Généralités : Postes et courriers

On sait que les premiers courriers remontent à Louis XI ; d’après Bonaventure de Saint-Amable*, les relais sur la route de Paris à Toulouse ne furent organisés qu’en 1602. Nous avons dit que dans notre pays il y avait, à l’origine, deux relais, l’un à Arnac, l’autre aux Chézeaux ; quand cette route fut abandonnée pour la route actuelle, vers 1735, on transporta le second à Boismandé, quant au premier il resta à Arnac, d’où sans doute on conduisait les chevaux sur la route royale : dans le terrier, on constate, en effet, que les sept chevaux du maître de poste sont dans ses écuries d’Arnac et qu’il n’y a au Magnaud qu’une maison pour les postillons. Cet état de choses dura jusqu’en 1748 : le 13 septembre 1748, le notaire Poujaud et Pierre de Léobardy, arpenteur-juré des eaux et forêts de la maîtrise particulière de la Basse-Marche, se transportent sur la route royale à la réquisition des maîtres de poste d’Arnac et Morterol, pour constater « la distance qu’il peut y avoir du bourg de Morterol au lieu de Montmanier, où l’on a nouvellement fait établir la poste ». L’arpenteur, armé d’un compas de cinq pieds de roi, trouve que cette distance se monte à 36.835 pieds qui composent 7.367 pas géométriques de 5 pieds à commencer depuis la maison et écurie de la poste de Morterol jusques à l’encoignure de la petite maison qui est au bas de l’écurie de la poste de Montmanier et composent plus de trois lieues de poste**».

* Annales du Limousin, p. 813.
** Minutier d’Arnac.

Le relais de Boismandé fut ensuite transporté à la Villeaubrun ; dans la suite, il fit plusieurs fois la navette entre ces deux villages. Enfin, vers 1810, il fut définitivement fixé à la Villeaubrun, où il resta jusqu’à la suppression qui eut lieu vers 1855.

En 1765, la voiture, partie de Paris le jeudi matin à dix heures, arrivait à la Villeaubrun le mercredi à midi pour dîner ; elle repartait ensuite et l’on couchait à Morterolles ; elle arrivait à Limoges le surlendemain, c’est-à-dire neuf jours après son départ.
La voiture repartait de Limoges tous les mercredis ; il en coûtait 90 l. pour aller de Limoges à Paris par messager et 60 l. par charrette, dans les deux cas nourriture comprise ; en chaise ou en litière, le prix était de 150 l. ; pour tous ces moyens de transport, les hardes qu’on transportait avec soi étaient taxées à raison de 5 sols la livre.
En 1784, le messager partait d’Arnac le dimanche à deux heures.
On voit dans les délibérations du district qu’en ventôse an II, les relais de Montmagnier et de Boismandé avaient été mis en régie, que la disette de grains avait fait cesser le service de la poste et que les chevaux de Montmagnier étaient morts de faim ; les autres avaient été réquisitionnés par la Nation ; de nombreux arrêtés de réorganisation furent pris par le district, mais restèrent lettre morte ; une lettre écrite à ce sujet prétend que cette désorganisation a fait perdre 200.000 l. au canton*.

* Reg. du district du Dorat ; arch. de la Haute-Vienne.

Un bureau de poste aux lettres et de messageries pour les marchandises fut créé à Arnac après l’enlèvement de la poste.
Le 14 juin 1742, le directeur de ce bureau fait marché avec André Barraud, qui s’engage « à l’aider au travail, commerce et trafic des marchandises », moyennant 48 livres ; il sera nourri quand il travaillera. A cette époque, ce bureau valait 70 l. par an.
La correspondance de nos ancêtres n’était pas très importante, aussi le bureau d’Arnac resta-t-il longtemps le seul de la région. Le 7 octobre 1792, la municipalité de Lussac passe un marché avec J.-B. Frugier qui se charge d’aller chercher les lettres et paquets au Dorat les mercredis et samedis, moyennant 50 l. par an et 1 sol par lettre.
Une délibération du canton de Lussac du 6 frimaire an IV constate que les correspondances arrivent difficilement, ce qui retarde l’exécution des lois ; il est arrêté qu’un courrier se rendra trois fois par décade au bureau de poste pour en rapporter les lettres. Le 5 thermidor, ce courrier est adjugé 1.800 francs ; le 18 frimaire an V, il est arrêté qu’il se rendra au Dorat les lundis et jeudis.
Jusqu’en 1856, les sacs de dépêches étaient centralisés à Vareilles d’où un courrier les transportait à Saint Sulpice ; à l’ouverture du chemin de fer, en conséquence d’une délibération du 11 mai 1856, le service fut assuré par La Souterraine.

L’accroissement considérable qu’a subi la correspondance a nécessité la création successive de six bureaux de poste : des neuf communes du canton, seules Jouac, Saint-Georges et Saint-Martin en sont dépourvues.
La distribution des lettres est assurée par 16 facteurs dont 2 facteurs-receveurs.
Tous ces bureaux, sauf Cromac, ont le télégraphe ; des cabines téléphoniques vont être installées à Saint-Sulpice, Arnac, Cromac et Lussac.
Actuellement, le canton est sillonné par de nombreux courriers qui prennent des voyageurs :
1. Lussac à La Souterraine par Cromac, Saint-Sulpice et Arnac ;
2. Lussac au Dorat ;
3. Magnac à Saint-Sulpice par Mailhac ;
4. Saint-Sulpice à la Souterraine par Arnac ;
5. Saint-Sulpice aux Chézeaux, deux fois par jour.

En outre, la correspondance du chemin de fer relie directement Saint-Sulpice à la Souterraine et une entreprise particulière double le service Magnac-Saint-Sulpice.
Des services privés de machines routières ou de charrettes vont aux gares voisines chercher les marchandises lourdes, les vins, les chaux, et porter les blés. C’est par la gare de Forgevieille que s’effectue la majeure partie du trafic de la partie nord et ouest du canton.

Le canton n’est pas resté étranger au mouvement qui s’est produit en faveur de la locomotion mécanique, et en dehors des routières, nous comptons neuf automobiles.
De même que nous avons indiqué l’apparition de la première voiture, nous constaterons que la première automobile du canton a été acquise en avril 1902 par notre excellent ami, le docteur Massard.
Dans le tableau ci-après, nous avons réuni tous les renseignements, qu’offrent les rôles de 1903, sur les moyens de locomotion et de transport.

Locomotion