Souterrain de Lavaupot : Les communs

C’est la partie du monument destinée à abriter le bétail et à conserver des réserves de grains et d’eau. Nous y examinerons successivement :
– L’entrée par plan incliné et l’étable.
– Les magasins de réserves alimentaires.
         1° En eau, avec la citerne.
         2° En grains, avec les Silos,
ainsi que les communications reliant d’une part ces diverses parties entre elles, d’autre part les communs avec les locaux d’habitation.

Entrée par plan incliné et Communs

Entrée par plan incliné et Communs

II  Entrée par plan incliné et Communs.
En haut         : Coupe schématique.
En bas           : Plan.
Au milieu      : Coupe du Silo et du Boyau cheminée.

D. Salle Foyer.
K. Entrée par plan et couloir.
L. Etable.
M. Citerne.
N. Silo.
P. Boyau cheminée.
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10. — Ouverture en gueule de four.
20. Traces de fermeture exté¬rieure.
21. Niche de luminaire.
22. Traces de fermeture intérieur.
23. Orifice du Boyau cheminée.
24. Trou d ‘écoulement de Citerne.
26. Marches basses.
27. Niche
28. Porte.

I ] Entrée par plan incliné et Étable.

1) Entrée par plan incliné et couloir (K)

Alors que les locaux d’habitations sont desservis par un puits de descente praticable uniquement pour des humains, on pénètre par contre dans les communs au moyen d’un couloir en plan incliné qui est, lui, praticable également pour les animaux.
Cette entrée par plan incliné débute par une tranchée à ciel ouvert qui, en une pente taillée dans le rocher s’enfonce progressivement dans le sol, où cette tranchée devient couloir souterrain lorsque son plancher est arrivé à 1,80m de profondeur.
Peu après subsistent des traces de fermeture (20). La galerie y a été modifiée avec un plan rectangulaire et des trous, destinés à des barres transversales, apparents sur les parois latérales, montrent que cette porte était close de l’extérieur.
Un peu plus bas, dans la paroi du Nord, une petite niche (niche à sommet cintré et à ouverture carrée, haute de 0,30m et large de 0,20m) (21) était vraisemblablement destinée à contenir un luminaire. Plus bas encore, d’autres traces de fermeture (22) révèlent l’existence d’une porte se fermant, celle-ci, de l’intérieur.
Nous avons ainsi, au début de ce couloir, une porte se fermant de l’extérieur, puis, plus bas une autre porte se fermant de l’intérieur. Ce dispositif nous avait laissé rêveurs, mais plus tard la comparai¬son avec certains souterrains africains encore habités, nous a donné la clef de ce mystère. Chez ces peuplades africaines, en effet, la descente par plan incliné sert exclusivement au bétail… et parfois aux femmes. On voit alors l’économie du système.
Le soir venu, le bétail descend dans son étable souterraine, et un gardien ferme derrière lui la porte intérieure (22) en glissant les traverses de fermeture. Les hommes de la tribu ferment ensuite, de l’extérieur, la porte supérieure (20), puis se retirent dans leur hutte. Le bétail et leur gardien ne peuvent plus sortir (non plus que les femmes, parquées dans l’habitation souterraine), puisque enfermées du dehors. Par contre, un voleur nocturne, de son côté, peut bien ouvrir la porte extérieure, mais se trouve arrêté par la seconde porte, close, celle-ci, de l’intérieur.
La porte extérieure fermée, les hommes, avons-nous dit, se retirent dans la hutte qui leur sert d’habitation particulière et qui coiffe et commande la descente par puits. Ainsi les deux entrées du souterrain sont entre leurs mains.
D’autre part, les deux parties du souterrain, servant de locaux d’habitation et de communs, peuvent au besoin communiquer souterrainement lorsque le feu n’est pas allumé dans la salle foyer au moyen du boyau (P) servant habituellement de tuyau de cheminée. Revenons à notre couloir (K) et poursuivons notre descente. Une fois franchie la porte (22) inférieure, ce couloir reçoit comme un affluent le boyau (P) (ce boyau dont le plancher, à la fourche (23) est à 0,25m au-dessus de celui du couloir mesure 1,05m de hauteur sur 0,50m de largeur, puis il descend pendant 3,50m en s’incurvant et en se rétrécissant, jusqu’à son extrémité (10) où il débouche dans la salle foyer par une gueule de four (10) de 0,40m de hauteur sur 0,37m de base, ouverture située à 1 m au-dessus du sol de cette salle). A 0,45m de cet embranchement, ce boyau présente dans sa paroi O, le trou d’écoulement (24) du silo (N), lequel trou se trouve à 0,56m au-dessus du plancher de ce boyau.
Après un parcours en ligne droite, le couloir (K) fait un brusque tournant à droite, tournant intéressant, car, ainsi que cela se produit toujours, dans ce cas, les individus ou les animaux empruntant le couloir se sont frottés sur la paroi qui est à la corde du tournant. Après un usage extrêmement prolongé, il en est résulté un creusement de la paroi rocheuse atteignant jusqu’à 12cm de profondeur.
La forme de ce creusement, la hauteur de sa partie maximale, située à 0,55m environ au-dessus du sol, faisaient supposer au premier abord qu’il avait été produit non par des hommes, mais par des animaux de taille moyenne. Des essais pratiques, opérés à plusieurs reprises, ont montré pertinemment qu’il s’agissait soit de moutons, soit de chèvres, mais plus vraisemblablement des premiers de ces animaux.
Vers ce tournant, le sol descend par une suite de marches basses et décrit un demi-cercle, pour pénétrer ensuite dans l’étable (L)
Mais avant d’en arriver là, il convient de signaler deux éléments intéressants :
D’abord, dans la paroi faisant face au tournant brusque présentant des traces d’usure, dont nous venons de parler, il débouche le petit trou d’écoulement (25) d’une citerne (M) dont il sera traité plus loin.
Ensuite, dans la paroi Nord du couloir, est creusée une niche (27) du genre de celles que l’on a parfois nommées « niches de sentinelles », excavation pouvant abriter exactement un homme, mais de petite taille (largeur, au 1/3 supérieur 0,44m, au 1/3 inférieur 0,50m. profondeur 0,25m ; hauteur 1,43m. Mesures qui supposent un individu ne dépassant guère, comme taille, 1,40m), et destinée tout simplement, selon nous, à permettre à un individu de se ranger pour laisser le passage soit à un autre individu, soit au troupeau. Cette niche ne serait ainsi qu’une sorte de « refuge » remplissant un rôle du même genre que celui des « refuges » de certains ponts médiévaux.
Le couloir pénètre enfin dans l’étable (L) par une porte (28) haute de 1,40m et large de 0,50m.

