Coutumes, usages et superstitions


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La naissance
Le mariage
La maladie
La mort
Les fêtes
Économie rurale
Usages religieux
Le merveilleux
Danses anciennes

Un certain nombre de ces vieilles légendes ont été contées par Marie-Anne Desgouges, décédée à Saint-Sulpice en 1901, à l’âge de 67 ans ; elle les tenait de sa grand-mère qui lui disait : « Je te conte ceci, pour que tu le conserves dans ta mémoire » Celle-ci les avait apprises d’une vieille femme, morte à l’âge de 100 ans qui ne se nourrissait que de bobines ; elle avait les ongles si longs qu’elle ne se servait ni de cuillers ni de fourchettes.
Accorder à des actes ou à des moyens futiles une vertu extraordinaire était un des côtés les plus curieux du caractère de nos aïeux qui avaient le goût, et en même temps la peur du merveilleux : ils en voyaient partout.
Ils avaient ainsi réuni un véritable code de pratiques généralement bizarres, souvent restes des anciennes religions, qu’ils transformaient oralement de génération en génération : elles prenaient l’homme à sa naissance, présidaient à toutes les actions de son existence et l’accompagnaient jusqu’à la mort.
L’émigration, l’instruction en ont fait disparaître un certain nombre, mais beaucoup sont encore utilisées, plus par routine ou respect de préjugés reçus dès l’enfance, que par intime conviction.


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La Naissance

Pour avoir à volonté un fils ou une fille, il suffisait la veille de l’accouchement, de porter dans la chambre de la femme, un chat ou une chatte.
L’enfant né, il était interdit de l’embrasser avant son baptême sous peine de lui porter malheur.
Le jour de son baptême, plus on sonnait les cloches, plus l’enfant aurait de la voix.

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Le mariage

La demande en mariage se faisait en demandant une bonne fille pour en faire une honnête femme.
Une fiancée, qui savait ses usages, devait donner un bonnet à son parrain et un caraco à sa marraine; en retour ceux-ci offraient au filleul une chemise et à la filleule une robe.
Elle se garderait bien de se rendre à l’église le jour de la publication de ses bans ; si elle l’entendait, elle deviendrait sourde.
Avant le départ à l’église, la mariée accueillait ses invités qui venaient se faire décorer; chacun d’eux recevait un bouquet de fleurs artificielles qu’elle attachait elle-même au revers de l’habit. En retour, l’invité l’embrassait et lui remettait dans sa main gauche, préalablement placée sur la poitrine, l’offrande accoutumée qui servirait à payer les frais de la noce ou à monter le jeune ménage ; les plus généreux allaient jusqu’à cent sous.
Puis le cortège, précédé de joueurs de vielle, de violon et plus récemment de clarinette et d’accordéon se mettait en route ; la jeune fille était généralement conduite par son père, mais si celui-ci laissait cet honneur au parrain ou à un invité de distinction, il devait dans tous les cas la sortir de la maison à son bras.
Durant le chemin, une mariée bien élevée ne devait point causer, mais elle était obligée d’embrasser tous ceux qu’elle trouvait sur sa route.
Si deux mariages se célébraient le même jour, dans la même église, ils devaient être
bénis à la même heure et les mariées étaient tenues de sortir en se tenant par la main, sinon celle qui partait la première emportait tout le bonheur.
A l’issue de la bénédiction, les mariées qui n’étaient pas en blanc mais qui se contentaient d’orner de rubans blancs une toilette de couleur, coupaient un morceau de ruban et le portaient à l’autel de la Vierge.
En rentrant à la maison, on offrait à la mariée un bol de soupe qu’elle devait goûter, puis, d’un coup de pied le garçon d’honneur devait briser le vase : autant de morceaux, autant d’années de bonheur.
On mettait aussi à la mariée un balai en travers de sa porte : si elle passait outre sans le relever, on en tirait des conclusions défavorables à sa vaillance future; si elle le prenait et balayait, elle présageait toutes les qualités.
Pendant le cours du repas, les garçons, qui avaient au préalable garni leurs poches de morceaux de sucre, en remplissaient les verres de leurs voisines.
Casser de la vaisselle portait bonheur aux époux, aussi, s’il n’y avait pas d’accidents, les gens bien intentionnés faisaient-ils rouler les assiettes sous les tables.
A la fin du repas, le garçon d’honneur, qui avait fait emplette de rubans multicolores, allait décrocher la jarretière de la mariée ou lui entourait la jambe avec ses rubans qu’il distribuait ensuite à la jeunesse.

