousé vers 1250 Catherine du Verdier.
Raoul eut pour fils Guillaume qui épousa en premières noces Blanche de la Trémoille et en secondes Marguerite de Magnac. Celui-ci eut du premier mariage Regnier, auteur de la branche de Bourgogne, et Hénor, femme d’Hélion de Chamborand. Du second, Raoul, qui suit, et Louis Raoul Pot, seigneur de Puyagu, fut gouverneur et bailli d’Orléans en 1384. Sa femme, Jeanne de Céris, était fille de Gui de Céris, sénéchal de Rouergue, seigneur des Croix-de-Rhodes.

De ce mariage vinrent :
1° Raoul,
Raoul Pot, seigneur de Puyagu, transigeait avec ses frères le 11 mars 1401; le 20 déc. 1416 il recevait un aveu pour le fief de la Bure. Sa femme, Jeanne de la Roche, lui donna
– Antoine,
– Christophe, d’où viennent les seigneurs de Lavau¬pot ;
– Jeanne, femme Jacques de Berneuil, seigneur de Chineau ;
– Huguette
– Marguerite.
2° Louis qui a fait la branche de Rhodes;
3° Gui et Huguette, femme Guillaume de l’Aigues, chambellan du roi et du duc de Bourgogne.

Antoine partageait le 20 mars 1449 avec ses frères. Il fut époux de Françoise de Brisey, d’où le suivant:

Raoul Pot, seigneur de Puyagu, époux de Catherine Egron. Par son testament du 22 juin 1504, celle-ci demande à être enterrée à Vic et veut qu’à ses obsèques des pauvres portent des torches avec écussons à ses armes.
Gui Pot, son fils, épousa par contrat du 25 janv. 1505, Claude de Cezard. En 1544 il était en procès avec le seigneur de Puylaurent au sujet de ses droits sur le Monteil. Il eut Jean qui suit.
Jean Pot, seigneur de Piégut ; son contrat avec Isabeau de Rance est du 19 mars 1558. Il laissa Jean et Pierre*.

* Joullietton, dans son Histoire de la Marche, p. 333, dit qu’en 1587, à une affaire en Auvergne où étaient des gentilshommes de la Marche et du Berri, le sieur de Piégut fut tué. Il pourrait s’agir de Pierre Pot, fils d’Isabeau de Rance, qui en 1570 est dit mineur de 7 ans. Les auteurs des généalogies disent qu’il n’en est plus fait mention dans la suite.

Jean, seigneur de Piégut, reçut le 28 mai 1585, du roi Henri III, une commission pour lever et conduire à la guerre 200 hommes de pied. Il s’engagea dans le parti de la ligue et Henri IV dut dans la suite interposer son autorité pour faire cesser les poursuites criminelles que les seigneurs Coussault et Chêne, du Dorat, avaient intentées contre lui, à cause de plusieurs excès commis dans cette ville par les troupes qu’il commandait.
Sa femme, Jeanne de la Chastre, était fille de Jean, seigneur de Paray, commissaire d’artillerie, échanson et pannetier du roi.
Mathurin Pot, seigneur de Piégut, qui lui succéda, épousa par contrat du 13 fév. 1610 Anne de Bridiers.
Raoul Pot, son fils, reçut le 13 nov. 1635, au camp de Bioncourt en Lorraine, un certificat de Jacques de Beauveau, lieutenant général du Poitou, constatant qu’il avait bien et fidèlement servi le roi en son armée de Lorraine commandée par le duc d’Angoulême et le maréchal de la Force. Jeanne des Marquets, sa femme, lui donna
Roland, suit
Daniel, seigneur de Puyferrat, époux d’Aune Martin*, et Cather¬ine.

* Dans les registres de Saint-Martin on trouve à la date du 26 fé¬vrier 1726 le mariage de Pierre Pot, seigneur de la Gasnerie, veuf d’Anne Martin, avec Louise de Bridiers.

Roland Pot (1), seigneur de Piégut, époux le 10 sept. 1683 de Marie de Roffignac (2), ne laissa que Louis et Marie, décédée à la Garde le 24 février 1773 à 77 ans.

(1) Un rapport de l’intendant de Bourges de la fin du XVIe siècle porte “ le seigneur de Piégut possède 3000 l. de rente et passe pour violent (Bibi. Nat. F. Colbert, 279, p. 127)
(2) Inhumée à Saint-Sulpice devant l’autel de la Vierge le 28 septembre 1736 ; 80 ans.

Louis Pot, seigneur de Piégut, marié à Françoise de Chamborand*, fut maintenu noble le 30 mars 1715 par l’intendant de Bourges. Le 23 fév. 1731 il fut inhumé dans le chœur de l’église aux tombeaux de ses prédécesseurs, 43 ans**.

