Souterrain de Montbon

À l’extrémité du village de Monbon, derrière la maison du sieur Redon, est un petit jardin fort en pente, comme suspendu sur le rocher escarpé qui domine le moulin et la rivière de Benaize. Dans ce petit jardin et tout près de la maison, était une excavation dans le fond de laquelle une ouverture de 1m de haut sur 80 cm de large, et taillée en cintre, donnait entrée dans un souterrain qui s’étend sous la maison. En 1816, le propriétaire a comblé le trou et y a planté une treille qui marque sa place. Jusqu’à cette époque l’entrée était libre, et les enfants du village y entraient fort souvent, mais sans pénétrer bien profondément, effrayés qu’ils étaient par les récits de leurs parents, qui n’osaient pas y faire de recherches. Personne n’y est entré avec de la lumière ; mais, d’après les pierres qu’on y lançait, il ne devait pas avoir moins de 8 m de profondeur sur une largeur bien moindre ; la hauteur serait de 1,60 m, la voûte taillée en cintre dans le roc, qui est un schiste à couches verticales de natures diverses ; la roche dominante, quartzeuse et feldspathique, est très-dure et entremêlée de bancs de Brouette schisteuse à grains fins assez friables, et d’un autre schiste un peu micacé, d’une dureté intermédiaire entre les deux précédentes.
Il y a peu d’années, une petite ouverture s’étant faite dans la chambre et sous le lit de Redon, il y enfonça une petite perche à la profondeur de 3 m, et pensa qu’elle pénétrait dans le souterrain. Là se bornèrent toutes ses recherches ; il ferma l’ouverture et repava sa chambre.
Voici ce que rapporte la tradition qui effrayait tant les habitants de Montbon, et dont nous venons de parler. Ce souterrain était une cachette où les habitants s’étant retirés, furent découverts par les Sarrasins, qui, y étant entrés, les Massacrèrent tous, et les ossements des victimes sont encore dans la retraite; à une certaine profondeur, et à droite, il y aurait un autel. Tel est le rapport des habitants actuels ; mais aucun n’a rien vu ni visité avec une lumière. Cependant cette tradition, toute imparfaite qu’elle est, nous donnerait l’idée de la destination de ces cavités, qui devaient servir à se cacher ou à célébrer quelques mystères religieux.