Si la fille qui se mariait était la dernière de la maison, on était tenu de faire brûler la benatte (hotte) et on dansait une ronde autour : le feu était mis par le parrain qui se coiffait d’un bonnet de coton.

Quand une fille qui avait eu un enfant se mariait, on lui plantait une quenouille en travers de la route.

Bien entendu, la cérémonie de « la rôtie » se célébrait comme partout : Le bouillon était fait avec une poule plumée vive et on portait aux époux deux assiettes ; dans l’une était la poule, dans l’autre les plumes :pendant que les mariés goûtaient, on leur soufflait ces plumes à la figure.

Pendant le cours du mariage, si le mari se laissait battre par sa femme, on faisait la cérémonie traditionnelle de la promenade à âne, la figure tournée vers la queue.

La femme qui voulait faire cesser sa stérilité devait chausser les souliers d’une nouvelle accouchée.

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La Maladie

Il y a de nombreux procédés, tous plus efficaces les uns que les autres pour guérir toutes les maladies; leur vertu principale était – pas toujours – de ne pas aggraver le mal.

La coqueluche ne résistait pas à l’application, sur le cou du patient, d’un pochon de poils de bouc.

Un pigeon éventré vif et posé sur la tête guérissait la méningite.

Le mal aux reins disparaissait en se chauffant au feu de la Saint-Jean ou par frottements d’herbes de Saint-Jean.

Un crapaud placé sous le lit était efficace contre nombre de maladies.

Pour l’érysipèle, un enduit de bouse de vache était très recommandé.

Le sang d’anguille faisait disparaître les verrues.

A Arnac, quand un enfant avait la colique, on allait le rouler sur la tombe du curé Plaignaud. Cette coutume remonte, paraît-il, à « l’énnade de la pore » (année de la peur, 1789).

Pour se préserver de la morsure des serpents, il suffisait de mordre dans la première fougère qu’on rencontrait au printemps, puis de cracher la tige détachée en la faisant passer par-dessus l’épaule.

Il existait aussi des prières en patois, que nous n’avons pu nous procurer, elles sont gardées précieusement par ceux qui les connaissent. Elles servaient pour relever l’estomac, faire passer la tache de l’œil, guérir la gale, la pouche (toux), la roumelle(enrouement), etc. D’autres étaient aussi employées pour traiter chez les animaux le mal de la rave (enflure).

Pour la tache, de nombreux procédés étaient préconisés ; en voici deux : on faisait brûler un morceau de linge blanc dans une assiette, puis quand il était réduit à l’état de charbon, on crachait dessus un grain de sel qu’on avait dû auparavant se mettre dans la bouche ; on appliquait le tout sur l’œil. Pour l’autre, il fallait aller trouver la femme qui avait le don, pendant neuf jours avant le lever du soleil et à jeun ; elle soufflait trois fois dans l’œil et faisait des passes avec les mains.

Les enfants dans leur jeune âge, sont sujets à de nombreuses maladies dont les causes sont souvent difficiles à discerner ; si la science de l’homme de l’art était en défaut, celle des commères n’était jamais à court : elles vous indiquaient que l’enfant était atteint du mal d’un saint et qu’il fallait le conduire à un des pèlerinages du pays ; le plus difficile était de connaître le nom du saint qui importunait si vilainement l’enfant ; une opération bien simple allait vous le donner. Vous preniez la chemise de l’enfant, vous découpiez dedans autant de morceaux qu’il y avait de saints suspects, puis vous leur donniez à chacun le nom d’un des saints. Vous étaliez chaque morceau sur l’eau d’un vase : le premier qui s’enfonçait vous donnait la solution du problème ; le nom du saint porté par le morceau était celui que vous cherchiez. (Cf. « Le pèlerinage marchois« ).

Saint-Etienne de Lussac était un des plus renommés de la contrée ; Robert du Dorat nous apprend qu’au XVIIe siècle, on s’y rendait pour les maux de tête, les maladies de l’estomac et des reins. Conduire l’enfant à ces dévotions s’appelait l’arranter. Une fois ne suffisait pas, il fallait l’y ramener trois fois ou y envoyer un remplaçant, sinon on lui faisait attraper le mal de Lussac. Quelques jours avant la Saint Etienne, les « billons » de Lussac passaient par le pays et se chargeaient de représenter les enfants, moyennant finance.

A Mailhac, le jour de la fête patronale, les femmes de ces billons vendaient des cordons terminés par des houppettes et ornés de perles de couleurs ; on les passait au cou des enfants et ils les préservaient des chiens enragés.