* Inhumée dans l’église de Saint-sulpice le 6 avril 1741
** Il eut peut-être aussi Madeleine Pot de Piégut, nommée le 12 avril 1740 supérieure de l’hôpital de Bourganeuf et décédée en avril 1743 (Cf. Arch. de la Creuse, H. 855).

Il laissa :
– Louis-Jacques, suit ;
– François-Placide, né le 5 août 1716, retiré du service eu 1771 comme capitaine au régiment de Poitou et chevalier de Saint-Louis, décédé à Saint-Sulpice le 27 sept. 1782;
– Jacques, né le 21 janv. 1721, prit le titre de chevalier de Rhodes ; lieutenant au même régiment, il eut le poignet droit brisé par une balle à l’attaque de Vintimille, décédé le 20 Sept. 1782; Sylvie.

Louis-Jacques Pot, seigneur de Piégut, né à Saint-Sulpice en 1714, fut lieutenant au régiment de Limoges et épousa Marie-Thérèse Reveau de Saint-Varent* le 21 fév. 1743. Il eut de nombreux enfants, dont Louis, suit Marie, née le 24 fév. 1748, chanoinesse de N.-D. de Meaux; Marie-Anne-Thérèse, née le 13 juil. 1758, mariée en 1791 à Jean-Baptiste Maréchal, bourgeois, il mourut le 23 mai 1790.

* Décédée le 17 octobre 1784

Louis Pot, seigneur de Piégut, se maria le 3 déc. 1777 à Adelaïde d’Hemery ; il n’émigra pas à la Révolution ; deux de ses fils firent les campagnes du premier Empire comme officiers de cavalerie ; l’un d’eux fut tué à l’ennemi ; Mathurin, né à Saint-Sulpice le 4 sept. 1792, continua la postérité.
Piégut appartient encore à sa petite-fille, Madame de Verneuil, née de Pot.

Piégut , contraction de Puy aigu, était un des fiefs de la Terre-aux-Feuilles. Il est mentionné en 1447 comme forteresse*. On voit encore des restes des murs de son enceinte; ces murs ont 2,20m d’épaisseur. Cette enceinte avait la forme d’un polygone irrégulier; elle était entourée par des douves sèches : du côté de la rivière l’escarpement naturel du coteau défendait cette partie.

* Une tradition dit qu’anciennement Piégut était construit à droite de la route de La Souterraine.

Les bâtiments habités se trouvaient dut côté opposé, Ils ont été reconstruits au XVIIIe siècle ; une tour et le portail d’entrée de la cour intérieure ont été démolis il y a une quarantaine d’années pour allonger le corps de logis.
L’écusson de la porte d’entrée présente encore la fasce des Pot.
Dans les jardins on voit une curieuse pierre qui a servi de base à une croix : elle mesure 0,92m de long sur 0,88m de large et 0,50m de haut. Elle est décorée sur les deux plus grandes faces par deux S placés horizontalement et réunis par des barres ; au-dessus, trois croissants. Le sommet des S est en saillie et forme, en se prolongeant, une cannelure sur chaque côté.

De Piégut relevaient les fiefs de Puyroger et de la Bure et le ténement de la Lande.
Le seigneur avait droit de guet et d’astreinte à son moulin sur les vill. de Ratenon, les Rebras, le Monteil et la Villeaubrun.
Il possédait moyenne et basse justice divisément et la haute justice en commun avec les autres seigneurs de la Terre-aux-Feuilles. Il avait droit de prééminence dans l’église de Saint-Sulpice et le tombeau dans le chœur.

Juges : Guillot, 1533 ; Hacinthe Choppy, seigneur des Genests, 1728, tient ses audiences à Ratenon.
Procureur : Jean de Maillasson, 1633.

Greffiers : Francoys, 1533; Perrot, 1642; Trébilhon, 1757; A.Gravier, 1720-1727.

Il existait à Piégut une chapelle dont les fondements étaient reconnaissables il y a quelques années. Elle avait de 7 à 8m de long sur 6 à 7m de large; elle était située en dehors de l’enceinte et à côté se trouvait un cimetière.
C’était une vicairie en l’honneur de Sainte-Croix. Suivant présentation du 14 janv. 1564, Jean Migier, chapelain, devait trois messes par semaine et des prières.
La cloche qui en provient est conservée à Piégut ; elle a 0,36m de diamètre et 0,32m de haut. Sur le cerveau, elle porte l’inscription suivante en gothique fleurie du XVIe siècle.

SNNCT SEBASTI ANI

Entre les deux noms une crucifixion ; après ani, Vierge à l’Enfant. A noter N à la place de A.
Une vierge en bois couronnée et portant un enfant et un raisin existe aussi à Piégut. Comme la pierre que nous avons signalée plus haut, elle doit provenir de cette chapelle.