Du château de Lubignac (ou Loubignac), il ne reste qu’une tour ruinée et recouverte de lierre. Cette résidence de la famille des Barton de Montbas est pourtant intéressante avec son donjon résidentiel de la fin du Moyen-âge, bien isolé de courtines du reste du château.
1) La famille Barton de Montbas
Les Barton de Montbas se disent d’origine écossaise/ l’un d’eux se serait établi en Marche vers 1260. La documentation disponible nous signale un Roland, écuyer seigneur de Montbas dans la paroisse de Gajoubert, en 1351. Sa descendance exerce des charges administratives, d’abord comtales puis royales. Tous font des études de droit.
Pierre, chevalier, vicomte de Montbas, seigneur de Loubignac, est licencié en loi, conseiller et chambellan du roi, il était aussi le valet de chambre de ce dernier. Il est aussi, lieutenant général et chancelier de la Marche, enfin, sénéchal du Dorat. Il épousera la fille du premier président du Parlement de Paris.
Son fils, Bernard, également licencié es lois, vicomte de Montbas, seigneur de Loubignac, garde et chancelier de la Marche épouse en premières noces une petite-fille de Jacques Cœur, puis Marie de Sully. L’un de ses frères, Jean, devint évêque de Limoges, succédant ainsi à son oncle.
En 1458 et 1460 nous trouvons dans les textes un Jehan Bartonis à Loubinico, confirmation, s’il en était besoin, de la présence des Barton de Montbas à Lubignac.
2) Le château
Le château occupe un escarpement rocheux dominant la vallée de la Brame. Le cadastre de 1837 confirme la présence d’un vaste étang dont la chaussée est maintenant fixée par la route goudronnée qui correspond à l’ancienne route postale Paris Toulouse.
– Le château offrait un plan classique quadrangulaire, flanque de deux tours d’angles, et organisé autour d’une cour centrale. Il a du y avoir un corps de logis noble, appuyé sur la courtine et ses deux tours circulaires.
– Les tours ont totalement disparu depuis le cadastre de 1837.
– La maison Leprieur, qui jouxte la tour actuelle, est construite sur les caves de cet ancien logis. Elle présente en façade une clé de nervure aux armes des Barton de Montbas (« D’azur au cerf d’or onglé et ramé de même, au chef échiqueté d’or et de gueules de trois traits ») ainsi qu’une pierre de style gothique flamboyant.
– La tour circulaire qui subsiste était totalement séparée de l’enceinte. On accédait à ce donjon à l’aide d’un pont-levis similaire à celui de Chamborand en Creuse. Le développement total du tablier et de ses flèches atteignait plus de cinq mètres de hauteur. Une chapelle est mentionnée à plusieurs reprises.
– Un fossé ou douve, creusé dans la roche, isolait la cour haute de la basse-cour.
3) La tour de Lubignac ou « donjon résidentiel »
– Loubignac n’était pas une forteresse défensive. En effet, le donjon ne comporte qu’une ouverture de tir. Les mâchicoulis ont plus un aspect emblématique du château médiéval type, qu’un rôle militaire. La tour de Lubignac est avant tout la résidence de campagne d’une famille noble.
– Il s’agit d’une forte tour circulaire d’un diamètre de plus de 13m. Sur une cave voûtée se succèdent quatre niveaux résidentiels tous constitués d’une chambre quadrangulaire (5,80 m sur 7,10 m) chauffée par une cheminée et éclairée par une fenêtre à traverse en fond d’une embrasure, d’une alcôve (2,30 m sur 3,40 m). Il faut remarquer, qu’au lieu d’aligner verticalement les fenêtres, le constructeur les a disposées selon deux orientations différentes, ce qui évite l’affaiblissement des maçonneries.
– Les poutres reposent sur de grossiers corbeaux. Seul le dernier étage dispose de deux croisées d’ogives. Le décor n’était pas très développé d’où les jambages simples des cheminées, mais un motif étoilé, sous chaque extrémité du manteau de la cheminée du troisième niveau.
– Les latrines occupaient la maçonnerie méridionale. Le rez-de-chaussée juxtaposait une latrine et une ouverture de tir ou couleuvrinière en « trou de serrure» inversé.
– Enfin, un chemin de ronde correspondant à la ceinture de mâchicoulis couronnait l’ensemble.
– La cave, de plan quadrangulaire, voûtée en berceau, éclairée par un jour au Sud, était un lieu de stockage, fréquent dans les châteaux de la fi du Moyen-âge.
– Toutes les ascensions verticales s’effectuent à l’aide d’escaliers de pierre.
4) Remarques :
– les petites clés visibles, en remploi, dans la bâtisse ruinée de l’avant-cour, appartenaient très certainement aux voûtes de l’escalier.
– L’une d’entre elles, ornée d’une sorte de lys, possède cinq départs de nervures.