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La Mort
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Quand il y avait un mort dans une maison, il ne devait pas y entrer une goutte de lait car l’âme du défunt s’y serait noyée ; c’étaient les voisins qui allaient traire les vaches et qui emportaient le lait chez eux.

Il était aussi d’usage de mettre les ruches en deuil.

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Les fêtes

– La chandeleur :

A la procession qui se faisait ce jour-là, toutes les femmes portaient des cierges ou des bougies allumées; celles qui ne pouvaient y assister confiaient leurs bougies à leurs voisines, si bien qu’il n’était pas rare de voir une femme munie de quatre ou cinq bougies, celles-ci rapportées précieusement à la maison, étaient allumées pendant les nuits d’orage; elles éloignaient la foudre.

Ce même jour, si l’on voulait avoir des œufs toute l’année, on devait faire une crêpe pour les poules.

– Carnaval :

C’était une grande fête, jadis, pour les villageois car c’était un des rares jours de l’année où ils mangeaient de la viande et du pain blanc, en buvant du vin sucré.

Le lendemain, les garçons se rendaient à la porte de l’église, à la sortie de la messe, avec une charrette ou un tombereau qu’ils tiraient à bras et, de gré ou de force, y empilaient les filles, qu’on promenait jusqu’à extinction de forces la promenade s’achevait au milieu d’une mare où contenant et contenu étaient basculés.

Dans la journée, les garçons se mettaient à l’affût dans le village et, dès qu’une fille était signalée, ils la saisissaient et la portaient sur un tas de fumier, tandis qu’ils criaient « Au reste ! ». Pour être délivrée, la fille devait répondre: « Si je suis restée, ce n’est pas de ma faute, c’est que je n’ai pas trouvé ! »

– Le 19 mars:

A la Saint-Joseph, jour du mariage des oiseaux, on cachait dans les buissons des gâteaux ou des œufs peints qu’on faisait chercher aux enfants.

– Les Rameaux :

Ce jour était la fête des enfants et des morts : singulier contraste ! Aux premiers, on donnait des branches de buis auxquelles étaient attachés des gâteaux de forme particulière et diverses friandises. Pour les autres, il y avait, à la suite de la messe où l’assistance était toujours la plus nombreuse de l’année, une procession au cimetière après laquelle les femmes manifestaient bruyamment, sinon sincèrement, leur chagrin ; c’était là le vrai jour des morts.

Le dimanche des Rameaux, tout le monde mange« une cornue », sorte de gâteau triangulaire rappelant un Y.

Des archéologues ont vu dans l’adoption de cette forme singulière un reste des hommages que rendaient les peuples de l’Inde, les Égyptiens, les Grecs, les Celtes et les Romains au principe général de fécondité qui se développe au printemps. D’autres, plus pudiques, y voient la reproduction en pâtisserie, des pommes de pin qu’on mettait autrefois, prétendent-ils, aux rameaux pour les orner.

Une recommandation : il faut présenter soi-même son rameau à la bénédiction, car donner du buis bénit porte malheur au donateur comme au donataire.

– Le Jeudi Saint :

On emportait à la messe un pain plié dans une serviette qu’on faisait bénir ; cet usage s’est encore longtemps conservé à Arnac.

On ne doit pas lier les bêtes du Jeudi Saint au Samedi Saint.

– Pâques :

Manger le jour de Pâques un œuf pondu le Vendredi Saint avec un morceau de pain bénit préservait de la morsure des serpents.

Ce même jour, muni d’eau bénite, chaque propriétaire portait un brin de buis bénit le jour des Rameaux dans chacun de ses champs ; il le plantait en terre et l’aspergeait d’eau bénite ; cette coutume avait pour but d’écarter l’orage et la grêle. A la moisson, la jeune fille qui, en coupant le blé, trouvait le brin de buis, se mariait sûrement dans l’année. D’ailleurs, le jour des Rameaux, on reconnaissait les gros propriétaires à leurs volumineux paquets de buis.

– L’Ascension :

Le jour de l’Ascension, on allait chercher les nids et on faisait dans les champs une omelette avec les œufs ; c’est ce qu’on appelait « faire la rouésou » ou « la naïade » ou encore « la soupe jaune ».

– La Saint- Jean :

Le culte du feu (ou du soleil) a persisté jusqu’à nous. Les feux de la Saint-Jean et la bûche de Noël ne sont pas autre chose qu’un reste des anciennes fêtes célébrant le plus long jour de l’année et le plus court.

Ces usages se retrouvent chez tous les peuples ; les Romains allumaient la veille de la Saint-Jean des monceaux de chaume, ils appelaient ces fêtes « Palilies ». Comme nos villageois, ils disaient des prières, faisaient des danses autour et sautaient trois fois à travers la flamme.

