Les Lépreux de Lussac les Eglises.

LUSSAC LES EGLISES  (les Maladreries)

Chant des lépreux
ou
Billons* de la maladrerie de Lussac les Eglises

La chanson variait selon la saison et l’objet de la quête. Ils avaient des couplets pour le blé, le chanvre…

LES LADRES*
Laissez-lou passa,
Lou ladres, lou ladres
Laissez- lou passa,
Lous ladres de LussaIon, Ion, donnez-moi un petit brouillon de laine (bis)
Ion, Ion, donnez-m’en pt’ion (bis)
Si voulez pas m’en, douna (bis)
Fera creva touta votr’avoueilla (bis)
Si vous voulez  pas m’en douna,
La fera touta creva !
Traduction
Laissez-les passer
Les ladres, les ladres
Laissez-les passer
Les ladres de LussacIon,Ion, donnez-moi un petit brouillon de laine**
Ion, Ion ! Donnez-m’en un petit peu
Si vous ne voulez pas m’en donner
Je ferai crever toutes vos brebis
Si vous ne voulez pas m’en donner
Je les ferai toutes crever !

*     Les ladres (ou Billons) étaient des lépreux qui vivaient à la Maladrerie de Lussac les Eglises.
**   Brouillons de laine :  Une petite quantité de la toison de la brebis

Cette colonie de lépreux subsista jusqu’au 19ème siècle (vers 1850) transformée en colonie de mendiants comme plus particulièrement sous le nom de Billons.

Il semble que, dès le 17ème siècle, ceux qui les habitaient n’étaient plus des malades mais des simulateurs ; ils avaient, en effet, un intérêt primordial à conserver cette qualification de lépreux qui légitimait leur vie errante et mendiante, leur droit à la paresse. Depuis un acte de 1614, ils devaient porter sur eux une marque de drap bleu et y mettre les armes du seigneur du fief sous peine d’amende.

Globalement ils profitaient de la répulsion que la maladie de leurs ancêtres avaient provoquée chez les villageois pour vivre à leurs dépens. Ils étaient aussi considérés comme sorciers.

Les Ladres avaient érigé leur misère en profession et à partir de 1680, dans tous les actes publics ils prennent la qualité de mendiants et joueurs de violons, mendiants et journaliers, mendiants et tailleurs d’habits, mendiants et tisserands…  Ils indiquaient ainsi que l’été ils traînaient la besace sur la grande route et que l’hiver ils travaillaient quand leur butin était épuisé.

Les ladres partaient deux par deux à la belle saison, traînant derrière eux une somme (= une besace) pour rapporter leur récolte, car, en dehors de l’argent, tout était bon : blé, laine, chanvre, œufs. Ils allaient ainsi de village en village, l’un jouant du violon, l’autre dansant et chantant.

Lou ladres

    Devant eux, les portes se fermaient, car ils avaient la réputation de faire main basse sur tout ce qu’ils trouvaient et, en échange, de laisser la vermine !
Les portes se rouvraient par crainte du chantage et du mauvais sort. Le métier était excellent et ils admettaient comme proverbe que : besace bien trainade vaut mieux que quatre bœufs à la roue (=Une besace bien pleine vaut mieux que quatre bœufs pour produire des raves).

La Trigale

La Trigale, petit hameau au bord de la rivière, de l’Asse, était autrefois la résidence des Gardes, qui interdisaient l’entrée de Lussac aux Lépreux