La famille Pot qui vint s’installer dans notre pays à la fin du XIIIe siècle a donné un grand nombre de personnages célèbres ; nous ne retiendrons que ceux qui sont nés ou ont été possessionnés dans notre canton*.
* C’est pour cette raison que nous passerons sous silence la branche de la Prugne-au-pot qui a donné tant d’illustrations : Régnier Pot, échanson de Philippe le Hardi, en 1381, conseiller et chambellan de Charles VI ; Philippe Pot, le plus célèbre de tous. Né en 1428, il fut élevé par le duc de Bourgogne, son parrain. En 1445, les chroniques racontent que, fait prisonnier en Albanie par les Turcs, il fut condamné à lutter contre un lion ; il l’attaqua si vigoureusement qu’il demeura victorieux et pour cette prouesse obtint sa liberté du Sultan. Il fut ensuite gouverneur de Lille, ambassadeur en Angleterre, chevalier de la Toison d’or ; Louis XI le nomma grand sénéchal de Bourgogne. En 1484, cette province l’envoya aux Etats-Généraux, où il prononça un discours resté célèbre par la hardiesse et la nouveauté de ses vues politiques. Son tombeau, un chef d’œuvre de la Renaissance, est conservé au musée du Louvre.
Philippe Pot, seigneur des Chézeaux, était chanoine de la Sainte-Chapelle et président au Parlement de Paris en 1515 ; il mourut en août 1528.
Jean Pot, seigneur de Rhodes et Mondon, fut une importante personnalité du règne d’Henri II. Le 3 octobre 1548, ce roi le nomma prévôt et grand maître des cérémonies de l’ordre de Saint-Michel ; Charles IX l’employa comme ambassadeur à Rome, à Londres et à Vienne. En 1563, il lui confia la mission délicate de faire exécuter l’édit de pacification dans les provinces de Touraine, d’Anjou et le Maine. Il mourut en 1571 et fut inhumé dans l’église de Mouhet où son épitaphe rappelle encore ses hautes situations.
Guillaume Pot, son fils, seigneur des mêmes lieux, était à vingt-trois ans, en 1562, écuyer tranchant et porte-cornette blanche du roi. En 1578, il fut nommé grand maître des cérémonies de l’ordre du Saint-Esprit. En 1585, Henri lit ayant créé la charge de grand maître des cérémonies de France, la donna par lettres patentes du 2 janvier 1585 à Guillaume Pot. Cette charge resta dans sa famille pendant un siècle.
Nous la trouvons possédée en 1597 par son fils Guillaume mort en 1615, lieutenant du roi en Berri. Elle passa ensuite au frère de ce dernier, François Pot.
Claude Pot, fils de François, fut, après son père, grand maître des cérémonies ; à sa mort, arrivée en 1642, cette charge passa à son frère Henri ; puis, en 1662, au fils de ce dernier, Charles Pot. Il en est parlé dans les Mémoires de Mme de Caylus, à propos de Mlle de Tonerre, fille d’honneur de la Dauphine : « M. de Rhodes, grand maître des cérémonies, encore plus fou qu’elle en ce temps-là, en devint amoureux et fit pour elle des extravagances si publiques qu’il la fit chasser de la cour. Quant à lui, on le mit à la Bastille, où il resta quelque temps. »
En 1684, il vendit sa charge de grand maître des cérémonies à Charles-Armand Colbert.