Ces fêtes ont encore un caractère religieux ; à la Saint-Sulpice, le clergé vient bénir, la veille de la Saint Jean, le feu de joie établi sur place. Ce n’est du reste pas tant le jour de la Saint-Jean que la veille qui est le jour de coutumes particulières.

La veille de la Saint-Jean, avant le lever du soleil, on suspendait à la porte de la bergerie une plante appelée dans le pays « beau loup » (bouillon blanc) et de grandes herbes qu’on trouvait dans les buissons, nommées herbes de Saint-Jean ; cela préservait le troupeau du loup.

On passait aussi dans le feu de joie une branche de caure (coudrier), en disant :
« Guesse, guesse, mon maille,
Que touté la panouillaille ?
Fasant lé bouéssaille
Produis, produis, mon millet,
Que tous tes épis ?
Fassent le boisseau. »

Puis on allait planter la branche dans le champ de millet.

Ces feux, du reste, s’allumaient en d’autres circonstances, notamment à l’occasion des réjouissances publiques; ils remplaçaient nos modernes feux d’artifice. A Lussac, le 8juillet 1607, on fit des feux de joie pour la naissance du duc d’Orléans.

– Noël :

Il ne faut pas entrer dans l’écurie des bœufs vers minuit, la veille de Noël, sous peine de mort, parce que les animaux causent entre eux et ne veulent pas être entendus. On raconte qu’un esprit fort ayant voulu enfreindre cette coutume, malgré les conseils de ses voisins entendit un des bœufs disant : « Que ferons-nous demain ? » A quoi les autres répondirent: « Nous porterons notre maître en terre. » Et de fait, le curieux mourut le lendemain subitement. (Cf. « La nuit où les bêtes parlaient « )

A la même heure, la plupart des dolmens vont boire à la rivière : la pierre Virdouaire à Arnac, le dolmen de Maillasson à Saint-Sulpice. (Cf. « La pierre Virdouaire« ). Pour le premier on racontait qu’un trésor était enfoui à ses pieds et qu’il fallait saisir le moment où il était à la rivière pour s’en emparer.

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Économie rurale

En dehors des usages que nous venons d’énumérer et dont quelques-uns se rapportent à l’économie rurale, nous citerons encore les suivants dans le même ordre d’idées.

Tous les ans au premier mai, jour de la Saint-Eutrope, on conduisait les bestiaux au Chézeaux pour les faire bénir.

Le pèlerinage de Vitrat était recommandé pour les brebis ; on y portait un morceau de leur laine.

Quand on tondait les brebis, on devait leur enlever la toison en leur faisant passer la tête au travers, elles étaient ainsi à l’abri du loup, c’est ce qu’on appelait « faire la loubade ».

Pour avoir de la crème, il suffisait de se procurer un jaquet, sorte de crapaud, et de le tremper dans le lait, en disant : « Saute jaquet, autant de crème que de lait ».

Quand on entrait la première charrette de foin, il ne fallait pas oublier de bénir la grange. Quand on entrait la dernière charrette, il fallait composer un bouquet de fleurs, de branches de noisetier et de saule qu’on clouait ensuite à la porte de la grange.

Pour écarter l’orage, il était d’usage de sonner les cloches, « tempestatem fugo, nubes fugo »(je fais fuir la tempête, je fais fuir les nuages), lisait-on sur les cloches anciennes. Cette habitude a longtemps perduré à Arnac où l’on fait remarquer malicieusement qu’à Saint Sulpice, où l’on ne sonne pas les cloches, la foudre est tombée surle clocher en juin 1900. En retour, le sacristain, pour prix de sa peine, prélevait sur les paroissiens une dîme volontaire de grains.

Contre l’orage on recommandait aussi de faire brûler du buis bénit ou des tisons provenant du feu de la Saint-Jean.

Le jour de Saint-Marc était le jour propice pour semer les haricots.

Clouer un hibou à la porte tuait le mal des animaux.

On pouvait utiliser les pies pour faire la soupe, mais auparavant, il fallait avoir soin de leur couper la tête, carle diable était logé dedans.

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Usages religieux

A tous les carrefours, il existait des croix ; nombre d’entre elles subsistent encore.

Il était aussi d’usage, quand un enterrement passait devant l’une d’elles, de déposer à ses pieds une petite croix de bois. Nous avons signalé à Lussac, en 1969 un faiseur de petites croix.

