Le patois


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Le Patois de Madame BLOT :

(Propos recueillis par Nathalie Guéraud)

Madame Blot est née en 1920. Si son patois est francisé, sa grand-mère, elle, ne parlait que patois.

– Bonsère,  alors, que va ? 
(Bonsoir, alors, est-ce que ça va ?)

– Y faut biau fiaire na !
(Il faut bien faire avec !)

– Ô que l’diable le temps !
(Au diable ce temps !)

– On aimerait mieux du beau temps que quelle aigue 
( … que cette eau là !)

– Que l’diable le freï !
(Au diable le froid)

– Que peut buffer ! Emportereï bien la couverture !
(Qu’est-ce qu’il peut y avoir comme vent ! Il emporterait bien la toiture)

– L’air est fraîche 
(L’air est frais)

– Quel temps de chi !
(Quel temps de chien !)

– Un’ nich’à chi 
(Une niche à chien)

– Une étang   
(Un étang)

– J’me suis fait fâchée parce que oubliâ bârra le porte !
(Je me suis fait disputer parce que j’ai oublié de fermer la porte )

– M’en va quer’ le pain.
(Je m’en vais chercher le pain)

– Allez, , mets-te à table
(Allez, mets-toi à table)

– Lou gamin   
(les enfants)

– Lou coutail  
(Le couteau)

– Lou gatail  

(Le gâteau)

– Le mijo ou  la trempette 
(Mettre du vin dans sa soupe)

– La soup’ aux chaoux
(La soupe aux choux)

– La soup’ à la rabe, aux rutabagas  
(La soupe à la rave, aux rutabagas)

– La viade  
(La veillée)

– On va vié un moment
(On va veiller un moment)

– Y font la grillade 
(Ils font griller les châtaignes)

– Lou trapi  
(Le trépied pour poser la marmite dans la cheminée quand elle  n’est pas pendue à la crémaillère)

– La péle  
(La poêle trouée pour faire griller les châtaignes)

– La gnôle   
(L’eau de vie)

– On va s’coucha. 
(On va se coucher)

– Un’ chemis’  
(Une chemise)

– Da chausset’
(Des chaussettes)

– Un’ culotte dans min fouillis
(Une culotte dans mes affaires)

– Lou vargi  
(Le verger)

– La poum’  
(La pomme)

– La pèr’ 
(La poire)

– La péch’
(La pêche)

– Le préignao 
(Le pruneau)

– Lou Foumi
(Le fumier)

– Arracha les toupis, la bettrav’… 
(J’ai arraché les topinambours, les betteraves)

– La vach’ et la guillach’ sur l’épaul’
(La vache et le  bâton pour aiguillonner les vaches)

– L’otabl’  
(L’étable)

– Lou vedail’  
(Le veau)

– La chèbr’  
(La chèvre)

– Le jau  
(Le coq)

– Un’ cage à oseil 
(Une cage à oiseau)

– La chaouine chanta 
(La chouette chantait = La mort n’est pas loin)

– L’ajasse
(La pie = si elle coupe la route, il faut faire un signe de croix avec le pied gauche…)

– La grol’ 
(La grosse pie noire = La corneille ?)

– Lou merle  
(Le merle)

– Tchoua le goret 
(Tuer le cochon)


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Le Patois de M. Gérard FILET

Le patois varie d’une commune à une autre. Il y a des expressions que je suis incapable de traduire en  français sans entrer dans de longues phrases. Il est difficile d’écrire le patois en raison de l’accent et de la prononciation. Mon plus grand plaisir est de faire dire le mot chatécourawe, (un écureuil).

La mère : A partir d’aneu to mos enfants parleront l’français, coumme min. Por commença, tain, l’plus p’tchiot, vain y qui, qui môche ton nâ. Maint’nant que ton nâ, ousé mouché, va me d’cha d’l’aigue au pou et da trêffes dans la gringe, por qui vous fassions da trêffes à la fargana.
Le gamin : Y vos pas y ana, yais pô da barbottes qui s’métiant dans la trêffes et puis l’aigue, ma por jambes poviant pas traina l’sceau, à z’étiant trop ptiotes.
La mère : Ouzé-ti natre que gamin, ouzé-ti natre! on a ti du malheur, il nigerieut dans l’étang d’Gencais… ou vos pas y ana… il quiafreu. D’talour, tu vas vêre ton Pâ, quand ou va r’vengir, y you dirais qu’t’as pas vôgut ana d’cha da trêffes et d’l’aigue, y you dirais…  Vas au laye, sans soupa Laisse-me los cacos, y qui, y te dis d’allas au laye sans soupa…