2) Étable (L)

Cette salle, que nous supposons avoir été une bergerie (On sait que le mouton  comme d’ailleurs la chèvre  était domestiqué à l’époque néolithique, on peut même se demander si la domestication des moutons n’aurait pas débuté au Mésolithique), est très dégradée et ne présente rien de bien particulier dans son état actuel. De forme irrégulière, elle mesure 4 m sur 3 et est haute, en son milieu, de 1,70m.
Comme elle est creusée à flanc de coteau, son plafond n’est surmonté que de 3 m de rocher.

II] Magasins de réserves alimentaires.

Ceux-ci se composent de réserves d’eau recueillies dans une citerne (M) et de réserves de grains contenues dans deux Silos (N. et O.).

1) Citerne (M)

Nous avons signalé, lors de la description du couloir (K), que celui-ci présentait dans une de ses parois le trou d’écoulement (25) d’une citerne (M). Celle ci s’ouvre en plein air, à flanc de coteau, en bas d’une gouttière naturelle, se trouvant ainsi dans une situation favorable pour recueillir les eaux de pluie.
Creusée entièrement dans un granit assez dur, la citerne a la forme d’un cylindre au fond légèrement arrondi (son diamètre varie de 1,80m à 1,94m. Sa profondeur est de 1,80m). Dans la paroi N.E. de cette cuve, et à 0,20m au-dessus du fond, est forée une petite ouverture ovoïde (ouverture haute de 0,15m et large de 0,06m. Elle se trouve, dans le couloir, à 1,15m au-dessus du plancher.) communiquant en (25) à travers une mince cloison de granit (épaisse seulement à cet endroit de 0,10m) avec ce couloir (K).
Elle devait servir de trou d’écoulement à la citerne et se bouchait vraisemblablement au moyen d’un morceau de bois jouant le rôle de douzil (bouchon).
Les habitants du souterrain, grâce à cette ingénieuse disposition, pouvaient se ravitailler en eau sans avoir à sortir de leur caverne.

2) Silos (N. et O.)

Deux silos servaient à contenir les réserves de grains de nos troglodytes ; le premier communiquant avec l’intérieur du souterrain, le second ne s’ouvrant qu’à la surface du sol.
a) Premier silo (N)
Ce Silo est taillé dans le rocher en forme de grand vase, ou, plus exactement, en forme d’œuf dont on aurait enlevé la calotte supérieure (ce silo mesure 1,70m de profondeur. Son diamètre est au fond, de 1,40m et, à mi-hauteur c’est-à-dire dans sa partie la plus large, de 1,60m). Cette excavation est recouverte d’une mince couche rocheuse (De 0,10 à 0,30m d’épaisseur), dans laquelle est ménagé un orifice circulaire, par où l’on pouvait verser de l’intérieur les provisions dans le silo et qui était ensuite recouvert d’une pierre plate formant couvercle.
Ce silo est muni, à 0,25 au-dessus du fond, d’un petit trou d’écoulement (24), ouverture communicant, à travers une mince épaisseur de rocher (de 0,10 à 0,15m) avec le boyau-cheminée (P), où il débouche à 0,36m au-dessus du plancher.
Ce trou d’écoulement se fermait à l’aide d’un obturateur quelconque, que l’habitant du souterrain n’avait qu’à retirer pour permettre la sortie du grain contenu dans le silo.
A l’intérieur de ce silo ont été trouvées des châtaignes presque fossilisées, ainsi que certains restes de grains difficiles à identifier de façon certaine, mais qui auraient pu être du millet.
b) Second silo (O)
Situé à peu de distance au N.O. de la citerne, ce silo, mal conservé, à la même forme et à peu près les mêmes dimensions que le premier, mais il est isolé et sans communication avec l’intérieur du souterrain. On y versait et puisait le grain par l’ouverture supérieure béante au ras du sol et ordinairement recouverte d’une pierre.