Les processions étaient autrefois fréquentes et certaines suivaient des itinéraires bien déterminés et souvent fort longs. Les voies qu’elles empruntaient étaient désignées sous le nom de chemins de procession. C’est ainsi que nous avons relevé à Saint Sulpice en 1503, le chemin qu’avaient fait les processions reliant le cimetière à la croix de l’Ormeau. A Lussac en 1523-1631,le chemin suivi par la procession des lundis. En 1637, le chemin qu’avait emprunté la procession de Notre Dame. En 1784, le chemin de Lussac à Saint Martin, appelé « chemin de la procession ». Aux Chézeaux, en 1521, le chemin par lequel les pilleurs firent de jour en jour la procession. A Arnac, le chemin qu’avait suivi la procession du Saint Sacrement et de la Sainte Vierge en 1740.

Avant la Révolution, la paroisse d’Arnac allait en procession à Vitrat.

Le pèlerinage le plus fameux de la région était celui de Lussac.

Les processions les plus curieuses du pays étaient celles de Mailhac, à l’occasion du « reinage » : on y trouvait une figuration costumée, un roi, une reine et toute sa cour.

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Le merveilleux

L’imagination populaire si amoureuse du merveilleux, avait créé de nombreux personnages mystérieux et terribles, sous le nom de fées, fades, dont elle s’était plu à peupler les grottes, les fontaines et les bois.

Dans notre pays nous les trouvons désignés sous le nom de « Martres » ou « Tétrabouillis ».

Une sorte de grotte de la commune de Cromac porte le nom de Maison aux Martres ; le dolmen de Bouery est aussi appelé la Pierre aux Martres, celui des Redondes est connu sous le nom de Pierre à la Martre.

Les femmes qui les habitaient étaient grandes et fort laides ; elles avaient des bras immenses et des seins démesurés qu’elles rejetaient sur leurs épaules. Elles poursuivaient les laboureurs pour les faire téter en criant : « Tétrabouilli ! » d’où leur autre nom le plus usité dans notre canton. Tout homme saisi par elles était mort. On leur attribuait la construction des dolmens. (Cf. « La dernière Martre »)

On faisait remonter leur origine à l’époque du gouvernement des femmes dans la Gaule, et ces personnages surnaturels ne seraient que les antiques druidesses, « pythonisses politiques, religieuses et guerrières », avant que les druides ne leur eussent enlevé leurs attributions législatives et leur autorité, en les réduisant au rang de simples prêtresses.

Les  » loups-garous » dont le nom signifie qu’il faut s’en garer ou garder, tenaient une large place dans les croyances populaires. C’était, disait-on, des sorciers qui, à certaines époques de l’année, se changeaient en bêtes et couraient la campagne pour dévorer les passants attardés. (Cf. « La légende du loup »)

Suivant la légende, la dame ou marquise d’Oreix exerçait cette industrie sur la grand-route de Paris à Toulouse où elle arrêtait les voyageurs. Non loin de là, au gué de la Vaudoue, entre les Brosses-Chantaud et le Branle, on signale la présence, à minuit, du seigneur de Lubignac, sous la forme d’un animal fantastique à pelage blanc.

Les « châtains (feux follets)étaient des âmes qui revenaient : quand on en rencontrait un, il fallait avoir le courage de lui dire : « Accompagne-moi jusqu’à ma porte », et on devait lui donner quelque chose, mais pas une épingle qui l’aurait piqué : le lendemain on aurait trouvé à sa porte une mare de sang.

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Danses anciennes

Autrefois, chaque province, et souvent chaque localité, possédaient leur danse spéciale ; beaucoup sont aujourd’hui perdues. La plus ancienne et la plus populaire était « le branle » ou « ronde ».

– Dans la commune d’Arnac, nous avons retrouvé deux de ces anciennes danses qui sont encore usitées quelquefois. Leur rythme est bien celui des autres vieilles danses qui nous ont été conservées. L’une d’elles, à laquelle un pas de polka a été adapté, a dû être modernisée au cours du XIXe siècle.

La chèvre bure
– Pour la Chèvre Bure (brune),le nombre de danseurs est illimité : danseurs et danseuses se placent en face les uns des autres et frappent dans leurs mains en sautant d’un pied sur l’autre pendant quatre mesures, puis chaque couple s’accroche par le bras et tourne sur place.

La Traversade– La Traversade se danse par deux couples enlacés se faisant vis-à-vis : pas de polka pendant quatre mesures ; à la cinquième, les couples se séparent et les danseurs se croisent. Cette danse est appelée la Carrade à Saint-Maurice. La promenade en rond que l’on fait trois fois, une branche à la main, autour des feux de Saint-Jean, doit se rattacher aux anciennes danses.