Bonsère, ou vai ti ? (Bonsoir, est-ce que ça va ?)
Y faut ben fêre avêque ! (Il faut bien faire avec)
Qué  d’jiabe de temps! (Oh, quel diable de temps !)
Qui couet quête aigue qui ( qu’est-ce que c’est que cette eau-là ?
Oh quê d’jiabe dé fraille ! (Oh, quel diable de froid !)
Qui qu’ia coumme vent ! ou s’emporterait ben lâ covertûre (Qu’est-ce qu’il peut y avoir comme vent ! Il emporterait bien la toiture…)
L’fond d’ l’êre, ouzé frai (L’air est frais)
Y’ai eu fraille quêt neuille (j’ai eu froid cette nuit)
Qué d’temps d’chin ! (Quel temps de chien !)
Une niche à chin, chine (Une niche à chien, chienne)
Une étang (Un étang), une orage, une éclair, une aspic (vipère dans le sens large) ou un vipère rouge (un Aspic)
Y s’me fais fachâ parce que yaveu oublidâ d’bârra la pôrte (Je me suis fait fâché parce que j’ai oublié de fermer la porte )
Y m’en vais d’cha d’au pan. (Je m’en vais chercher du pain)
Allez, mets-te à tiab (Allez, mets-toi à table)
Lo gamins (les enfants)
Oué mon couté (C’est mon couteau)
Chabrot (Mettre du vin dans sa soupe) C’est français
Là soup’ aux chaoives (La soupe aux choux)
Là soup’ à la rabe, avêque une bounne quiafade d’crème (La soupe à la rave, avec une bonne dose de crème)
Là veillâde (la veillée)
On va veillâ un moument (On va veiller un moment)
Y font grillâ là châtignes (Ils font griller les châtaignes)
Lou trapi ( ce mot qui n’existe pas à St Sulpice les Feuilles) (Le trépied pour poser la marmite dans la cheminée quand elle n’est pas pendue à la crémaillère)
Là péle (La poêle dans le sens le plus général)
On va s’couchâ. (On va se coucher)
Uné ch’mise (Une chemise)
Da chôsses (Des chaussettes)
L’veurjaille (Le jardin) »
Là poumes (Les pommes)
Là pérres (Les poires) los peirôts et los péridots = variétés de petites poires greffées.
Da pêrres (des pierres)
Là pêches, à zétions pas inquêre madures (Les pêches, elles ne sont pas encore mûres)
Lo prugnios (Les pruneaux)
Le f’maille (Le fumier)
Y’ai arrachai los toupis, lâ bettrâves… (J’ai arraché les topinambours, les betteraves)
Là vache et l’éguillâde sur l’épôle (La vache et l’aiguillade sur l’épaule)
L’étabieu (L’étable)
Le v’dé (Le veau)
Là chêbre (La chèvre)
L’jau (Le coq)
Une câge por lo p’tits eusés (Une cage pour les petits oiseaux)
Qu’ette neuille, y’en t’endeu l’chaouin chanta (Cette nuit, j’entendais le hibou chanter = La mort n’est pas loin)
L’ajasse (La pie = si elle coupe la route, il faut faire un signe de croix avec le pied gauche… Je n’ai jamais entendu cette superstition dans le secteur de St Sulpice)
L’agrôle (Le corbeau au sens large), une agrôle (un corbeau),
Lo mêrles (Les merles)          singulier: l’mêrle          la femelle : une merlasse.
Tchoua l’goret (Tuer le cochon)
Un punai mârtin (une punaise, insecte)
Un quiaw (un clou)
Da mêles (des nèfles)
Un pôtu (un crapaud)
Une rapiote (un lézard gris)
Un luzer (un lézard vert)
Une barbotte (nom pour désigner une couleuvre au sens large)
La yèbe (le lièvre)
L’jaye (le geai)
La bujade (la lessive) autrefois elle était faite dans un bujadail (cuvier), l’eau était récupérée dans la trasse à bujadail.
Une pedrouille (une vessie)
Un chô d’lane (un bout de laine)
D’au biennet bantât (du sarrasin ou blé noir)
D’au thym bantât (du serpolet)
D’au froument (du blé)
D’l’avêne (de l’avoine)
Un balait volant (faux plancher tendu entre les deux étables pour entreposer provisoirement des céréales non battues)
Un cornard (insecte que l’on appelle cerf-volant)
Un brigot (frelon) los brigots aviant mangeat los peirrots.  Ou z’étian grôs coumme mon pôsse, Y z’aviant fait dos trous grôs coumme ma man.
Pigougnier (embêter, agacer, taquiner etc.)
Riquoine: y va vous raconta oune riquoine ( je vais vous raconter une grivoiserie)
Un coureuil, c’est un loquet spécifique qui sert à barrer (verrouiller) une porte.

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Daus ditons.

Cha mita ne prein pas de rats.

Oué coume la carcailla : quant elle a le sas elle a pas le bia.

Las trides chantant pas coume laus merles.

A la mi février une boune merlasse cou.

A la mi-mar la meire s’en vai.

Entre mâr et avril, un bon merle sauve sau p’tchios.

Entre mar et avril on sa si le coucou est mort ou vif.

Las jaurnades allongeint : à nadau d’un pas de jau, à la guilleneu d’un pas de bœuf ou d’un pas de jeument.

Des proverbes.

Chat ganté n’attrape pas de rats.

Il est comme la caille : quand il a le sac, il n’a pas le blé.

Les grives ne chantent pas comme les merles.

A la mi-février une bonne merlette couve.

A la mi-mars, la mère s’en va.

Entre mars et avril, un bon merle sauve ses petits.

Entre mars et avril, on sait si le coucou est mort ou vivant.

Les jours allongent : à Noël d’un pas de coq, au Nouvel An d’un pas de bœuf ou d’un pas de jument.


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Deux petites comptines

«Pour les doigts de la main ».

La yeubre est pasade qui
Queuqui l’a vude
Queuqui l’a attrapade
Queuqui l’a saingnade
Queuqui a bu son sang
Et qeu pt’chioqu’en vouleuve tant
Oué tomba din l’étang.

Pour « les doigts de la main »

Le lièvre est passé par ici
Celui-ci l’a vu
Celui-ci l’a attrapé
Celui-ci l’a saigné
Celui-ci a bu son sang
Et le tout petit qui en voulait tant
Est tombé dans l’étang

Une autre comptine.

Et toute la neuille la chine japeuve
Et toute la neuille elle a jappai
Ah ! T’en auras dau pan Finette
Quand laus biénés s‘rant caupai

Une autre comptine

Et toute la nuit la chienne a aboyé
Et toute la nuit elle a aboyé
Ah ! Tu en auras du pain Finette
Quand les blés seront coupés